Economie

Les bienfaits de la dette publique tunisienne !

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Un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) pourrait être conclu avant la fin du 1er trimestre de 2022, a déclaré récemment Marouane Abassi, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), lors de sa participation à la 35e édition des journées de l’entreprise tenues à Sousse.

La ministre des Finances, Sihem Boughdiri a, de son côté, confirmé l’information, en ajoutant que les consultations entre le gouvernement tunisien et l’institution financière internationale (IFI) ont déjà commencé. Encore, une fois la question de l’endettement extérieur qui frôle des records historiques, est une question d’actualité brûlante voire même de survie pour la Tunisie.

La dette publique, opportunité pour les gouvernements

Dès 2011, la majorité des analystes économiques et financiers se demandent pourquoi la Tunisie est elle-passée dans un laps de temps très court d’une gestion extrêmement prudente de ses finances publiques au laxisme le plus total ?

Il était toujours courant que des nations pauvres partout dans le monde se trouvent dans une situation de quasi-accrochage nécessitant l’intervention du FMI et d’autres organisations similaires. Mais La Tunisie a fait fréquemment appel à l’endettement mais raisonnablement, principalement pour financer des investissements, sauf dans les périodes de chocs ou de crises économiques aiguës.

A priori, nul doute que la propension à l’endettement public en Tunisie était et est constamment liée à des dépenses courantes et autres charges souvent difficilement cernables. La dette a permis et demeure dans l’état actuel des choses un mécanisme pour financer ces dépenses qui devraient être plus modestes si les comptes étaient équilibrés.

La redistribution tordue et l’absence de planification, sont réellement des marqueurs des finances publiques en Tunisie. Doit-on en conclure que la dette est une opportunité politique saisie par les gouvernements ? La question reste, ouverte.

La dette, manœuvre des politiques en Tunisie

Pour les politiques tunisiens, l’endettement permet de passer outre aux limites budgétaires d’une gestion prudente et sérieuse. Il permet de dépenser sans pour autant augmenter, de manière adéquate, normalisée et équitable, les prélèvements obligatoires, mesure évidemment délicate au niveau de sa mise en œuvre pour multiples raisons.

Avoir un budget déficitaire permet de s’accorder plus de capacité d’action et donc plus de pouvoir. Tout se passe où les politiques agissent avec l’intérêt à ne pas optimiser le recouvrement des impôts et des cotisations sociales, pour accroitre donc la dette afin de pouvoir proposer des réalisations nouvelles.

L’idée des politiques en Tunisie s’articule autour du fait que leurs prédécesseurs sont responsables de l’accumulation de la dette et de son insoutenabilité, pas eux. Les rapports de la Cour des Comptes n’ont eu jamais d’effet sur les politiques. Pas plus que les mises en garde des instituts et think tanks spécialisés du pays.

La dette, désespoir de peuples étouffés

Après la phase de croissance exceptionnelle des années 2000, les tunisiens se sont habitués à un certain standard d’une évolution économique axée sur un certain confort social malgré des problèmes liés au sous-emploi et au développement incohérent des régions.

Mettre le peuple dans une situation de morosité et de crise en voyant les vingt dernières années comme une parenthèse est évidemment difficile. Une réalité plus ou moins radieuse notamment pour les classes vacillante et moyenne s’achève, le présent est douloureux mais le futur est complètement flou.

Mais ne voilà-t-il pas que les responsables de haut niveau susurrent à l’oreille d’un peuple en désarroi qu’il est possible de prolonger ses ambitions pour une transition économique qui ne viendra jamais ? : Il suffit de payer à crédit.

Soulagement ! Tout est donc simple : le rêve de réaliser la délivrance économique à crédit existe ! Les différents gouvernements « révolutionnaires » étaient et resteront, d’une façon presque certaine, d’excellents prophètes du bonheur à crédit.

En combinant ces interprétations, et d’autres encore sans doute, on peut se faire une idée de la situation inextricable dans laquelle le pays est plongé… et de l’énorme défi que représente la solution, si elle existe.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI