En mai, le taux d’inflation annuel en Turquie a grimpé à 75,5%, dépassant les attentes et marquant le sommet d’une crise du coût de la vie qui dure depuis longtemps, selon les données officielles publiées ce lundi.
Indicateurs économiques et réponses officielles
Les données montrent également que la croissance des prix mensuelle – la mesure préférée de la banque centrale – a accéléré à 3,4%, dépassant les prévisions moyennes des économistes.
Ce pic est en ligne avec le récent virage de la banque centrale vers des politiques économiques plus traditionnelles après la réélection du président Recep Tayyip Erdoğan l’année dernière.
Le ministre turc du Trésor et des Finances, Mehmet Şimşek, a déclaré sur le site X peu après la publication des données : “Le pire est derrière nous”.
Il a prédit que les baisses durables de l’inflation commenceraient en juin, ce qui pourrait réduire le taux “probablement en dessous de 50%” d’ici la fin du troisième trimestre.
Chiffres clés pour comprendre la situation
- Aliments et boissons non alcoolisées : Les prix dans cette catégorie ont augmenté de 70,1% sur une base annuelle en mai, contre 68,5% en avril.
- Indice des prix à la consommation de base : Hors éléments volatils tels que l’énergie et les aliments, cet indice annuel était de 75%, en légère baisse par rapport aux 75,8% d’avril.
- Services : L’inflation dans les services est restée élevée, avec des prix des restaurants et des hôtels en hausse de plus de 5,5% sur une base mensuelle.
Activité manufacturière
L’indicateur d’activité manufacturière turque, compilé par la Chambre d’Industrie d’Istanbul et Standard & Poor’s Global, est tombé en dessous du niveau de 50, signalant une contraction. Les coûts des intrants et les prix des produits ont augmenté à des taux beaucoup plus faibles en mai par rapport au mois précédent, suggérant des signes d’atténuation des pressions inflationnistes.
Politique monétaire et réactions du marché
La banque centrale a maintenu les coûts d’emprunt officiels lors des réunions récentes, mais a pris des mesures pour restreindre la croissance des prêts et retirer les liquidités excédentaires du marché afin de garantir des conditions financières strictes. En mars dernier, la banque a relevé son taux directeur à 50% après un resserrement cumulatif de plus de 40 points de pourcentage en moins d’un an.
Cependant, Bloomberg a indiqué que des déviations importantes par rapport aux prévisions d’inflation pourraient entraîner de nouvelles hausses des taux d’intérêt. L’agence a souligné les risques associés à des augmentations d’impôts potentielles et à une intensification des tensions au Moyen-Orient.
Sentiment des investisseurs
Les ajustements budgétaires prévus par le gouvernement, combinés au resserrement monétaire, joueront un rôle crucial dans la formation des tendances inflationnistes au cours des prochains mois. Malgré l’inflation élevée, la demande des investisseurs pour les actifs turcs a montré une résilience accrue.
En mai, les obligations libellées en livres turques ont attiré un montant record de 6,5 milliards de dollars de capitaux étrangers, et les actions turques ont augmenté de 30% en valeur en dollars cette année, se classant parmi les marchés boursiers les plus performants au monde.
Tuğfan Gümürt, directeur de la stratégie des marchés mondiaux chez BBVA à Londres, a affirmé à Bloomberg qu’une plus grande discipline budgétaire et la poursuite d’une politique monétaire stricte pourraient renforcer l’intérêt pour les obligations des gouvernements locaux, à condition qu’il y ait “une amélioration continue des prévisions d’inflation”.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires