Les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Allemagne prennent une nouvelle dimension avec la récente élection de Donald Trump, annonçant une vague de politiques protectionnistes.
Joachim Nagel, président de la Banque centrale allemande, a exprimé son inquiétude quant aux conséquences d’éventuelles nouvelles taxes américaines. Il a déclaré que ces mesures pourraient entraîner une perte de 1 % du produit intérieur brut (PIB) allemand, un impact “très douloureux” pour une économie qui peine déjà à croître.
La menace des tarifs douaniers de Trump
Dans une interview accordée au journal Die Zeit, Joachim Nagel a averti qu’une mise en œuvre des tarifs annoncés par Trump pourrait plonger l’économie allemande “en territoire négatif”. Alors que la croissance en Allemagne reste quasi nulle, avec une projection de moins de 1 % pour l’année prochaine, ces nouvelles taxes américaines de 20 % sur les importations, et de 60 % sur les produits chinois, pourraient sérieusement détériorer les perspectives économiques.
Ce retour au protectionnisme rappelle le tristement célèbre Smoot-Hawley Act des années 1930. En pleine Grande Dépression, les États-Unis avaient augmenté les taxes sur les importations pour soutenir leurs industries locales. Cependant, au lieu de stimuler l’économie nationale, cette loi a précipité un effondrement du commerce mondial, les partenaires commerciaux ayant répliqué par des mesures similaires. Cette crise historique est souvent évoquée pour illustrer les dangers du protectionnisme économique.
Une crainte partagée par l’Europe
Face à cette situation, les dirigeants économiques européens se montrent tout aussi préoccupés. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque centrale de France, a exprimé ses craintes sur les impacts potentiels pour l’économie mondiale.
“Les résultats de l’élection américaine posent des risques pour la croissance mondiale”, a-t-il déclaré sur France Inter. Olli Rehn, gouverneur de la Banque centrale de Finlande, a lui aussi estimé que les effets des tarifs américains pourraient se faire sentir à moyen et long terme, créant un climat d’incertitude en Europe.
L’Allemagne dans la tourmente économique
Déjà affaiblie par la faiblesse de la demande mondiale et la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, l’Allemagne fait face à une série de défis. En 2024, le pays pourrait connaître une deuxième année de récession. Le secteur industriel allemand, traditionnellement orienté vers les exportations, souffre particulièrement de cette situation. Les coûts de l’énergie et la baisse de la demande mondiale mettent une pression sans précédent sur l’économie allemande.
En outre, la situation politique en Allemagne reste incertaine, alors que le pays se dirige vers des élections anticipées prévues pour le 23 février. Bien que Joachim Nagel n’ait pas commenté la situation politique, il a souligné la “nécessité d’actions urgentes” pour stabiliser l’économie.
Une politique monétaire prudente face aux pressions inflationnistes
Joachim Nagel a également abordé la politique monétaire, défendant les actions de la Banque centrale européenne face aux critiques concernant un rythme jugé lent dans la baisse des taux d’intérêt. Selon lui, les pressions inflationnistes, notamment dues à l’augmentation des salaires dans le secteur des services, persistent. “Les pressions sur les prix sont encore notables, mais elles sont partiellement compensées par la baisse des prix de l’énergie”, a-t-il précisé.
Alors que les économies européennes se préparent aux répercussions potentielles de la politique protectionniste américaine, la situation appelle à une vigilance accrue et à des décisions stratégiques pour préserver la stabilité économique du continent.
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