“Ce qu’on l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrive aisément“. Cette réflexion signée Nicolas Boileau colle parfaitement à l’imbroglio de la Loi de finances 2023. Personne n’est capable de nous dire ce que contient ce texte et ses véritables intentions, une anormalité suprême vu qu’il engage, tout de même, le devenir de tout un pays. Savoir à quelle sauce nous serons mangés en 2023 est notre droit le plus élémentaire et un devoir de la part de ceux qui gouvernent. Ce qu’on sait, aux dernières nouvelles – mais par les temps qui courent on ne sait jamais -, c’est qu’on a maintenant une Loi de finances. C’est déjà ça !
Ce texte nous a fait passer par tous les états d’âme et psychodrames. On en avait un le 20 décembre 2022, le jour d’après on n’en avait plus puisque retoqué, disait-on, par celui qui décide de tout depuis le 25 juillet 2021, Kais Saied. On en a un de nouveau. Il faut avoir le coeur bien accroché en Tunisie en ce moment. Mais au-delà de ces considérations, hélas presque anecdotiques au regard de tout le reste, tirons les enseignements du peu que nous savons et qui a été lâché çà et là par la ministre des Finances, le FMI, l’UGTT, les avocats, les experts comptables, etc.
Cette Loi de finances, quelles que soient ses orientations finales, ne fera que des mécontents. En effet si on s’en tient aux confidences de la ministre des Finances le tour de vis fiscal fera grincer beaucoup de dents, de toutes parts. Les avocats et les médecins ont déjà averti : Ce sont les clients et patients qui endosseront la montée de la TVA que leur prépare Sihem Nemsia. Au moins nous sommes prévenus…
Si on s’en tient aux bruits lâchés par le FMI, sur la privatisation surtout, l’UGTT a de bonnes raisons de mettre ses habits de guerre, ce que d’ailleurs elle a commencé à faire. La centrale syndicale n’aurait rien contre la traque du secteur parallèle – l’UTICA également – pour lui faire payer sa part de taxes au lieu de ponctionner toujours les mêmes, mais toucher les entreprises publiques c’est plus que ne peuvent supporter Noureddine Taboubi et compagnie. Pourtant certaines privatisations feraient un bien fou aux canards boiteux du public et à l’économie nationale. Mais passons.
Et si tout ça plus la levée des subventions et les réformes avec lesquelles on nous terrorise depuis des mois n’est pas dans la Loi de finance 2023 les citoyens, l’UGTT, l’UTICA voire même le président de la République seront peut-être contents mais pas le FMI. Et si le principal bailleur n’est pas content non seulement il ferme son robinet mais tous les autres. Ce n’est pas pour rien que la France insiste pour que l’exécutif tunisien reprenne langue au plus vite avec Washington…
Bref, on pourrait étirer à l’infini le fil. Tout cela pour dire que cette Loi de finances, sans doute le secret le mieux gardé de la Troisième République de Kais Saied, est littéralement kafkaïenne, quel que soit le bout par lequel on la prend. A moins que quelqu’un quelque part prenne le risque de l’éventrer et de nous dire ce qu’il y a dans ce texte, les artisans de ce document ont encore quelques jours pour profiter d’une accalmie qu’ils regretteront beaucoup quand l’omerta sautera.
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