La compagnie aérienne emblématique de la Tunisie se trouve à un tournant majeur de ses 75 ans d’existence.
Confrontée à une situation financière particulière et des défis de taille, des mesures sont à entreprendre par la Tunisair pour réaliser une métamorphose complète pour retrouver sa place dans le ciel méditerranéen.
Restructuration innovante avec le soutien de l’État
Le programme de sauvetage de Tunisair s’articule autour de plusieurs axes fondamentaux. En premier lieu, minimiser l’impact de la dette, qui atteint près de 2 milliards de dinars, exige une approche novatrice.
Au-delà de la simple renégociation des échéances, une stratégie financière innovante s’impose. La création d’une structure de défaisance pourrait absorber une partie des dettes, tandis qu’un plan d’optimisation fiscale permettrait de réduire la pression sur la trésorerie. On préconise également la cession d’actifs non stratégiques, comme certains biens immobiliers ou des participations minoritaires dans diverses filiales, estimées à plus de 100 millions de dinars.
Deuxièmement, l’État tunisien joue un rôle déterminant dans la survie de Tunisair. Malgré les difficultés financières, le gouvernement a réaffirmé son engagement à maintenir la compagnie sous contrôle public, refusant toute cession partielle ou totale. Cette position est cruciale pour garantir un soutien financier direct qui pourrait permettre à Tunisair de stabiliser ses opérations tout en poursuivant sa restructuration. Les promesses du ministre du Transport concernant un plan d’urgence pour améliorer les services et l’infrastructure sont également des signes encourageants pour l’avenir.
Troisièmement, pour reconquérir ses parts de marché, Tunisair doit repenser intégralement sa stratégie commerciale. L’analyse des données de marché révèle un potentiel inexploité sur les routes africaines, où les marges peuvent atteindre 30%.
Le développement d’alliances stratégiques avec des compagnies complémentaires et la mise en place d’un programme de fidélisation nouvelle génération stimuleraient les revenus auxiliaires. Une politique tarifaire dynamique, adaptée aux différents segments de clientèle, permettrait d’optimiser le taux de remplissage tout en préservant la rentabilité.
Une mutation culturelle et managériale à entamer
La transformation organisationnelle nécessite une refonte profonde de la culture d’entreprise. L’introduction d’un système de management par objectifs, couplé à une politique de rémunération incitative, motiverait les équipes tout en améliorant la productivité.
La création d’une académie interne de formation continue garantirait l’adaptation permanente des compétences aux standards internationaux. Le déploiement d’un programme de mobilité interne faciliterait la réaffectation des ressources vers les activités à forte valeur ajoutée.
Le redressement de Tunisair représente un projet national qui transcende les enjeux purement commerciaux. La réussite de cette transformation démontrerait la capacité de la Tunisie à moderniser ses institutions historiques tout en préservant leur caractère stratégique. L’engagement coordonné de l’État, du management et des partenaires sociaux, soutenu par une vision claire et des moyens adaptés, permettrait non seulement de sauver ce patrimoine national mais aussi de le propulser vers un avenir prometteur dans le transport aérien international.
La mobilisation de toutes les forces vives de l’entreprise, associée à un soutien sans faille des autorités et à une exécution rigoureuse du plan de transformation, constituent les clés de cette renaissance attendue. L’histoire de Tunisair est loin d’être terminée ; elle entre dans un nouveau chapitre qui pourrait bien être celui de sa plus grande réussite.
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