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Le Sauvetage des TPME tunisiennes passe par les banques (2/3)

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Face au resserrement du crédit bancaire, la majorité des TPME, ont de plus en plus recours notamment ces dernières années, à des financements excessivement onéreux auprès des établissements financiers et surtout auprès des sociétés de leasing qui sont dans leur majorité des filiales directes ou indirectes des banques. Les entreprises sont donc endettées vis-à-vis des groupes bancaires, par rapport à toutes leurs composantes.

L’avantage pour les groupes bancaires est double :

–      La réalisation d’une marge d’intermédiation conséquente (2260 millions de dinars en moyenne annuelle) au titre des différents crédits octroyés aux entreprises largement dépendantes de ceux-ci ;

–      La réalisation de profit sans contrainte pesante pour les opérations de leasing vu que le ministère des Finances impose pour les crédits bancaires des taux-plafond au niveau des différentes catégories de financements largement inférieurs aux taux du leasing. Ces taux sont dénommés « taux effectifs globaux -TEG ».

Les TEG atteignent actuellement un niveau record jamais enregistré depuis plusieurs années. Pour rappel, ce taux était de 13.81% pour les découverts matérialisés ou non par des effets et de 15.54% pour le leasing mobilier et immobilier au titre du premier semestre 2011.

Il faut remonter à la période 2000-2005 pour retrouver ces niveaux de TEG excessifs supérieurs à 15%. Ces taux élevés ne sont quand même pas généralement respectés par les banques et les sociétés de leasing au vu du poids des frais des commissions et des marges de taux qui ne cessent de s’accroître. Les découverts sont fréquemment facturés à des taux effectifs de 16 à 17%. On est là clairement dans une situation d’usure.

Pour les clients qui ont des impayés et dont on rééchelonne le règlement du crédit, ils supportent une pression bancaire très forte. Souvent des clients payent plusieurs fois leurs crédits initiaux.

L’exploitation de l’asymétrie de la relation avec les TPME par les banques est flagrante. La logique de croissance qui constitue le socle principal du modèle d’affaire des banques est à revoir.

Rappelons que les banques et les sociétés de leasing ont profité à fond de la hausse des taux des crédits décrétée par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) depuis 2017 (+3%) dans le cadre de son application d’une politique restrictive.

Fin 2019 et compte tenu d’une croissance du produit net des banques (PNB) de 13.4% et face à une évolution des charges salariale de 6.3% à 1415 millions de dinars et des charges générales d’exploitation de 12.1%, le résultat avant impôts et avant charges de dépréciation des actifs (RAIPA) des établissements de crédit ressort à 2.93 milliards de dinars, contre 2.49 milliards en 2018.

Le produit net annuel moyen des sociétés de leasing est de l’ordre de 180 millions de dinars.

Sur un autre plan et bien que le droit au compte soit un droit universel, l’exclusion bancaire touche de larges franges de la population.

Le phénomène de l’exclusion bancaire et financière en Tunisie est un fléau qui ne revient pas uniquement aux pratiques « sélectives » mais aussi à la conception globale du mode de développement économique et de financement considéré par plusieurs observateurs comme étant stigmatisant et discriminatoire.

Et pour cause, le conseil des analyses économiques, a évoqué dans un document qu’il a publié en novembre 2019 sur « La stratégie nationale de l’inclusion financière, Tunisie 2018-2020 » que, selon des études internationales, il apparaît que la proportion d’adultes de plus de 15 ans ayant un compte dans une institution formelle en Tunisie est de 27.3%, contre 29% dans le monde arabe (la Tunisie occupe donc la 12ème place de ce groupe) et 57% dans le groupe des pays à revenu intermédiaire, auquel la Tunisie appartient.

La quête frénétique de profit et la logique rentière du système bancaire et financier, voire même en ce qui concerne la micro-finance, qui fait des ravages en Tunisie doit être revue par rapport à des alternatives plus adaptées à la situation des entreprises.

(A suivre).

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek