Economie

L’inflation érode l’économie tunisienne (3/3)

L’inflation érode l’économie tunisienne (3/3)

Outre ses effets sur le pouvoir de consommation et les coûts de production, les conséquences de l’inflation se voient dans une large mesure au niveau de la variation de la valeur réelle des créances et des dettes bancaires et son impact sur la rentabilité des entreprises et le commerce extérieur.

Au moment où les taux effectifs d’intérêt en Tunisie (commissions et frais compris) ont atteint à partir de mars 2019 des seuils de 13% pour les banques et 15 à 20% pour les sociétés de leasing, les ravages de l’inflation ont pris de l’ampleur.

Au fait, avec des taux de financement pareils, les marges des professionnels et les entreprises ont été écrasées notamment les PME. La « solution », trouvée par les établissements de crédit était elle-même dévastatrice en raison des consolidations massives des dettes, ce qui a induit la création de nouveaux crédits, donc davantage d’inflation.

A ce niveau, l’endettement important en Tunisie a fait apparaître, également, des transferts considérables de revenus entre créanciers et débiteurs durant le pic de l’inflation. L’appauvrissement des entreprises dues aux écarts des taux de financement a fait le « bonheur » des établissements des crédits qui ont enregistré fin 2018 une marge de taux d’intérêt d’environ 2 milliards de dinars.

Ces écarts ont augmenté ainsi le coût réel de l’endettement en fonction de la différence entre la hausse du niveau moyen des prix et les taux d’intérêt débiteurs (généralement non révisables).

Sous ce même angle, les ménages épargnants ont vu la partie de leur patrimoine constituée de créances liquides ou semi-liquides peu ou non rémunérées érodée par l’inflation. Les ménages endettés ont supporté, quant à eux, des taux d’intérêt réels très élevés, largement supérieurs aux taux d’intérêt nominaux inférieurs à l’inflation.

Les capacités d’endettement et de paiement des crédits des ménages tunisiens ont carrément fondu depuis la décision de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) d’adosser le taux d’intérêt au niveau d’inflation dont le calcul est totalement biaisé.

Le rachat des crédits, une pratique typiquement usurière, se développe actuellement au niveau du secteur financier et ce, souvent contre les normes d’éthique et de gestion des risques du fait qu’elle accentue le surendettement et l’insolvabilité des catégories socioéconomiques particulièrement les plus fragiles.

Le système bancaire, a en conséquence amélioré sa situation financière, au détriment des ménages déposants en exploitant le trend galopant de la courbe de la hausse des prix même si la rentabilité des placements est relativement moins bonne et aux dépens de ses débiteurs quand les taux d’intérêt finissent par rattraper le taux d’inflation nominal et lui deviennent supérieurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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