L’information est tombée hier lundi 30 septembre dans l’après-midi, livrée par des médias américains et confirmée au milieu de la nuit par l’armée israélienne. Toutes ces sources indiquaient que des troupes au sol de Tsahal allaient franchir ou ont franchi la frontière avec le Liban pour en découdre avec le Hezbollah. Cette intervention terrestre entendait capitaliser sur l’effet de sidération provoqué par la liquidation du leader Hassan Nasrallah. Tel-Aviv s’était engagé auprès des USA – et accessoirement le premier soutien du Liban, la France – à mener des «opérations terrestres limitées, localisées et ciblées». Sauf que ces chars israéliens les combattants libanais ne les auraient pas vus…
Après la pluie de bombes, le déluge de frappes de l’aviation et de l’artillerie l’invasion terrestre est la suite logique, pour profiter de la décapitation du Hezbollah et de la neutralisation d’une pléthore de cadres du mouvement (suite aux explosions en série des bipeurs et talkies-walkies). Mais voilà, quelques heures après l’annonce de l’incursion terrestre de Tsahal deux sources différentes démentent ce mardi la présence d’unités israéliennes de l’autre côté de la frontière.
C’est la Finul (la force des nations unies au Liban) qui a commencé : «Il n’y a pas d’incursion terrestre pour le moment», a confié Andrea Tenenti, porte-parole de cette force qui veille sur la Ligne bleue, laquelle délimite la frontière entre Israël et le Liban. Par la suite le Hezbollah a corroboré en ces termes : «Toutes les affirmations sionistes selon lesquelles les forces d’occupation seraient entrées au Liban sont fausses», a déclaré sur la chaîne Al-Jazeera le responsable du département d’information du Hezbollah…
«Il n’y a pas eu d’affrontement direct sur le terrain» avec les soldats de Tsahal, a-t-il martelé. Tout ça est très troublant. Est-ce que l’armée israélienne aurait plié face aux injonctions de son soutien, Washington, et fait machine arrière ? Ou est-ce que le commandement suprême a reculé in extremis pour éviter de lourdes pertes humaines, comme lors de la dernière incursion, en 2006 ?
Est-ce que quelque chose dans l’attitude et les préparatifs du Hezbollah a terrifié et pétrifié le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense ? Ce qu’on sait c’est que le Sud de Liban n’a rien à voir avec Gaza, le sol libanais est d’abord 10 fois plus grand, il est vallonné et piégeux pour les troupes. Rien à voir avec le terrain palestinien, plat et relativement facile pour les chars israéliens…
Et puis il y a les combattants du Hezbollah ; certes ils sont déboussolés par la liquidation de presque tous leurs chefs mais la relève est là. Le groupe libanais a beaucoup plus de combattants et de moyens matériels que le Hamas, et il maîtrise parfaitement cet immense territoire que Tsahal ne pourra jamais couvrir – surtout avec les troupes déployées à Gaza -, d’où d’ailleurs les annonces sur des opérations limitées.
En tout cas pour l’ambassadeur israélien en France, Joshua Zarka, «le but n’est pas d’envahir tout le Liban, ni d’envahir tout le sud du Liban, mais de nettoyer une partie du Liban le long de notre frontière et de forcer le Hezbollah à ne plus être au bord de la frontière». Il est d’avis que Tsahal ne va pas s’éterniser de l’autre côté de la frontière. «Je ne sais pas si c’est une question d’heures ou de jours, mais certainement pas une question de mois», a-t-il ajouté sur France inter.
Reste à savoir si l’apparente reculade de l’armée israélienne cache une manoeuvre tactique pour mieux ferrer sa proie – le Hezbollah – et la repousser de plusieurs dizaines de kilomètres afin que quelque 80 000 Israéliens regagnent leurs foyers au nord du pays…
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