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L’indice de l’inflation reflète-t-il la réalité de la hausse des prix en Tunisie ?

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L’inflation est définie comme étant une hausse généralisée et persistante des prix. Elle a trois causes principales : un accroissement brusque de la demande, la hausse simultanée des prix et des salaires et une politique monétaire indécise qui favorise les fluctuations des taux d’intérêt bancaires et de la liquidité.

En Tunisie, l’inflation est un phénomène structurel et endémique vu le caractère fluctuant de la consommation, la montée des importations, la récurrence des pénuries et le caractère restrictif de la politique monétaire du pays notamment en raison du niveau élevé du taux d’intérêt bancaire de base (7.81%) – hors marges bancaire qui peut attendre 7% pour certains crédits – et de l’insuffisance chronique de la liquidité qui atteint actuellement 11 milliards de dinars.

L’évolution de l’inflation est calculée mensuellement par l’Institut National de la Statistique (INS) qui établit, à cet effet, un indice dénommé l’indice des prix à la consommation (IPC). Cet indice est déterminé en pondérant les variations des prix de 12 familles de produits et services dont le nombre est de presque 1000 et qui sont commercialisés au niveau de quelques 3672 points de vente sur tout le territoire national.

Il importe de signaler que le dernier ajustement de la méthodologie du calcul de l’IPC remonte à 15 ans et ne tient pas compte des disparités sociales et régionales au niveau des revenus et des pouvoirs de consommation des citoyens. Pour cela et d’une façon générale, les consommateurs sentent que l’indice d’évolution des prix qui est de 6.7% en moyenne durant l’année 2019 d’après l’INS, ne reflète pas l’évolution réelle des prix qui est d’ailleurs estimée par plusieurs économistes locaux et étrangers à 10% au minimum.

Dans ce contexte, le centre tunisien de veille et d’intelligence économique relevant de l’union Tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat a demandé aux autorités compétentes de réviser la méthodologie de suivi de l’évolution des prix pour un meilleur rapprochement entre l’inflation ressentie par les consommateurs et celle qui est calculée arithmétiquement.

En somme et au vu de ces données, l’inflation en Tunisie est actuellement un fléau qui ronge le pouvoir de consommation des citoyens, qui a baissé durant les huit dernières de 85% en moyenne, malgré des augmentations salariales annuelles de 5 à 6%. Il en est de même pour l’épargne des ménages qui a enregistré une baisse significative.

D’autres chiffres émanant de l’Institut National de la Consommation, (INC), de l’INS et de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), inquiètent puisqu’un million de tunisiens sont surendettés auprès des banques et 66% de la population est complètement exclue du système financier. Les dettes bancaires des ménages (23930 Millions de Dinars) sont consacrées essentiellement à la consommation courante soit 26.2% pour l’alimentation, 19% pour l’habitat, 12.7% pour le transport et 42.1% pour d’autres besoins vitaux à l’instar de l’éducation, les soins et l’habillement.

Il s’avère que pour remédier à cette situation critique, il est évident de faire baisser le taux d’intérêt bancaire au même niveau du taux de l’inflation et de rationaliser les importations dont le volume s’est élevée à 63.5 Milliards de Dinars en 2019 et ce, pour dynamiser la demande et garantir une meilleure sécurité financière aux tunisiens.

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek