Ah l’Afrique… Les hommes et femmes qui président à notre destinée ne s’en rappellent qu’à de très rares occasions, en général quand ça va très mal, comme c’est le cas actuellement. Le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a dégainé ce mardi 1er novembre un méga Plan pour conquérir les marchés très juteux du continent africain. Enfin, ce n’est pas à proprement parler un plan…
Le ministre a plutôt parlé “d’une étude approfondie et participative pour faire des Petites et moyennes entreprises tunisiennes de vraies multinationales“, taillées pour aller à l’assaut de la planète, rapporte une radio privée. Mais Samir Saïed commencera par l’Afrique, “un marché prometteur“…
D’abord l’Afrique ce n’est pas “un” marché mais des marchés, une myriade de marchés, une infinité de possibilités, tout un monde à découvrir pour la Tunisie. Demandez aux présidents turc et chinois ce qui les fait courir, ce qui fait que régulièrement ils lâchent tout pour parcourir le continent africain. Ils vous le diront… peut-être.
En tout cas eux ils n’en sont plus au stade du simple constat sur le caractère “prometteur” des marchés africains ou “d’une étude approfondie” pour savoir par où commencer et comment, ils agissent, engrangent, scellent des partenariats, parfois ils font même des visites de courtoisie pour repasser par la suite et signer des contrats. Mohammed VI, le roi du Maroc, ne fait que ça. Il lui arrive même de passer ses vacances là-bas, chez son ami Omar Bongo Ondimba du Gabon, pour ne citer que lui…
Que fait notre chef de l’Etat, Kais Saied, pendant ce temps ? Il tourne en rond, invective, vilipende, éructe, pourchasse des fantômes, se lance dans des combats d’arrière-garde qu’il perd souvent, agite des chimères sur des milliards prétendument volés que la Tunisie ne récupérera jamais… Bref, il se fatigue pour rien, il nous fatigue.
La dernière fois que le président de la République a envoyé son ministre des Affaires étrangères participer à la plus grande rencontre entre la Chine et l’Afrique, fin novembre 2021 à Dakar (au Sénégal), il est revenu les mains vides. Comment peut-on rencontrer autant de pays africains et leur “généreux” bailleur, Pékin et rentrer les mains vides ? Je pose la question à Othman Jerandi…
La dernière fois que Kais Saied a parlé de l’Afrique c’était en février 2022 à Bruxelles, lors du sommet du 6ème Sommet Union européenne – Union africaine. D’ailleurs il l’avait fait de fort belle manière, bon avec les excès langagiers qu’on lui connait mais on les lui pardonne volontiers. Ce qu’on ne lui pardonne pas c’est de n’avoir rien fait depuis pour explorer ce continent et en tirer des bénéfices, comme le font des leaders qui habitent à l’autre bout du monde.
On peut admettre qu’avant son accession à la magistrature suprême le président ne sache presque rien de ce qui se trouve en-dessous de l’Algérie, mais qu’il ne fasse rien avec les tous les moyens de la République à sa disposition et tous les pouvoirs entre ses mains, ça c’est inadmissible !
Alors OUI Monsieur le ministre de l’Economie vous avez parfaitement raison : Le marché tunisien est minuscule et son avenir est assurément dans son continent, l’Afrique ; les exportations tunisiennes vers les pays subsahariens pèsent à peine 1,6% ; il y a au moins 15 pays en Afrique qui peuvent être une vraie chance pour l’effort de relance de la Tunisie, au moins dans l’industrie pharmaceutique, les produits alimentaires, la technologie, le bâtiment et l’éducation…
Mille fois OUI Monsieur le ministre, on sait tout ça depuis belle lurette. Ce qu’on ne sait pas par contre c’est pourquoi Tunis n’a rien fait depuis toutes ces années pour surfer sur la vague, pourquoi on en est encore au stade de “l’étude approfondie“.
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