Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a appelé ce lundi à Pékin à un dialogue et une coopération renforcés avec la Chine, tout en exhortant à éviter une guerre commerciale entre le géant asiatique et l’Union européenne.
Cette déclaration intervient alors que Bruxelles envisage d’imposer des tarifs douaniers sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, ce qui pourrait aggraver les tensions économiques entre les deux blocs.
Un appel au dialogue face à la menace de tarifs douaniers
Pedro Sánchez a rencontré le président chinois, Xi Jinping, dans le cadre de sa visite officielle à Pékin. Avant cet entretien, il a souligné que les mesures envisagées par l’Union européenne, telles que l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques chinoises, étaient « complexes ». Il a précisé que l’Espagne cherchait à éviter une escalade du conflit en privilégiant une solution négociée au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
« Une guerre commerciale ne profitera à personne », a déclaré Sánchez, tout en insistant sur la nécessité de créer un environnement de concurrence équitable pour les entreprises chinoises et européennes. L’objectif est de trouver des compromis permettant à toutes les parties de bénéficier d’une coopération renforcée, sans nuire aux relations commerciales déjà établies.
Des relations économiques fortes malgré les divergences
Lors de l’ouverture du Forum économique sino-espagnol à Pékin, Sánchez a mis en avant les solides relations économiques entre l’Espagne et la Chine. « Même dans les domaines où nous avons des désaccords, nous maintenons une volonté constructive d’engager un dialogue et de coopérer », a-t-il déclaré, réaffirmant l’engagement de son gouvernement à promouvoir un programme positif en collaboration avec les autorités chinoises.
Sánchez a également rencontré Li Qiang, le Premier ministre chinois, avant de s’entretenir avec Xi Jinping. Au cours de ces échanges, il a exprimé le désir de renforcer les liens commerciaux tout en plaidant pour un système commercial mondial équitable. L’Espagne espère ainsi calmer les tensions croissantes entre la Chine et l’Union européenne sur la question des véhicules électriques.
Inquiétudes pour l’industrie automobile espagnole
L’un des principaux sujets de préoccupation de Sánchez est l’impact que pourrait avoir une riposte chinoise sur l’industrie automobile espagnole. Des rapports suggèrent que Pékin pourrait répondre aux mesures de l’UE en augmentant les droits de douane sur les véhicules à moteur importés, notamment ceux fonctionnant à l’essence. Cela pourrait affecter directement des entreprises espagnoles comme SEAT, un constructeur automobile majeur appartenant au groupe Volkswagen.
Les médias officiels chinois ont également évoqué la possibilité d’un examen approfondi des importations européennes, notamment du brandy et des produits en plastique tels que le poly-oméga 3, qui pourraient être soumis à des enquêtes pour dumping.
Cette menace économique préoccupe Madrid, d’autant plus que la Chine est un marché important pour plusieurs secteurs espagnols.
L’impact des tensions sur les produits alimentaires européens
Les tensions commerciales entre la Chine et l’Union européenne s’étendent également aux produits alimentaires.
La Chine a lancé des enquêtes sur les importations européennes de viande de porc et de produits laitiers, un secteur clé pour des pays comme l’Espagne, les Pays-Bas et le Danemark. En 2023, l’Espagne a exporté pour 1,5 milliard de dollars de viande de porc vers la Chine, un marché stratégique pour les producteurs espagnols.
Pékin a intensifié ses investigations sur les subventions européennes, notamment dans le secteur des produits laitiers, créant de nouvelles incertitudes pour les exportateurs. Si les tarifs douaniers sont augmentés, cela pourrait avoir un impact considérable sur l’économie espagnole et les autres pays exportateurs de l’Union européenne.
Une réponse attendue en octobre
L’Union européenne doit se prononcer en octobre sur l’imposition de tarifs douaniers pouvant aller jusqu’à 36,3 % sur les voitures électriques chinoises, en plus des 10 % de droits déjà appliqués.
Ce vote sera crucial, car il nécessitera l’approbation d’une majorité qualifiée de 15 États membres, représentant 65 % de la population de l’UE, pour entrer en vigueur.
Si, en juillet dernier, l’Espagne, la France et l’Italie ont soutenu ces mesures, d’autres pays comme l’Allemagne, la Finlande et la Suède se sont abstenus. Le rôle de Sánchez pourrait donc être déterminant dans l’apaisement des tensions et la recherche d’une solution commune.
Le Premier ministre espagnol poursuivra sa visite en Chine les 10 et 11 septembre à Shanghai, où il rencontrera des dirigeants et des hommes d’affaires. Il inaugurera également un nouveau centre culturel espagnol, l’Institut Cervantès, visant à renforcer les liens culturels entre les deux nations.
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