La Tunisie, subit des impacts de plus en plus marqués du changement climatique, se retrouve à un moment déterminant dans sa quête d’une économie durable.
Les institutions financières du pays, conscientes de leur rôle central dans cette transformation, commencent à adopter des stratégies qui visent à intégrer des considérations environnementales dans leurs pratiques. Alors que la nécessité de financements durables se fait pressante, les banques tunisiennes s’engagent à soutenir des projets de décarbonation, tout en naviguant dans un paysage complexe.
Les banques s’activent
La transition vers une finance durable est devenue une priorité pour les banques tunisiennes. Avec près de 50 millions de tonnes d’émissions de CO2, principalement issues du secteur énergétique, il est impératif que ces institutions réorientent leurs investissements vers des projets à faible émission de carbone.
Neji El Ghandri, Président du Conseil Bancaire et Financier (CBF), a récemment affirmé que les banques doivent mobiliser des ressources financières pour soutenir des initiatives écologiques. Cela passe par le développement d’outils financiers adaptés qui encouragent les entreprises à adopter des pratiques durables et résilientes.
L’un des projets phares est le soutien à la tarification du carbone, qui vise à réorienter les investissements vers des technologies à faible émission de gaz à effet de serre. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la Contribution Déterminée au niveau National (NDC) de la Tunisie, qui ambitionne de réduire l’intensité carbone de son économie de 41% d’ici 2030 par rapport à 2010.
La mise en place d’une telle tarification représente non seulement un levier pour atténuer les émissions, mais également une source potentielle de financement pour la transition énergétique du pays.
Les banques tunisiennes explorent également des solutions pour soutenir le secteur industriel dans sa transition vers une économie bas carbone. Des initiatives telles que le Fonds de Transition Énergétique (FTE), offrent un soutien financier aux entreprises souhaitant réduire leur empreinte carbone. Ce fonds intègre des subventions pour les études de comptabilité carbone, permettant ainsi aux entreprises d’évaluer et d’optimiser leur impact environnemental.
Le CBF s’engage
Malgré des avancées notables, les engagements des banques en matière de finance verte sont souvent perçus comme insuffisantes eu égard aux défis posés. Bien que certaines institutions aient commencé à prendre des mesures concrètes pour intégrer les risques environnementaux dans leurs décisions financières, ces efforts peuvent être soutenus pour provoquer un changement systémique.
Les experts appellent à une intégration plus profonde des enjeux climatiques dans les stratégies bancaires, soulignant la nécessité d’un cadre réglementaire solide qui favorise l’émission d’obligations vertes et soutienne les entreprises engagées dans la transition énergétique.
Le partenariat entre le secteur bancaire et le gouvernement est également essentiel pour catalyser cette transition. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le CBF ont renforcé leur collaboration pour promouvoir des pratiques durables au sein du secteur financier.
Ce partenariat vise à développer des mécanismes de financement innovants, facilitant ainsi l’accès aux ressources nécessaires pour soutenir les projets écologiques. En créant un environnement propice aux investissements durables, cette coopération pourrait jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs climatiques nationaux.
Transformation systémique nécessaire
Pour réussir leur transition vers un modèle économique durable, les banques tunisiennes doivent adopter une approche systémique qui intègre pleinement les considérations environnementales dans leurs opérations. Cela implique non seulement une révision de leurs portefeuilles d’investissement mais aussi une transformation culturelle au sein des institutions financières.
En instaurant des outils de comptabilité carbone et en mettant en place des mécanismes de suivi des émissions, les banques peuvent mieux mesurer leur impact écologique et optimiser leurs performances énergétiques.
À travers ces initiatives, les banques tunisiennes montrent qu’elles sont prêtes à participer activement à la transition climatique du pays. En mobilisant les ressources nécessaires et en collaborant avec divers acteurs, elles peuvent contribuer significativement à la réduction des émissions et à la promotion d’un développement durable.
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