Les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) se présentent comme une alternative viable pour structurer équitablement le secteur du travail domestique en Tunisie.
Une note de recherche sur l’avenir du travail domestique dans le cadre du programme de mentorat conduit par la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) et publié récemment révèle que ces acteurs, en s’appuyant sur des valeurs d’éthique et de justice sociale, offrent une alternative crédible pour améliorer les conditions des travailleur.ses.
Modèles participatifs
Cependant, leur succès reste tributaire de la mise en place de garde-fous, d’outils juridiques plus adaptés et de ressources suffisantes. Les coopératives et associations, piliers de l’ESS, incarnent des modèles participatifs pour le recrutement et l’encadrement des travailleur.ses domestiques.
Elles peuvent instaurer des contrats justes, garantir une rémunération décente et offrir un accès à la sécurité sociale, tout en valorisant le rôle des travailleur.ses dans la société. Malgré cette vision prometteuse, ces structures font face à plusieurs défis pour rivaliser avec certaines agences privées motivées par le profit ou avec l’informalité.
Dans ce contexte, une réflexion sur des alternatives plus flexibles pourrait s’avérer pertinente. Les Coopératives d’Activités et d’Emplois (CAE), bien qu’actuellement limitées par la législation tunisienne, offrent un exemple de structure hybride qui combine les principes de l’économie sociale avec une approche entrepreneuriale. Ces entités permettraient de répondre aux besoins spécifiques des travailleuses tout en assurant une gestion plus efficace.
Pour une transformation profonde du secteur
Les principes et valeurs de l’ESS offrent une alternative certaine pour le secteur du travail domestique au pays mais plusieurs défis limitent, dans une certaine mesure, sa transformation profonde : l’écosystème actuel est marqué par un manque d’expérience et la situation de départ des travailleur.ses domestiques est souvent difficile, ce qui fait qu’accompagner ces personnes, en situation d’informalité, rend la réunion ou l’organisation collective du travail secondaire voire impossible.
De plus, les facteurs qui gardent le secteur dans une précarité structurelle font que l’amélioration du secteur ne peut pas relever, seule, de la responsabilité individuelle d’organisations comme celles de l’ESS, mais relève plutôt d’un enjeu collectif et systémique, qui est à traiter dans son ensemble.
Il est à noter qu’à l’échelle mondiale, on dénombre 75,6 millions de travailleuses et travailleurs domestiques âgé.es de 15 ans et plus, dont une large majorité sont des femmes. Ce secteur, souvent mal reconnu et sous-régulé, constitue une forme d’emploi précarisée, exposant les travailleurs et travailleuses à des conditions de travail difficiles. En Tunisie, le travail domestique figure parmi les secteurs considérés comme plutôt vulnérables et marqué par une certaine invisibilisation institutionnelle des travailleurs.
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