A la une

L’idéologie de la haine : du fascisme en général et de l’islamisme en particulier 1/2

L’idéologie de la haine : du fascisme en général et de l’islamisme en particulier 1/2

« Ce qui manque si tristement au monde actuel, ce sont la grandeur, la beauté, l’amour, la compassion – et la liberté. Fini le temps des grandes figures, des grands meneurs, des grands penseurs. À leur place, nous cultivons un bouillon de monstres, d’assassins, de terroristes, comme si nos gènes contenaient violence, cruauté et hypocrisie ». Henry Miller Virage à 80.

Le fascisme est une idéologie assimilable à un « culte politique ». Fortement endoctrinés, ses partisans croient détenir la vérité absolue. En haut de la hiérarchie, on trouve un guide unique infaillible chargé d’une mission sacrée consistant à unir la nation et à vaincre les ennemis. À grand renfort de ressentiment et de haine, l’idéologie fasciste infecte ses partisans, impose un nouveau mode sociétal, divise le monde et la société, entre amis et ennemis, accuse ses opposants de tous les maux, les menace et les liquide en cas de besoin. Le fascisme s’oppose à la modernité, aux Lumières, à tous les autres mouvements politiques différents, déteste les juifs, les laïcs, méprise les femmes, se dresse contre tous ceux qui ne portent pas la même vision du monde et glorifie le bellicisme ainsi que le sacrifice jusqu’à la mort. La haine est le ciment qui fait agglomérer les partisans du fascisme et les gardent compactés en un bloc homogène et solide.

Toutes ces caractéristiques s’appliquent à l’islamisme né en même temps que le fascisme dans les années vingt du siècle passé et représentée dans le monde musulman, notamment par la confrérie des frères musulmans. Dans un de ses articles datant des années 1940, Hassan Al-Banna, fondateur de la confrérie écrivit : « Hitler et Mussolini ont conduit leur pays vers l’unité, la discipline, le progrès et le pouvoir. Ils ont imposé des réformes intérieures et contribué à donner à leur pays un grand prestige rayonnant au-delà de leurs frontières. Ils ont éveillé l’espoir dans les âmes et fait preuve de courage et de persévérance. Ils ont réuni les divergences sous un seul drapeau, sous un seul chef. Et dès que le Führer ou le Duce parlait, l’humanité, oui, l’univers obéissait, avec un profond respect. »

Revendiquant l’hégémonie sur tous les aspects de la vie sociale avec l’espoir de dominer un jour le monde, les deux courants ont le même objectif : ériger un régime totalitaire et l’extermination totale des opposants jugés comme ennemis. Le fascisme en Europe croyait à la supériorité de la race, l’islamisme, quant à lui, est convaincu de la supériorité morale du parti-secte face « la Jamaa » au reste du monde, notamment occidental, et de la société.

Adeptes convaincus du dogme obscurantiste et ennemis de tout changement intellectuel fondamental, les islamistes diabolisent toute interprétation différente ou actualisée des textes sacrés et de la tradition car ils partent du principe que personne n’a pas le droit de réinterpréter les commandements de Dieu ni d’ajouter quoi que ce soit à ce qui a été fait par les principaux doctrinaires de la Charia. La devise de la confrérie des frères musulmans étant : le Prophète est notre chef, le Coran est notre Constitution, le djihad est notre voie et mourir pour Allah est notre but suprême.

Passéiste, l’islamisme croit dur comme fer qu’aucune avancée de la connaissance n’est plus possible puisque la vérité absolue a déjà été révélée. Il ne s’agit pas de penser ni d’apprendre par soi-même, encore moins de produire une analyse critique, mais de respecter à la lettre le message qui a été révélé et le guide suprême « Murchid » infaillible.

Profondément antidémocrates, les islamistes parasitent et instrumentalisent la démocratie. Tout en considérant que les élections sont un blasphème et que la souveraineté ne pouvant en aucun cas émaner du peuple mais exclusivement de Dieu en référence à la doctrine de la Hakimiya qotbienne, ils n’hésitent pas à investir toutes sorte d’élections afin d’infiltrer tout processus électoral, s’emparer du pouvoir et détruire la démocratie. Après leurs multiples échecs de conquérir le pouvoir par la violence par des putschs souvent ratés, la démocratie est le cheval de bois par excellence pour les islamistes.

Outre son archaïsme, l’islamisme est anachronique et a constamment tendance à décontextualiser faits et idées: à propos des manifestants qui avaient bloqué des routes à travers la Tunisie en pleine effervescence sociale, le 23 janvier 2012 un, député islamiste à la constituante, avait traité les manifestants qui protestaient contre la pauvreté et la marginalisation en coupant certaines routes de « Muharibine » en se référant à un verset du Coran évoquant l'”exécution”, la “crucifixion” ou encore le démembrement de ceux qui se dressent contre la volonté de Dieu et de son prophète.

En septembre 2012, un ministre islamiste et membre du parti au pouvoir “Ennahdha” avait comparé le combat du gouvernement contre certains anciens du régime de Ben Ali à celui du Prophète Mohamed contre les mécréants de sa tribu Qoreïch.

Refus et peur de l’étranger, sexisme, machisme et conspirationnisme sont des piliers clés de cette idéologie. L’islamisme se nourrit de l’obsession d’un complot fomenté par « les autres » : services secrets ennemis, sionistes, francs-maçons, le lobby de la finance impérialiste, etc. Ce délire paranoïaque s’accompagne d’un sentiment de grandeur auxquels s’ajoute la soif de vengeance afin de retrouver un âge d’or perdu ou plutôt volé par l’occident colonialiste, ses acolytes laïcs occidentalisés, les mécréants et les renégats qui refusent la charia.

Quant à la violence sacrée, cette idée s’exprime dans le principe du djihad. Pour les islamistes, le djihad n’est pas seulement un moyen d’autodéfense, mais il est plutôt perçu comme un devoir envers Dieu, qu’il faut accomplir par tout « bon musulman » et parmi tous ces « bon musulmans », les islamistes sont les mieux placés pour l’accomplir et convertir ou éliminer tous les ennemis et tous les mécréants.

On peut considérer la confrérie des Frères musulmans comme la matrice du terrorisme islamiste, dont descendent toutes les organisations terroristes à l’instar du Hamas, du jihad islamique, d’Al-Qaïda ou de Deach.

Aux sources du mal

Jusqu’aux années 70 du siècle dernier, l’islamisme était considéré comme une idéologie archaïque et rétrograde dépourvue de toute pertinence sociale vouée à disparaitre devant la modernisation. Mais ce mal était latent et restait à l’affut pour saisir sa chance et réaliser son rêve cauchemardesque d’usurper le pouvoir jusqu’à la défaite arabe de 1967 qui fut une occasion en or pour se proposer comme alternative aux pouvoirs en place. Cette défaite jeta un discrédit sur les capacités du courant nationaliste arabe à mener un combat contre Israël, la principale figure de l’ennemi extérieur.

La guerre de 1973 occasionna la hausse du cours du pétrole, ce qui permit alors aux monarchies arabes puritaines et ultra-conservatrices, de disposer brusquement d’une manne financière imprévue. Ces monarchies pétrolières purent ainsi soutenir et favoriser le développement des organisations islamistes un peu partout dans les pays musulmans et même au-delà. Les monarchies pétrolières financèrent les associations, les mosquées, les projets caritatifs ou communautaires de tous ordres en sélectionnant les plus fanatiques.

A partir des années 70 du siècle dernier, de nouvelles générations urbaines, jeunes et pauvres, entrent en conflit avec les pouvoirs nationalistes postcoloniaux en place. Les nouvelles classes sociales de plus en plus scolarisées, vivaient des conditions déplorables. Aucune perspective d’ascension sociale ne se dessinait pour les jeunes dans des sociétés gouvernées souvent par des régimes totalitaires, et c’est dans les mosquées que s’exprimera le mécontentement social et politique, à travers le rejet de l’idéologie nationaliste en place, et la substitution à celle-ci de l’idéologie islamiste.

Depuis leur exil «Londonistanais» doré, les leaders et théoriciens islamistes justifient ouvertement le jihad, notamment contre les régimes arabes, et lancèrent des fatwas contre leurs opposants justifiant leur excommunication et leur assassinat.

A partir des années 1980, les mouvements islamistes propagent, particulièrement chez les jeunes, une nouvelle idéologie islamiste « révolutionnaire » s’est substituée à l’idéologie nationaliste ainsi qu’à l’islam traditionnel.

C’est de la frange la plus radicalisée de cette jeunesse, dont Khomeyni se servira pour prendre le pouvoir, éliminer ses opposants et mener la guerre contre l’Irak. Instrumentalisé par des puissances occidentales, C’est également cette jeunesse qui fournira quelques milliers de volontaires arabes dits « Afghans » qui se regroupaient dans leur base arrière du Pakistan, dans les brigades internationales combattant l’invasion soviétique de l’Afghanistan. C’est parmi cette jeunesse aussi que se recrutera l’essentiel de la main-d’œuvre terroriste des groupes islamistes armés algériens durant la décennie noire à partir des années 90 du siècle passé, durant la guerre de Bosnie, la guerre d’Iraq dès 2003, la guerre de Syrie et enfin la guerre de Libye.

Les attentats du 11 septembre 2001 étaient le retour de bâton de l’instrumentalisation de la jeunesse djihadiste par l’occident. Un revers qui n’a pas plié ces puissances occidentales de continuer leur instrumentalisation de l’islamisme atteignant son apogée avec la création le DAECH.

L’islamisme et le « printemps arabe »

Le Printemps arabe, pacifique à l’origine, devient un combat intérieur entre des blocs fondamentalement inconciliables : les progressistes d’une part et les islamistes de l’autre. En Tunisie, en Égypte, en Libye et en Syrie, les « révolutions arabes » avaient échappé à ceux qui les ont déclenchées. Un peu partout ce sont les islamistes qui ont raflé la mise lorsqu’on les régimes en place ont chuté.

Aux yeux des plus optimistes, la Tunisie constituait le terreau le plus fécond à une réforme « démocratique ». Ce pays est homogène sur le plan ethnique et religieux, relativement scolarisé, en bonne partie urbanisé et disposant de nombreux acquis en matière de droits de la femme. Malgré que la Tunisie semblait être le pays le plus apte à réussir sa « révolution », l’ascension des islamistes imposa un mélange d’incompétence, de corruption généralisée et d’intolérance et a endigué tout rêve de vraie démocratie et de progrès fondamental. Dès 2011, la Tunisie entra dans une phase de turbulences qui semblent durer, et la crise politique s’installe.

A suivre :

L’idéologie de la haine : le printemps arabe et la défaite annoncée de l’islamisme 2/2

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut