Economie

Etude – COFACE : Risque social élevé en Tunisie

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La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE) vient de publier une étude intitulée « Nouvelle vague de mouvements sociaux post – pandémie : le commerce international en victime collatérale » indiquant que si les restrictions liées à la pandémie de la COVID-19 ont mis un coup d’arrêt à la recrudescence des mouvements sociaux, une nouvelle vague se profile à l’horizon.

D’après l’étude de la compagnie, la résurgence des contestations, déjà forte depuis 2017, principalement dans les pays émergents, devrait connaître un regain lié à la dégradation sans précédent des indicateurs socio-économiques.

L’étude a cité, à cet effet, la Tunisie parmi les pays où suite à la crise du COVID-19, l’indicateur COFACE du risque social et politique, a atteint 55% en 2020, et ce, avec la Malaisie, l’Inde, la Thaïlande et l’Algérie.

Plusieurs pays en Asie, en Amérique latine, en Afrique et en Europe orientale voient déjà une nouvelle vague de contestation se manifester, alimentée par des facteurs sanitaires, socio-économiques et politiques, assure la COFACE.

D’après la compagnie, les troubles sociaux auront des répercussions sur l’activité économique des pays touchés en l’occurrence la Tunisie, et ce notamment en ce qui concerne leur commerce extérieur. Elle estime aussi qu’un mouvement social de masse a, en moyenne, des effets négatifs particulièrement prononcés et permanents sur les exportations de biens du pays affecté.

Au cours de l’année du mouvement, elles sont, en moyenne, 4,2% inférieures à leur potentiel estimé, martèle la COFACE.

L’écart reste substantiel au cours des trois années suivantes, puisqu’elles restent de 6,3% à 8,9% inférieures et le choc sur les importations est, lui, plus faible et plus transitoire, précise l’étude. Le choc sur le commerce devrait, ainsi, varier fortement selon les formes des mouvements sociaux : leur persistance et leur intensité s’avèrent être des déterminants clés.

Les résultats de l’étude suggèrent également que le choc dépend des revendications du mouvement tout en soulignant, également, que les manifestations qui intègrent des revendications socio-économiques, et qui ont donc le plus de chance d’émerger après la pandémie, ont, en moyenne, des effets plus durables et plus sévères. Trois ans après le choc, les exportations restent ainsi 20,7% inférieures à leur potentiel et les importations, 5,6%. De plus, la faible marge de manœuvre des politiques économiques dans les pays émergents après la pandémie pour limiter les effets de ces troubles sociaux sur le commerce pourrait amplifier ce phénomène.

Certains pays sont déjà entrés, à des degrés divers, dans la nouvelle vague de contestation sociale assure-t-on et la plupart des pays concernés ont vu les pressions s’accroître du fait de la pandémie ou affichaient déjà des niveaux de risque social supérieurs à la moyenne des pays émergents.

Des manifestations se sont également déclarées suite à des crises politiques dans certains pays comme l’Afrique du Sud, le Guatemala et la Tunisie, qui ont été en proie à des manifestations mêlant l’ensemble des facteurs de risque, affirme la COFACE.

Rappelons que d’après la dernière mise à jour faite par la COFACE en mars 2021, la Tunisie est classée au rang C en termes de risque pays ce qui correspond au « Risque Elevé ». Selon la COFACE, la Tunisie est un pays qui présente plusieurs points faibles justifiant cette notation à l’instar des fortes inégalités sociales et géographiques, le taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes (36,5%), conduisant à la multiplication des manifestations et des troubles sociaux.

Elle pointe, aussi, d’autres problèmes tels que le déséquilibre structurel des comptes publics (entreprises publiques déficitaires, salaires représentant 60% des dépenses primaires, poids élevé des subventions), déficience des services publics et les problèmes auxquels est confronté le tourisme notamment d’ordre sécuritaire, concurrence étrangère accrue, manque d’investissement, et diversité limitée tant en gamme qu’en thèmes et ce, parallèlement à la porosité de la frontière avec la Libye, source d’insécurité.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek