L’État d’Israël, souvent entouré de tensions régionales, demeure l’un des rares pays à ne jamais avoir officiellement reconnu son statut de puissance nucléaire.
Pourtant, selon les estimations de plusieurs instituts internationaux, Israël disposerait aujourd’hui de 80 à 100 ogives nucléaires. Derrière cette capacité militaire discrète, un acteur historique se distingue : la France.
Une alliance stratégique née de la crise de Suez
Au milieu des années 1950, les intérêts de la France et d’Israël convergent face à un adversaire commun : l’Égypte du président Gamal Abdel Nasser. La nationalisation du canal de Suez par Le Caire en 1956 pousse Paris, Londres et Tel-Aviv à mener une opération militaire conjointe. Ce rapprochement politique jette les bases d’une coopération technologique secrète.
Dès 1957, un accord est signé : la France fournit à Israël un réacteur nucléaire, dit « Dimona », ainsi que les infrastructures associées dans le désert du Néguev. En parallèle, des ingénieurs français participent activement à la construction d’une usine de retraitement du plutonium, étape clé pour la fabrication d’armes nucléaires.
Une aide technique à grande échelle
La France va au-delà du simple transfert de technologie. Elle livre également du matériel fissile, fournit des formations à des scientifiques israéliens, et assure un soutien logistique à long terme. Cette coopération, tenue secrète pendant plusieurs années, permet à Israël de développer son programme militaire sous couvert d’un programme civil.
À cette époque, le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) n’est pas encore entré en vigueur (il ne le sera qu’en 1970), ce qui facilite juridiquement ce type de collaboration discrète.
Les États-Unis ferment les yeux
Si Washington n’a pas été directement impliqué dans le développement de l’arsenal nucléaire israélien, les États-Unis ont longtemps adopté une posture ambiguë. La CIA soupçonne Israël dès les années 1960 de posséder des armes nucléaires, mais l’administration américaine choisit de ne pas confronter publiquement Tel-Aviv.
Cette attitude s’explique par la volonté américaine de maintenir un équilibre régional en faveur d’Israël, tout en évitant une escalade ou une course aux armements dans un Moyen-Orient déjà instable.
Un arsenal dans l’ombre
Aujourd’hui encore, Israël maintient une doctrine de « flou stratégique », ne confirmant ni ne niant sa possession d’armes nucléaires. Ce positionnement lui permet de bénéficier de la dissuasion nucléaire sans subir les pressions diplomatiques liées à la prolifération.
Selon des rapports du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) et d’autres centres de recherche, Israël disposerait de 80 à 100 ogives nucléaires et aurait les capacités de les lancer depuis des missiles balistiques, des sous-marins ou des avions.
Analyse : un précédent lourd de conséquences
La coopération nucléaire entre la France et Israël représente un précédent historique en matière de prolifération technologique sous-marine. Elle soulève encore aujourd’hui des interrogations sur la responsabilité des puissances occidentales, et principalement la France, dans la militarisation nucléaire de certaines régions sensibles.
Sur le plan maghrébin et arabe, cet épisode historique rappelle à quel point la géopolitique nucléaire est asymétrique. Tandis que certains pays sont lourdement sanctionnés pour des ambitions nucléaires civiles (comme l’Iran), d’autres bénéficient d’une tolérance implicite et d’une aide secrète.
La dissuasion n’est plus seulement une affaire militaire, mais un enjeu de souveraineté énergétique, de diplomatie scientifique et de stabilité régionale.
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