La récente décision de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) de maintenir son taux directeur à 8% malgré les difficultés croissantes de financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) soulève de nombreuses questions.
Celles-ci se rapportent, principalement, à l’équilibre entre politique monétaire et soutien à l’économie réelle. Cette situation met en lumière les défis complexes auxquels est confrontée l’économie tunisienne actuellement.
Un paradoxe apparent
Le Conseil d’Administration de la BCT, réuni le 31 juillet 2024, a fait un constat préoccupant : le ralentissement significatif des crédits accordés aux PME, une tendance qui s’est accentuée depuis 2023. Paradoxalement, malgré cette observation, la banque centrale a choisi de maintenir son taux directeur à un niveau élevé de 8%.
Ce choix semble contradictoire à première vue. D’un côté, la BCT exprime son inquiétude face aux difficultés de financement des PME, piliers de l’économie tunisienne. De l’autre, elle persiste dans une politique monétaire restrictive qui renchérit le coût du crédit, rendant l’accès au financement encore plus ardu pour ces entreprises.
La décision de la BCT de maintenir un taux directeur élevé s’explique par plusieurs facteurs, notamment la nécessité de lutter contre l’inflation persistante depuis de longs mois, de soutenir la valeur du dinar grâce à un taux d’intérêt attractif, et de préserver un équilibre macroéconomique global, même si cela peut avoir des conséquences négatives à court terme pour certains secteurs.
Les conséquences pour les PME
La politique monétaire actuelle de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a des conséquences significatives pour les petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes.
En raison du coût élevé des emprunts, l’accès au crédit est limité, ce qui freine les investissements et la croissance des entreprises. De plus, les PME, déjà fragilisées par un manque de capital, voient leur situation financière se détériorer, ce qui complique davantage leur capacité à embaucher et à se développer. Cette situation pourrait également entraîner un risque accru de défaillances, car sans accès à des financements abordables, certaines PME pourraient ne pas survivre à cette période difficile.
Des économistes posent plusieurs questions par rapport à cette approche et plaident pour une baisse du taux directeur. Ils argumentent qu’une telle mesure offrirait une « bouffée d’oxygène » aux entreprises en difficulté et stimulerait l’activité économique.
Vers une approche plus équilibrée ?
Pour faire face au dilemme actuel, plusieurs pistes pourraient être envisagées afin d’adopter une approche plus équilibrée. Tout d’abord, la BCT pourrait mettre en place une politique monétaire différenciée, permettant des mesures ciblées pour faciliter le financement des PME tout en maintenant ses objectifs de stabilité monétaire.
Ensuite, le renforcement des mécanismes de garantie par l’État pourrait offrir un soutien accru aux PME via des fonds de garantie améliorés. Par ailleurs, le développement de sources alternatives de financement, telles que le capital-risque, le financement participatif ou les marchés obligataires, pourrait diversifier les options de financement pour ces entreprises.
Enfin, une coordination renforcée entre la BCT, le ministère des Finances et les institutions financières pourrait favoriser l’élaboration de solutions plus adaptées aux besoins des PME.
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