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Le sauvetage des TPME tunisiennes passe par les banques (1/3)

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Plusieurs études et notes d’analyses avancent que l’esquisse de solutions pour sauver les entreprises et notamment les très petites et petites et moyennes entreprises (TPME), qui se trouvent aujourd’hui menacées dans leur pérennité d’exploitation, est un exercice compliqué.

Toutefois, les chefs d’entreprises ne cessent d’évoquer la difficulté de payer les salaires des deux prochains mois.

Des experts pensent que la solution pour assurer le sauvetage des TPME ne peut pas être assumée exclusivement par le gouvernement mais aussi par les banques et les établissements financiers et ce, à la faveur d’un changement rapide et urgent de leur modèle d’affaire en ce qui concerne la gestion du risque des crédits des entreprises en question.

Deux propositions sont possibles:

–      La première est le déclassement des créances de la 1 ère et 2 ème classe des entreprises à savoir respectivement les créances nécessitant un suivi particulier et les créances incertaines.

Cette étape est cruciale pour dégivrer la situation des crédits d’une partie importante des entreprises. Rappelons que l’encours des crédits aux entreprises et professionnels recensés par la Banque centrale de Tunisie (BCT) fin décembre 2019 s’élève à 68118.37 millions de dinars.

Il est à indiquer aussi que la classification des risques adoptée par les banques se fait en vertu d’une circulaire de la BCT datant de décembre 1991. Plusieurs instances financiers internationales réclament constamment la révision des dispositions de cette circulaire, l’une des plus anciennes dans le domaine bancaire ;

–      La deuxième proposition est la consolidation et le rééchelonnement des créances déclassées selon des conditions particulières dans le sens où elles ne créent pas une nouvelle pression bancaire sur les créanciers pour assurer la continuité des règlements des crédits, d’une part et afin de restructurer les schémas financiers des entreprises fortement biaisés et impactés par la crise, d’autre part ;

Selon le rapport annuel de la BCT de l’année 2018 publié en juin 2019, l’encours des créances professionnelles impayées ou en contentieux s’est accéléré en passant de 7.919 millions de dinars en 2017 à 8.878 millions de dinars en 2018, soit une progression de 12.1%. Ainsi, le taux des créances impayées ou en contentieux a progressé de 13.4% en 2017 à 13.7% en 2018 contre un accroissement des crédits aux professionnels de 14.6 et 10.2% d’une année à l’autre.

La situation sera certes beaucoup plus grave au cours des prochains mois au risque de compromettre d’une manière sévère tous les équilibres des banques et des établissements financiers et ce, parallèlement à la survenance fort probable de l’incapacité de celles-ci à préserver les dépôts des clients (70.515 millions de dinars) en l’occurrence les dépôts d’épargne et les comptes à terme en l’absence d’une solution rapide permettant de sauver les paramètres cruciaux du système monétaire dans son ensemble.

De ce fait, il est clair que les problèmes financiers actuels des entreprises et les TPME en particulier, risquent de noyer toute l’économie de la Tunisie qui est une économie de crédit par excellence basée sur les garanties dont le taux dépasse 180% de l’encours des crédits.

Le report du paiement des crédits des particuliers ne peut qu’accroître les pressions inflationnistes et altérer la capacité du système bancaire à financer l’économie, aggravant ainsi le déséquilibre naissant de la sphère socio-économique.

(A suivre).

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek