Economie

Le premier Sommet sino-arabe : une opportunité pour le monde arabe et la Tunisie ?

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Un sommet sino-arabe se tient aujourd’hui, vendredi 9 décembre à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite, avec comme objectif de baliser le chemin pour un partenariat entre le géant asiatique et le monde arabe.

Tout semble plaider en faveur de l’évolution des relations vers un tel partenariat. L’histoire récente témoigne, en effet, d’une progression continue des relations sino-arabes, la Chine s’imposant, à la faveur de ses percées économiques de ces dernières années, comme partenaire avec lequel les pays arabes peuvent asseoir une coopération mutuellement bénéfique.

Les pourparlers sur un accord de libre-échange entre le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et la Chine ont parcouru un chemin relativement long. Commencées dès 2004, elles ont été suspendues en 2009 et ont repris en 2016, pour s’arrêter à nouveau en 2017, lorsque les divisions internes du CCG ont abouti à la crise diplomatique avec le Qatar.

Echanges sino-arabes

Les exportations chinoises vers les pays arabes sont passées de 10 milliards de dollars en 1990 à 220 milliards en 2016. Mieux encore, 48 % des importations totales de pétrole consommées par la Chine proviennent du monde arabe. Aujourd’hui, les deux entités souhaitent faire du commerce chinois dans les pays arabes un nouveau levier de partenariat avec la possibilité d’investir 300 milliards, bien avant 2025.

Les pays arabes et la Chine entretiennent des relations fortes dans presque tous les domaines. Les dirigeants chinois sont à l’offensive dans le monde arabe. En témoigne d’ailleurs la signature de plus de 300 accords de partenariats commerciaux entre la Chine et les pays arabes depuis l’organisation du premier Forum sino-arabe en 2004.

Prix ​​du pétrole en yuan

Un débat sur les contrats pétroliers en yuan a parfois eu lieu au cours des six dernières années entre Pékin et Riyad, et le sommet pourrait fournir une plate-forme pour de nouvelles discussions ciblées.

Les efforts de la Chine pour internationaliser le yuan ont un partenaire potentiel : Riyad. Au fait, Pékin achète plus de 25 % des exportations de pétrole du royaume, et si ces transactions étaient libellées en yuan, le pétrole saoudien pourrait aider la monnaie chinoise à renforcer sa position en tant que monnaie mondiale.

Mais il est important d’avancer ce scénario avec prudence. Le dollar a longtemps été la monnaie par défaut du marché de l’énergie – l’Arabie saoudite l’utilise depuis 1974, à la suite d’un accord avec l’administration Nixon qui a créé la formule largement connue sous le nom d’accord “Pétrole contre sécurité”. Le riyal saoudien est indexé sur le dollar, ce qui signifie que toute faiblesse de la monnaie aurait également un impact sur Riyad.

Pékin est en mesure d’essayer d’internationaliser le yuan en offrant des incitations attractives au royaume à l’instar d’une éventuelle adhésion aux Brics. L’expansion des Brics – le regroupement des économies émergentes du monde, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – est encore un autre domaine où les objectifs du CCG sont clairement compatibles avec les intérêts de Pékin. 

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’ont pas tardé à exprimer leur intérêt à joindre ce club. Outre les discussions sur les ALE et les accords pétroliers en pétro-yuan, on pourrait également s’attendre à une discussion sur Brics Plus lors du sommet sino-arabe.

Les discussions sur un accord de libre-échange, les accords pétroliers potentiels en yuan, l’adhésion aux Brics Plus et la vaste coopération technologique sont des indicateurs forts de cette réalité.

Diversification des partenariats

Les domaines clés de ce processus de diversification sont le secteur maritime, avec la construction d’infrastructures portuaires, et le développement d’un secteur de haute technologie fort. L’initiative chinoise “la Ceinture et la Route”, avec ses opportunités infrastructurelles et technologiques, est bien placée pour aider le Golfe à guérir de sa « dépendance au pétrole ».

La technologie 5G chinoise est essentielle pour aider les Émiratis et les Saoudiens à développer leurs « ports intelligents » et à améliorer leur efficacité opérationnelle.

La Tunisie et la Chine 

La Tunisie, qui participe à ce sommet, a affirmé, à maintes reprises, la nécessité de renforcer la coopération économique et commerciale avec le géant asiatique, d’accélérer le rythme des investissements et d’intensifier les rencontres entre les acteurs économiques des deux pays.

Une palette de projets sont envisageables pouvant intéresser la Chine et la Tunisie  dans divers secteurs, tels que les infrastructures de connectivité : (câble de fibre optique Singapour – Marseille via Bizerte), le réseau énergétique : (connexion Gabès – Malte et Tabarka – Rome),  le réseau électrique : «Désertec» incluant le photovoltaique, et bien d’autres projets routiers, ferroviaires,  portuaires et  d’intégration de la Tunisie dans la chaîne globale d’approvisionnement et de production de valeurs dans les secteurs de l’énergie, de l’eau, de la santé, l’industrie pharmaceutique, de l’agriculture…

Rappelons que la Tunisie a importé en 2021, pour 6534 millions de dinars et exporté pour l’équivalent de 209 millions de dinars enregistrant, ainsi, un déficit 6325 millions de dinars.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek