Economie

Les Gouverneurs des Banques centrales du Maroc, de l’Egypte, et de la Tunisie tiennent à l’indépendance des instituts d’émission

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La Banque Centrale de Tunisie (BCT) vient d’annoncer que le gouverneur Marouane El Abassi, a participé à la 1ère Conférence annuelle des banques centrales sur l’économie du développement dans la région Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA). Cette conférence organisée conjointement par la BCT ; pays « hôte » de cette édition ; et le Réseau régional de recherche des départements de recherche des banques centrales du MENA relevant de la Banque Mondiale s’est tenue, en ligne, les 1er et 2 décembre 2021, indique l’institut d’émission.

D’après la BCT, le thème de la conférence « Politique macroéconomique : innovation et défis en période d’incertitude », tire son importance du fait que la crise COVID-19 a soulevé de nombreuses questions sur la manière de concevoir la politique monétaire en période d’incertitude élevée et sur l’indépendance des banques centrales étant donné des espaces budgétaires extrêmement limités.

En effet, le risque croissant de perturbations économiques, tant dans la région que dans le monde, souligne la nécessité de concevoir des politiques monétaires efficaces pour permettre aux pays de la région MENA de se préparer, de résister et de se remettre de la pandémie, déclare la BCT.

À cet effet, on note qu’El Abassi a souligné que la conduite de la politique monétaire n’était pas une tâche aisée. En effet, « elle a dû composer avec une crise sanitaire inédite COVID-19 dont les conséquences n’ont pas tardé à se faire sentir sur l’économie réelle et les équilibres macroéconomiques amenant la Banque centrale à agir de manière énergique afin de mitiger sa portée sur l’activité économique », a-t-il ajouté.

En clôture de cette première édition, une table ronde des Gouverneurs des Banques Centrales a été organisée autour du thème de « l’indépendance des banques centrales dans un contexte de dette publique élevée » assure-t-on.

Ce panel présidé par M. Férid Belhadj, en sa qualité de vice-président de la Banque Mondiale pour la région MENA a réuni Abdellatif Al Jouahri, Gouverneur de la Banque Centrale du Maroc, Tarek Amer, Gouverneur de la Banque Centrale d’Égypte et Marouane El Abassi, Gouverneur de la BCT.

Selon la BCT et à cette occasion, les trois Gouverneurs se sont accordés sur le fait que les pressions sur les équilibres budgétaires ne doivent pas porter préjudice à l’indépendance des banques centrales, ils ont insisté, par ailleurs, sur l’importance de la coordination entre la politique monétaire et budgétaire (policy-mix) dans le respect des missions confiées à chaque politique à savoir la stabilité des prix pour la politique monétaire et maitrise de la dette publique pour la politique budgétaire.

Rappelons que plusieurs spécialistes de la question économique en Tunisie estiment que depuis l’approbation de la loi sur l’indépendance de la BCT il y a quelques années sous la pression des préteurs internationaux, les politiques monétaires au pays ont pris une tangente monétariste totalement désarticulée et en porte à faux des politiques budgétaires et stratégies économiques sur fond d’un échec cuisant en matière de ciblage de l’inflation et de la préservation de la stabilité de la monnaie nationale.

Selon plusieurs experts, depuis 2016, la BCT s’est progressivement distancée des soucis gouvernementaux et a tourné le dos à des besoins de financement criants.

On considère, à cet effet, qu’en se dotant de l’indépendance décisionnelle face au gouvernement, la BCT a abandonné sa vocation d’institution souveraine, mais solidaire du gouvernement et de l’intérêt public et ceci incarne des amalgames qui ont lourdement endommagé le système monétaire et érodé sa crédibilité au sein de l’État et surtout dans l’opinion publique.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek