Economie

Les soldates Bouden et Nemsia finiront-elles par déserter?

Les soldates Bouden et Nemsia finiront-elles par déserter?

On a encore eu droit à un entretien surréaliste et très édifiant sur les rapports très étranges entre le chef de l’Etat, Kais Saied et son gouvernement. Le président de la République a reçu hier mardi 1er février les ministres des Finances et du Commerce, Sihem Nemsia Boughdiri et Fadila Rabhi. Et il a abordé, – enfin ! – la question du retard des salaires. Mais c’est surtout sa manière très personnelle d’en parler qui a retenu notre attention…

D’abord cette affaire à elle toute seule méritait une allocution télévisée en direct dans le journal de 20h, comme on le fait dans toutes les démocraties dignes de ce nom. Mais comme à son habitude notre président évitera les sentiers battus. Puis, benoîtement, comme si toute cette agitation nationale autour des salaires était passée au-dessus de sa tête, il a donné des instructions à la ministre des Finances pour que les paies soient décaissées à temps. Donc très officiellement, Saied n’a pas entendu les complaintes des enseignants, des universitaires, des agents du secteur de la santé, etc. Il a attendu une semaine pour nous dire ça…

En face évidemment Sihem Nemsia, en parfaite soldate, n’a pas moufté, endossant toute la responsabilité de cette affaire ; d’ailleurs qui ose en sortir un devant l’irascible chef de l’Etat ? La ministre a poussé le bouchon de la discipline gouvernementale jusqu’à débiter que si les salaires ont calé c’est la faute au… week-end. Elle a osé ! Comme si les Tunisiens ne savaient pas que le monde a enfanté une petite merveille qui se nomme le numérique, et qu’avec ça des montages de milliards passent instantanément d’un endroit à un autre. L’exécutif a encore eu l’outrecuidance d’infantiliser ses concitoyens. Un acte qu’il ne payera peut-être pas tout de suite mais ça viendra…

Une parfaite soldate à la tête de parfaits soldats, c’est exactement pour cela que Najla Bouden a été choisie. C’est une des raisons pour lesquelles Saied avait recalé Fadhel Abdelkefi. Certes Bouden n’est pas à l’aise dans son costard de cheffe du gouvernement, lequel d’ailleurs frôle l’explosion à force d’avaler des chapeaux et un paquet de couleuvres, mais ce n’est qu’ainsi qu’on peut rester aux côtés du locataire du palais de Carthage…

Les anciens chefs de gouvernement Elyes Fakhfakh et Hichem Mechichi avaient tenté de s’affranchir de leurs liens avec le chef de l’Etat, ça ne leur a pas réussi. Bouden n’a certainement pas envie d’être jetée aux oubliettes. Mais jusqu’à quand tiendra-t-elle dans ce rôle de simple faire-valoir ?

Si l’occupante du palais de la Kasbah est encore là c’est parce qu’elle ne fait pas de vagues, mais vraiment pas ; c’est très mauvais pour le pays, ce n’est pas dans l’intérêt de la nation mais c’est très bon pour les affaires de Kais Saied. Vous imaginez le tableau si ce dernier devait débarquer Bouden et assumer à la face du monde cette instabilité politique avec un troisième changement de chef du gouvernement en quelques mois…

Pour Fakhfakh et Mechichi le chef de l’Etat a pu se dédouaner en arguant que c’était certes ses créatures, que c’est lui qui les avait personnellement nommés mais que les “montres” avaient fini par lui échapper, dévergondés et pervertis par Ennahdha et compagnie. Pour Bouden, qui fait tout comme on lui dit, Saied ne pourra pas dégainer cet argument. Donc la cheffe du gouvernement reste. La question est de savoir jusqu’à quand…

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