L’Allemagne, première puissance économique européenne, fait face à une crise économique profonde accentuée par des prévisions inquiétantes.
L’élection de Donald Trump, avec son programme de barrières commerciales protectionnistes, représente une menace supplémentaire pour un pays déjà affaibli par des défis structurels et conjoncturels.
Des prévisions de croissance en chute libre
Selon Consensus Economics, la croissance économique allemande prévue pour 2025 a été révisée à la baisse, passant de 1,2 % à seulement 0,6 %. Cette baisse est la plus importante parmi les grandes économies industrialisées. Pour 2024, le PIB allemand devrait même reculer de 0,1 %, une révision à la baisse par rapport à une estimation antérieure de 0,3 % de croissance.
Les analystes attribuent cette situation à une conjoncture mondiale morose, aggravée par des incertitudes liées au programme économique de Donald Trump. Les entreprises allemandes retardent leurs investissements face aux risques commerciaux imminents. Par ailleurs, l’instabilité politique interne, marquée par l’effondrement du gouvernement de coalition et des élections anticipées prévues en février 2025, renforce cette incertitude.
Les barrières commerciales, une menace directe
Les relations commerciales entre l’Allemagne et les États-Unis sont cruciales. En 2023, les exportations allemandes vers les États-Unis ont représenté 10 % du total, un record en deux décennies. Cependant, les plans de Trump, incluant une taxe de 20 % sur les importations non chinoises, pourraient réduire les exportations allemandes vers les États-Unis de 15 %, selon l’institut Ifo de Munich.
Une telle mesure pourrait réduire le PIB allemand de 1 %, selon Joachim Nagel, président de la Bundesbank.
L’automobile et la pharmacie en ligne de mire
Les secteurs de l’automobile et de la pharmacie, deux piliers de l’industrie allemande, sont particulièrement exposés. Les États-Unis représentent 13 % des exportations automobiles allemandes et 22 % de ses exportations pharmaceutiques. Une guerre commerciale totale entraînerait une chute de 30 % des ventes dans ces secteurs.
La concurrence accrue des produits chinois sur le marché européen, due à un détournement des exportations chinoises vers l’Europe en réponse aux barrières américaines, aggraverait la situation. Cela risque d’affaiblir encore davantage l’industrie manufacturière allemande, déjà en recul de 10 % par rapport à ses niveaux pré-pandémie.
Une lueur d’espoir ?
Certaines politiques de Trump pourraient néanmoins atténuer l’impact négatif sur l’Allemagne. Une stimulation de l’économie américaine grâce à des réductions fiscales pourrait augmenter la demande pour les produits allemands.
Par ailleurs, un dollar fort par rapport à l’euro rendrait les exportations allemandes plus compétitives.
Une position fragile
Avec des défis internes tels que la digitalisation lente, une population vieillissante et un système réglementaire rigide, combinés aux tensions géopolitiques croissantes, l’Allemagne est en position délicate.
La question reste de savoir si elle pourra surmonter cette période d’instabilité et redéfinir ses priorités économiques face à un contexte international de plus en plus incertain.
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