Les Pays du Golfe sont en train de devenir les acteurs majeurs de l’économie mondiale, comme l’a récemment souligné le Wall Street Journal.
À la tête de cette transformation se trouve l’Arabie saoudite, qui aspire à bien plus qu’un simple rôle de bailleur de fonds. Elle souhaite également que la région dépasse son image de destination privilégiée pour les stars du football telles que Ronaldo et Neymar. Mohamed Ben Salmane affirme avec conviction que « la nouvelle Europe se trouve au Moyen-Orient » et que « la prochaine renaissance mondiale aura lieu au Moyen-Orient ».
Ascension
Cette vision audacieuse est étayée par des bases économiques solides. Les Pays du Golfe débordent littéralement de liquidités, en grande partie grâce au prix élevé du pétrole, atteignant environ 90 dollars le baril. L’année dernière, Aramco, le géant pétrolier public d’Arabie saoudite, a enregistré un bénéfice record de 161 milliards de dollars. Pendant ce temps, le fonds souverain d’Arabie saoudite dispose d’une fortune dépassant les trois billions de dollars.
Les perspectives pour l’avenir sont également prometteuses, avec des indicateurs au vert :
- Près de 36 % des réserves mondiales de pétrole se trouvent enfouies sous les déserts des Pays du Golfe.
- Actuellement, presque un baril de pétrole sur deux exportés provient de cette région.
- Ils sont responsables de l’extraction de 22% du gaz naturel mondial.
- De plus, leurs exportations de gaz liquide atteignent même 30%.
En parallèle, les Émirats arabes unis (EAU) sont en train de devenir un centre financier mondial de premier plan. Au cours du premier trimestre de cette année, 14% de toutes les introductions en bourse (IPO) mondiales se sont déroulées à Abu Dhabi. Le Wall Street Journal souligne que l’augmentation des taux d’intérêt a freiné les emprunts en Occident, incitant de nombreux financiers occidentaux à se tourner vers la région du Golfe. Ainsi, les hôtels de luxe de la région sont devenus des destinations prisées pour les acteurs de la finance internationale.
Comment en est-on arrivé là ?
Le dernier numéro de The Economist met en lumière ce miracle économique au Moyen-Orient et énumère les facteurs qui y ont contribué :
Tout d’abord, la région connaît une sorte de paix. Les deux ennemis jurés, l’Arabie saoudite et l’Iran, ont temporairement mis de côté leurs différends. Les guerres civiles en Syrie et au Yémen ont connu une accalmie. Le Qatar a résolu ses différends avec ses voisins.
Sur le plan intérieur, les mentalités évoluent également. Le fondamentalisme islamique perd du terrain, tout comme le modèle de démocratie occidentale. Les ÉAU servent d’exemple : une autorité politique forte, une prospérité économique et une stabilité politique. Selon The Economist, ce modèle prévaut désormais dans la région.
De plus, les pays du Golfe cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis. Selon les données du Fonds monétaire international, les exportations vers la Chine et l’Inde ont augmenté de 26% au cours des 30 dernières années, tandis que celles vers l’Europe et les États-Unis ont chuté de 34% à 16%.
Sur l’échiquier politique mondial, les pays du Golfe commencent également à gagner en influence. Lors de leur dernière réunion, les pays du BRICS ont décidé d’inviter l’Iran, l’Arabie saoudite, les EAU et l’Égypte en tant que membres à part entière lors de leur prochaine réunion.
Cependant, des risques subsistent
Malgré cette ascension impressionnante, le rêve de MBS et son ambition ne sont pas sans défis majeurs. Tout d’abord, les écarts de richesse considérables au sein de la région pourraient engendrer des tensions sociales. Alors que les pays du Golfe regorgent de richesses, d’autres nations, comme l’Égypte, la Syrie et le Liban, peinent économiquement.
De plus, l’endettement massif de certains pays, comme l’Égypte, qui représente 93% de son PIB, constitue un risque potentiel. Enfin, la durée de la trêve entre l’Arabie saoudite et l’Iran demeure incertaine, tandis que la course aux armements dans la région pourrait reprendre si les tensions s’aggravent.
Enfin, la richesse des pays du Golfe repose essentiellement sur les énergies fossiles, une ressource finie en plein contexte de lutte contre le changement climatique. La transition vers des alternatives telles que l’énergie solaire ou le tourisme est en cours, mais elle n’est pas exempte de défis.
L’avenir dira si les pays du Golfe parviendront à relever ces défis et à maintenir leur ascension économique fulgurante. Les enjeux sont de taille, car l’État joue un rôle majeur dans l’emploi, notamment en Arabie saoudite, où plus de la moitié de la population active travaille pour le gouvernement, malgré des salaires élevés qui rendent les entreprises privées moins compétitives à l’échelle internationale
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