L’agence de la coopération turque « TIKA », a procédé récemment à la distribution de poules et de coqs à 30 paysannes dans la région de Kasserine. Cette opération a été considérée par l’agence comme un projet de développement régional à part entière et la distribution de 27 poules et 3 coqs pour chacune des paysannes s’est déroulée en grande pompe en présence des « responsables » régionaux et locaux ainsi que de plusieurs médias. Ce don providentiel ne dépasse pas quelques 300 dinars (100 euros) maximum aux prix du marché hebdomadaire du coin.
Il a été annoncé également que TIKA a fourni aux paysannes les produits et les équipements « nécessaires » pour mettre en place ces « projets » d’élevage de ces quelques poules et coqs tout en espérant que ceux-ci contribueront à l’autonomisation des paysannes et au développement rural du gouvernorat, d’une façon générale…
Bien que ce n’est pas la première fois que TIKA joue la carte des œuvres caritatives qui tournent généralement à la dérision, le scandale des poules et surtout l’humiliation subie par les paysannes de Kasserine par une organisation étrangère est totale.
La TIKA, considérée comme l’un des bras de la politique étrangère turque, qui a commencé son travail en Tunisie en 2012 dans divers domaines, incluant même la formation de sécuritaires, avec la bénédiction de la sinistre « Troïka », s’est au fait inscrit dans le cadre de toute une démarche qui a permis une hégémonie turque, notamment dans le domaine économique et du commerce extérieur.
Malgré la chute drastique du commerce extérieur en 2020 à la suite des répercussions de la crise sanitaire, les importations en provenance de Turquie ont « résisté » pour atteindre fin décembre dernier, d’après les statistiques de l’Institut National de la Statistique (INS), 2588,2 millions de dinars, ce qui représente 46% du service de la dette extérieure tunisienne, évaluée à 5656,8 millions de dinars, d’après le dernier bulletin des résultats d’exécution du budget de l’Etat en 2020, publié par le ministère des Finances.
Evidemment, ces chiffres sont plus éloquents que la mascarade des poules. C’est la Tunisie qui est devenue la poule aux œufs d’or des exportations turques. Avec une classe politique pareille, il ne faut pas s’attendre à une quelconque indignation devant cette humiliation mais il faut s’attendre plutôt à la prochaine mascarade.
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