L’ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie, Robert Ford, a affirmé que des acteurs internationaux, incluant les États-Unis et le Royaume-Uni, misent désormais sur le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC) dirigé par Ahmed Al-Charaa— connu auparavant sous le nom d’Abou Mohammad al-Joulani — en tant qu’alternative politique crédible au régime de Bachar al-Assad.
Cette déclaration a été faite lors d’une conférence organisée le 5 mai par le Conseil des relations extérieures à Baltimore, dans l’État américain du Maryland.
Des entraînements intensifs dirigés par des experts occidentaux
Selon Robert Ford, la transformation de Hayat Tahrir al-Cham d’un groupe armé islamiste en acteur politique s’est opérée par le biais de programmes de formation stratégique. Ces sessions, selon lui, ont été encadrées par des diplomates, experts et agents de renseignement britanniques et américains.
Il a précisé que les entraînements ont porté sur des volets politiques et stratégiques, et se sont déroulés dans la province d’Idleb, sans fournir de dates précises.
Trois rencontres confidentielles avec le leader de HTC
L’ex-ambassadeur a également révélé avoir personnellement rencontré Ahmed al-Char’a à trois reprises dans le cadre de cette mission. Deux de ces rencontres ont eu lieu en 2023 et 2024, avant son entrée à Damas, dans le but de le former.
La troisième rencontre, en janvier 2025, s’est tenue dans le palais présidentiel syrien et a duré dix jours, signe selon lui du sérieux de cette initiative.
Un choix stratégique basé sur l’organisation du groupe
Ford a justifié le choix de Hayat Tahrir al-Cham par son haut degré d’organisation comparé aux autres factions de l’opposition syrienne. Il a souligné que malgré le passé controversé du groupe, notamment ses liens avec al-Qaïda, les puissances occidentales le considèrent aujourd’hui comme une force disciplinée et structurée, apte à jouer un rôle politique dans l’avenir du pays.
Une réorientation majeure de la stratégie occidentale en Syrie ?
Ces déclarations marquent un tournant dans la lecture occidentale du conflit syrien. Alors que les efforts diplomatiques avec le régime d’Assad semblent dans l’impasse, l’option de miser sur une opposition réorganisée et formée politiquement pourrait relancer les dynamiques internationales autour de la transition syrienne.
Aucune réaction officielle n’a encore été formulée par les autorités syriennes ni par les gouvernements occidentaux évoqués dans ce rapport.
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