Société

Le scénario libanais est-il envisageable en Tunisie ?

Le scénario libanais est-il envisageable en Tunisie ?

Le Chef du gouvernement libanais, Hassan Diab, a annoncé samedi 10 mars courant, que le pays ne serait pas en mesure de rembourser une partie de sa dette arrivant à échéance, faisant état du premier défaut de paiement de l’histoire du Liban.

Enseveli dans une dette publique de 92 milliards de dollars soit 170% de son produit intérieur brut (PIB), le pays du cèdre va, selon le Chef du gouvernement, envisager le rééchelonnement de sa dette extérieure.

Sur un plan typiquement conceptuel, plusieurs pays dans le monde peuvent vivre un scénario pareil. D’ailleurs, plusieurs ont, à maintes occasions, déclaré leur incapacité à honorer leurs engagements vis à vis des bailleurs de fonds internationaux et de leurs créanciers extérieurs.

Il est tout de même intéressant de faire une lecture de la situation de la dette extérieure tunisienne en se référant aux sources officielles pour analyser les limites qui permettent d’éviter toute situation de pression en matière de la gestion de la dette tunisienne et le remboursement de ses échéances particulièrement extérieures.

Néanmoins, rappelons que M. Ridha Chalghoum, ex-ministre des finances, a déclaré le 16 janvier 2020 à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), que le ratio de la dette publique a baissé pour la première fois en Tunisie entre 2018 et 2019 de 5 points. Selon lui, le taux serait descendu de 77.9% en 2018 à 72.7% en 2019.

Certains économistes, ont précisé que l’approche de M. Chalghoum serait « biaisée » vu qu’il a parlé de la baisse du ratio de la dette publique en pourcentage du PIB 2019 et non pas de la dette elle-même. D’après les experts, pour avancer ce ratio, il faudrait d’abord connaître le chiffre du PIB à la fin de cette année, ce qui n’a pas encore été publié par l’Institut national des statistiques (INS).

Toujours est-il, il est à signaler que depuis 2011, la Tunisie n’a cessé de subir d’innombrables pressions économiques et sociales. Le climat social a mis les différents gouvernements face à une situation inextricable. Comment faire face aux protestations avec très peu de moyens ? La solution la plus facile est de recourir à l’endettement.

Une telle démarche n’est pas sans conséquence, car la dette publique tunisienne a atteint un niveau élevé. Si le contexte des années 2011-2019 en est en partie responsable, cet endettement était la solution la plus facile pour donner des bouffées d’oxygène à l’économie.

D’après les estimations du ministère des Finances, la dette publique devrait culminer à 74% du PIB en 2020. Cette hausse spectaculaire de la dette est le fruit essentiellement de la dette extérieure qui galope annuellement.

En effet, les besoins de financement sont de près de 11% du PIB en 2020. Sous cet angle, la Tunisie peut être considérée, parfaitement, comme une zone à haut risque en matière de soutenabilité de la dette publique selon les analyses de plusieurs maisons de notation.

Les indicateurs publiés par l’INS font état d’une baisse du chômage, d’une régression soutenue de la pauvreté et de la maîtrise du déficit budgétaire et du secteur extérieur.

Tous les officiels n’ont cessé de rappeler que la dette est un mal nécessaire et appellent les tunisiens à plus de sacrifices pour réussir une transition démocratique qui s’éternise…

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