Economie

Le secteur financier islamique atteint près de 3,9 milliards de dollars en 2024, Les détails …

Le secteur financier islamique mondial continue son ascension et franchit un nouveau seuil significatif. Lors du 23e Forum de la stabilité financière islamique, qui s’est tenu jeudi 4 juillet 2024 à Rabat sous l’égide du Conseil des services financiers islamiques (IFSB) et de Bank Al-Maghrib, plusieurs intervenants ont dressé un tableau contrasté d’un secteur en pleine croissance mais confronté à des défis structurels majeurs.

D’après Ghiyath Shabsigh, secrétaire général de l’IFSB, la taille du secteur a atteint 3,88 milliards de dollars américains en 2024, soit une progression annuelle de 14,9 %, avec un développement remarquable dans de nouveaux marchés, notamment en Afrique et en Asie centrale.

Une confiance accrue dans le modèle islamique

Selon Shabsigh, cette croissance soutenue témoigne de la montée en puissance de la finance islamique comme réponse aux besoins économiques réels. Elle s’appuie sur des principes éthiques et de partage du risque qui séduisent un nombre croissant de pays, au-delà des marchés traditionnels.

Toutefois, il a mis en garde contre l’euphorie : « Le développement rapide du secteur ne doit pas masquer ses vulnérabilités internes », a-t-il affirmé. Parmi les fragilités évoquées :

  • Des disparités régionales dans le niveau de développement du secteur ;

  • Des cadres réglementaires encore inégaux d’un pays à l’autre ;

  • Un manque d’infrastructures de marché adaptées ;

  • Une offre d’investissement encore limitée ;

  • Et une faible intégration avec les dispositifs de sécurité financière internationaux.

Un contexte géopolitique incertain

Le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a pour sa part souligné l’impact négatif des tensions géopolitiques, en particulier au Moyen-Orient. Il a cité la guerre Israël-Iran, le conflit russo-ukrainien, et les tensions commerciales mondiales comme autant de facteurs d’instabilité qui affectent la performance du secteur financier islamique.

Jouahri a rappelé que la région du Moyen-Orient détient une part significative des actifs financiers islamiques mondiaux, ce qui rend le secteur particulièrement sensible à toute évolution dans cette zone. « Chaque développement, qu’il soit positif ou négatif, a une répercussion directe sur le marché mondial », a-t-il déclaré.

Une intégration croissante dans le système financier global

Malgré les incertitudes, les deux responsables ont insisté sur le fait que la finance islamique est aujourd’hui solidement ancrée dans l’architecture financière internationale. Les institutions islamiques sont de plus en plus intégrées dans les flux financiers mondiaux, et participent aux débats sur la stabilité monétaire, la régulation et la résilience économique.

Le forum de Rabat a ainsi constitué une tribune importante pour réaffirmer la nécessité de renforcer la gouvernance, l’harmonisation réglementaire, et l’innovation financière, afin de consolider les acquis du secteur et préparer sa prochaine phase de développement.

Ainsi, avec près de 3,9 milliards de dollars d’actifs en 2024, la finance islamique confirme son rôle croissant dans l’économie mondiale.

Mais pour pérenniser cette dynamique, les experts appellent à une réponse collective face aux fragilités structurelles et aux pressions géopolitiques.

Le forum de Rabat rappelle ainsi que la croissance ne suffit pas : elle doit s’accompagner d’une stratégie de stabilisation, d’intégration et d’innovation pour garantir un avenir durable à ce modèle alternatif.

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