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Les invités d’honneur de Trump veulent éliminer l’Agence Française de Développement : la moutarde de Washington leur monte au nez

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Il faut croire que les lumières de Washington ont fait beaucoup d’effet à l’eurodéputée Sarah Knafo, la campagne et camarade de lutte (toujours contre les mêmes, les musulmans de France, les Algériens, les étrangers) du tristement célèbre Eric Zemmour. Depuis que le président américain, Donald Trump, les a invités à sa cérémonie d’investiture, avant même le chef de l’Etat français, ils sont en lévitation. Depuis qu’ils ont côtoyé Trump et son acolyte Elon Musk ils ne pensent qu’à sabrer, éliminer, abattre… Je parle des organismes publics, accusés de siphonner l’argent des contribuables et d’autres maux complètement fantasmés.

Après l’Ademe et l’Agence Bio, l’extrême droite se jette à bras raccourcis sur l’AFD (Agence Française de Développement) dont la «mission est de contribuer au progrès économique, social et environnemental des pays à revenus faibles et intermédiaires», lit-on sur son site internet. L’organise est accusé par certains élus de dilapider les deniers publics pour des causes qui n’ont aucun lien avec les intérêts supérieurs de la France, le même argumentaire servi par Musk pour frapper à tour de bras.

C’est la démonstration très alambiquée à laquelle s’est livrée Mme Knafo sur une chaîne très friande des frappes contre l’étranger, même si les faits sont fabriqués de toutes pièces, CNews. L’eurodéputée de Reconquête a égrainé hier lundi 17 février des programmes subventionnés par l’AFD, dont certains en Chine. «Protection de la source du fleuve Quianjang et développement urbain durable de Kaihua (…). Le projet créera une synergie entre le parc national de Qianjiangyuan et la ville de Kaihua, fondée sur l’excellence environnementale, la restauration des services écosystémiques (…) Là, 65 millions d’euros !», dit-elle avec assurance.

«Avec l’argent des Français, votre argent !», a-t-elle martelé. Mais voilà, son argumentaire est faible, elle ne précise pas par exemple que les projets qu’elle pointe du doigt sont financés par des emprunts, pas des dons, comme du reste la plupart des financements octroyés par l’AFD. Par ailleurs ce n’est pas l’argent des Français qui alimente intégralement ces fonds. L’agence insiste sur le fait que 85% de ses ressources sont des crédits fournis par des investisseurs privés ou des banques centrales…

Le reste est composé de subventions publiques versées par l’État français et l’Union européenne. Mais ça Mme Knafo ne le dira jamais, ça n’arrange pas ses petites affaires, les libertés qu’elle prend avec la vérité des chiffres sont beaucoup plus payantes politiquement. Et ô diable tout le reste. Elle avait fait la même chose avec les “842 millions d’euros” que la France verserait – c’est faux évidemment – à l’Algérie. Des propos qui lui avaient valu une plainte de l’Etat algérien, pour “diffusion de fake news”.

La députée du Rassemblement national Laurence Robert-Dehault s’est engouffrée dans la brèche ouverte par Mme Knafo. Elle a jugé pertinent de rappeler sur le réseau social X son «alerte» émise en 2023 à l’Assemblée nationale «sur ces milliards d’euros de l’argent des Français dilapidés dans des projets inutiles aux quatre coins du monde». Non seulement l’AFD n’est pas directement perfusée par les impôts, mais en plus c’est un instrument d’influence internationale qui rend de grands services au «soft power» français.

Le gouvernement ne pouvait pas se taire face à ces dangereuses inepties, avec cette opinion très inflammable (le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est le premier pyromane). Le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats Internationaux, Thani Mohamed-Soilihi, s’est insurgé sur X contre une «désinformation qui nuit à un débat public apaisé». Il a martelé que la France ne «dépense pas un euro d’argent public» en Chine…

Le ministre prêche dans le désert, la vérité n’intéresse pas ces oiseaux de mauvais augure, ce qui les meut c’est le pouvoir de destruction du mensonge, un poison qu’ils instillent sciemment pour des motifs purement électoralistes, même si jusqu’ici ça n’a pas empêché le crash de Zemmour. On terminera avec cette réflexion signée Mme Knafo et directement inspirée par les “oeuvres” de Musk avec l’USAID : «Ce qui est rassurant, c’est qu’on voit avec l’exemple des États-Unis qu’il suffit d’un trait de plume pour supprimer ces folies».

Bon, pour aujourd’hui on en a assez lu et entendu, rendez-vous aux prochaines élucubrations.

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