La dernière fois qu’on a entendu l’ancien ministre de l’Éducation Neji Jalloul il exposait ses malheurs et mésaventures à la brigade antiterroriste d’El Gorjani. Cette fois il apporte ses lumières sur l’épais dossier du chef de file des islamistes tunisiens et membre éminent de la Confrérie des Frères musulmans, Rached Ghannouchi…
D’après le président du parti ‘La coalition nationale’ l’arrestation du leader historique du mouvement Ennahdha fait suite à un “marché” qui aurait été conclu entre l’Arabie saoudite et l’Algérie, avec l’entremise de la Tunisie. Jalloul a dit ce vendredi 28 avril sur une radio privée que les faits qui ont fait tomber Ghannouchi – ses propos explosifs du 16 avril – ne sont qu’un artifice, la vraie raison de son séjour carcéral c’est que “l’Arabie saoudite exige sa tête”.
Bon, nous ne savons pas d’où il tient cette information et encore moins dans quelle optique il jette ça sur la place publique, dans une conjoncture de profonde restructuration de la géopolitique à l’échelle de la planète. Nous lui laissons la responsabilité de son déballage. Ce qu’on sait c’est que les Wahhabites – l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe sous sa coupe – s’étaient jurés d’abattre la Confrérie des Frères musulmans, comme les Chiites iraniens (les choses vont nettement mieux entre Riyad et Téhéran)…
Rappelons que la Confrérie reposait sur la triptyque Egypte-Qatar-Turquie, et la Tunisie dans une moindre mesure, durant la parenthèse islamiste (2011-2021).
Ce qu’on sait aussi c’est que le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, un allié de l’Arabie saoudite, a liquidé sans ménagement les Frères musulmans qui avaient enfourché le cheval de la Révolution égyptienne…
On sait aussi que les Wahhabites, à la faveur des gros pépins économiques et financiers de la Turquie, ont pu dompter le bouillant président Recep Tayyip Erdogan avec un énorme chèque de 10 milliards de dollars…
On sait également que le Qatar est revenu de ses lubies guerrières au nom desquelles il finançait sans compter les Frères musulmans aux quatre coins du monde, d’ailleurs Ghannouchi et ses compagnons ont été copieusement arrosés par les largesses de l’émir Cheikh Hamad. Mais le fils, Cheikh Tamim, qui tient les rênes depuis 2013, a d’autres combats : la transition économique, la diversification des revenus pour préparer l’après-gaz, etc. Bref, de ce côté là aussi l’idéologie islamiste c’est mort.
Donc de fait la Tunisie était le dernier vestige de la Confrérie, de là à dire que Jalloul a raison, que l’Arabie saoudite tenait à achever “le travail” en neutralisant définitivement Ghannouchi il n’y a qu’un pas… que nous ne franchirons pas.
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