L’augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant, par exemple, a entraîné une augmentation disproportionnée du nombre de personnes vivant dans la pauvreté dans les pays arabes, indique un nouveau rapport de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO ou ESCWA en anglais).
Les projections du rapport de la CESAO intitulé « Inégalités dans la région arabe : l’insécurité alimentaire alimente les inégalités » révèlent que concernant la croissance en Égypte, en Jordanie et en Tunisie, la guerre en Ukraine a entraîné une hausse du coût de la vie en raison de la situation complexe des marchés de l’énergie et des produits de base, entraînant une augmentation estimée à 15% des prix des denrées alimentaires et une augmentation de 25% hausse des prix du carburant en 2022.
Par conséquent, la réduction de la pauvreté dans ces trois pays a ralenti, selon le rapport de l’organisation onusienne. En utilisant les seuils de pauvreté de l’ESCWA, l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie ont connu une augmentation de la pauvreté en 2022 par rapport aux années précédentes, en particulier par rapport aux années précédant la pandémie de COVID-19.
Chocs alimentaires pesants
Plus d’un tiers de la population égyptienne (36,8%) vivaient en dessous des seuils de pauvreté de la CESAO en 2022. En Jordanie et en Tunisie, les taux de pauvreté correspondants en 2022 étaient respectivement de 26,6% et 23,4%,.
On note, cependant, que selon les projections faites avant le début de la guerre en Ukraine, respectivement 35,9%, 26,5% et 22,9% de la population égyptienne, jordanienne et tunisienne vivraient dans la pauvreté en 2022. Cela aurait constitué 1,07 million de personnes supplémentaires vivant dans la pauvreté dans les trois pays en 2022.
Néanmoins et compte tenu des chocs des prix des denrées alimentaires et du carburant depuis la guerre, le nombre supplémentaire de personnes vivant dans la pauvreté est de 1009000 en Égypte, 7000 en Jordanie et 50000 en Tunisie.
Région arabe et inégalités
La région arabe est la plus inégale du monde et les inégalités ne cessent de se creuser. Alors que les effets de la pandémie du COVID-19, les taux d’intérêt élevés, le fardeau croissant de la dette, la crise du coût de la vie et les répercussions de la guerre en Ukraine, contribuent tous à creuser les inégalités, à la fois entre et au sein des pays, indique le rapport de la CESAO.
Le rapport intitulé précise que les inégalités des revenus et des richesses se reflètent dans les inégalités d’accès à la nourriture. Environ 181 millions de personnes dans la région, soit près de 35% de la population arabe, sont en situation d’insécurité alimentaire; 12 millions de plus qu’il y a un an. La majorité des personnes souffrant d’insécurité alimentaire vivent également dans la pauvreté.
Recommandations
L’ESCWA analyse en profondeur dans son rapport les quatre piliers de la sécurité alimentaire : accès, disponibilité, utilisation et stabilité, et ce, du point de vue des inégalités.
Le rapport fournit des recommandations pour lutter contre les inégalités en matière de sécurité alimentaire en renforçant les systèmes agricoles, la production et le commerce, ainsi qu’au niveau de l’atténuation du changement climatique tout en s’adaptant à leurs effets croissants parallèlement à l’amélioration de la gestion des risques de catastrophe. Il appelle à une aide humanitaire immédiate en cas de choc tout en mettant en avant la solidarité régionale pour redistribuer les ressources de ceux qui ont beaucoup à ceux qui n’en ont pas, avec la dynamisation des investissements dans la santé, l’éducation et la protection sociale.
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