Economie

Les Banques enregistrent des bénéfices en hausse, mais les risques de liquidité et de solvabilité augmentent (Fitch)

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La rentabilité élevée des banques tunisiennes au premier semestre 2023 (1S23) cache leurs risques croissants de liquidité et de solvabilité, selon une note de Fitch Ratings, parue lundi 6 novembre 2023. 

L’agence considère que le gouvernement de plus en plus dépendant des banques pour subvenir à ses importants besoins de financement, ce qui pourrait affaiblir la liquidité des banques et accroître leurs risques de solvabilité. Elle note également que le rendement annualisé moyen des capitaux propres des 10 plus grandes banques tunisiennes a augmenté à 13,6% au 1S23 (2022 : 11,9%). Cette hausse s’explique par l’augmentation des marges nettes d’intérêts, qui ont se sont accrues de 16% en glissement annuel, les banques ayant bénéficié de facteurs positifs dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. 

Cependant, Fitch ne s’attend pas à ce que la rentabilité des banques s’améliore davantage au 2S23-2024 en raison de l’augmentation des provisions pour créances douteuses et de l’impôt supplémentaire sur les bénéfices des banques annoncé en octobre 2023.

Ainsi, l’amélioration des performances du secteur au 1S23 est éclipsée par la forte exposition des banques aux obligations souveraines très faibles. (Fitch a déclassé la Tunisie à « CCC- » en juin 2023) et les conditions d’exploitation incertaines. Les créances du secteur bancaire sur l’État s’élevaient à 20 milliards de dinars, estime l’agence ajoutant qu’à fin mai 2023 elle représentent 12% du PIB, 13% des actifs du secteur et 73% de ses fonds propres et ce, en se référant aux données de la Banque centrale de Tunisie.

Dans un scénario hypothétique, la restructuration de la dette souveraine pourrait affaiblir considérablement la capitalisation des banques, estime Fitch qui considère qu’une décote de 50% sur les avoirs en dette souveraine des banques aurait pour conséquence l’impossibilité pour certaines banques d’être en mesure de ses conformer aux exigences réglementaires minimales en matière d’adéquation des fonds propres. Dans un tel scénario, Fitch prévoit que les autorités prendraient des mesures pour limiter les pertes subies par les banques afin de préserver la stabilité financière.

Les banques prêtent également à des entreprises publiques très endettées, certaines ayant une exposition pouvant atteindre 3,5 fois leurs fonds propres. La dette des entreprises publiques représente près de 40% du PIB tunisien selon les estimations de Fitch, dont environ la moitié est due aux banques et aux fournisseurs. Les prêts des entreprises publiques sont souvent garantis par l’État, mais l’agence déclare qu’elle n’est pas en mesure, techniquement, d’évaluer les garanties dans son analyse.

Fitch prévoit que le financement public devrait représenter environ 17% du PIB (environ 7,7 milliards de dollars) en 2024, un niveau qu’elle juge comme élevé. La capacité des banques à combler le déficit de financement est limitée par la faiblesse de la mobilisation des dépôts (ceux-ci ont augmenté de moins de 850 millions de dollars au cours des 7 premiers mois de 2023). 

Cela a conduit également à un recours accru au financement au niveau de la Banque Centrale par le biais d’opérations d’open market. En outre, Fitch prévoit une augmentation des coûts de financement des banques en raison de la concurrence due à la rareté de la liquidité. Le financement constamment élevé de l’État crée également un effet d’éviction pour les prêts au secteur privé.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek