Le secteur bancaire tunisien aborde le 2e semestre de l’année 2024 avec un mélange de prudence et d’optimisme mesuré.
La conjoncture économique et les défis structurels dessinent un paysage complexe pour les institutions financières du pays.
Un poids considérable
Le système bancaire tunisien, fort de ses 24 banques dont 21 résidents, occupe une place prépondérante dans l’économie du pays. Avec le contrôle de 90,1% des actifs, 92,2% des crédits et 95,6% des dépôts, son importance systémique est indéniable. Cependant, cette position dominante s’accompagne d’une responsabilité accrue face aux turbulences économiques actuelles.
La croissance économique tunisienne, estimée à un modeste 0,2% au premier trimestre 2024, témoigne d’une reprise fragile. Le déficit courant, projeté à 4,4% du PIB, et les besoins de financement de l’État dépassant 17% du PIB, exercent une pression considérable sur le secteur bancaire.
L’année 2024 s’annonce particulièrement exigeante en termes de besoins de financement. Les prévisions budgétaires de l’État tunisien font état d’une augmentation significative de 20% des besoins nets de financement, qui devraient atteindre environ 28,7 milliards de dinars. Cette situation pourrait mettre à l’épreuve la capacité du secteur bancaire à fournir les liquidités nécessaires à l’économie.
Cependant, Fitch Ratings apporte une note d’optimisme en soulignant que le secteur bancaire tunisien semble en mesure de répondre à ces besoins accrus. Cette confiance s’appuie notamment sur une croissance solide des dépôts bancaires, qui devrait permettre aux banques de maintenir leur rôle de soutien à l’économie nationale.
Les défis du 2ème semestre 2024
Les stress-tests financiers récents ont mis en lumière des disparités significatives au sein du secteur. Si certaines institutions comme la Banque de Tunisie présentent une robustesse rassurante, d’autres, à l’instar de l’ATB, nécessitent des mesures de recapitalisation urgentes. Cette hétérogénéité souligne la nécessité d’une approche différenciée dans la supervision et le soutien aux différentes entités du secteur.
Le secteur bancaire tunisien fait face à des défis majeurs pour le deuxième semestre 2024, exigeant une adaptation rapide. La gestion de la liquidité devient cruciale dans un contexte de pressions croissantes. Les institutions financières devront optimiser leur gestion active-passif et diversifier leurs sources de financement pour maintenir une position de liquidité solide.
Parallèlement, la gestion des risques prend une importance accrue face aux incertitudes économiques et politiques. Les banques tunisiennes seront amenées à affiner leurs modèles de risque pour anticiper d’éventuelles dégradations de la qualité des actifs.
L’optimisme est de mise
Malgré ces problèmes, le deuxième semestre 2024 pourrait offrir des opportunités de consolidation et de croissance pour le secteur bancaire tunisien. Les banques les plus agiles, capables d’innover tout en maîtrisant leurs risques, seront les mieux positionnées pour tirer leur épingle du jeu.
Le secteur bancaire tunisien aborde le deuxième semestre 2024 avec un mélange de prudence et de détermination. Face à des défis économiques et opérationnels considérables, les institutions financières devront faire preuve d’agilité et d’innovation.
La capacité du secteur à naviguer dans ces eaux tumultueuses sera déterminante non seulement pour sa propre santé, mais aussi pour la stabilité économique de la Tunisie dans son ensemble. L’équilibre entre prudence et audace dans la gestion des risques et l’innovation sera la clé du succès dans cette période charnière.
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