Economie

L’Office national des aliments du bétail en Tunisie : Un pas en avant vers la souveraineté alimentaire

Partager

La Tunisie vient de créer l’Office national des aliments du bétail, une initiative visant à résoudre les problèmes chroniques liés à l’importation, la distribution et la production locale d’aliments pour le bétail.

Cependant, malgré les intentions louables derrière cette création, les experts du secteur demeurent sceptiques quant à la capacité réelle de cet organe à surmonter une crise qui menace toute la filière de l’élevage dans le pays.

La crise de l’alimentation animale

L’un des principaux défis est la crise de l’alimentation animale, exacerbée par la hausse des prix des matières premières comme le soja et le maïs sur les marchés mondiaux.

Cette augmentation des coûts a entraîné une baisse de la productivité des animaux et des pertes de revenus significatives pour les éleveurs tunisiens. La dépendance à l’égard de ces matières premières importées rend le secteur particulièrement vulnérable aux fluctuations des prix internationaux.

Le manque de diversification des produits

Les éleveurs tunisiens souffrent également du manque de diversification des produits destinés aux ruminants.

La liste des produits importés disponibles est limitée, ce qui restreint les options d’aliments moins coûteux et adaptés aux besoins nutritionnels variés du bétail. Cette situation impose des contraintes supplémentaires sur les éleveurs, qui peinent à trouver des alternatives viables.

La gestion des ressources alimentaires biologiques

La Tunisie est déficitaire en matières premières et fourrages biologiques, rendant difficile la production d’aliments équilibrés pour le bétail. La gestion des ressources alimentaires biologiques est un défi majeur, surtout dans un contexte où la demande pour des produits de haute qualité nutritionnelle augmente.

L’utilisation de protéines déficitaires dans l’alimentation animale a conduit à une augmentation des rejets azotés, avec des effets potentiellement néfastes sur l’environnement. Cette situation souligne l’importance de trouver des solutions durables pour réduire l’impact environnemental de l’élevage.

La menace sur la production de viande

La production de viande est menacée par la régression de 50% du rythme d’approvisionnement en tourteau de soja local et par la détérioration des réserves.

Cela a un impact direct sur la capacité des éleveurs à maintenir des niveaux de production stables et rentables.

Les solutions proposées par les experts

Diversification des produits importés

Les experts suggèrent de diversifier les produits importés afin de trouver des alternatives moins coûteuses pour les ruminants. Il existe sur les marchés internationaux plusieurs produits qui pourraient être importés à des prix plus intéressants pour les bovins et les ovins. La diversification permettrait de réduire la dépendance à quelques matières premières coûteuses et de stabiliser les coûts d’alimentation.

Réduction des tarifs douaniers

Une autre proposition est de revoir à la baisse les tarifs douaniers pour l’alimentation animale. Cette mesure rendrait les importations plus accessibles et aiderait à réduire les coûts pour les éleveurs, améliorant ainsi leur rentabilité et leur compétitivité.

Soutien aux agriculteurs

Les experts soulignent l’importance de soutenir les agriculteurs dans la production du fourrage nécessaire. Cela inclut un soutien financier et logistique pour encourager la rotation des cultures, essentielle à la revitalisation des sols et à l’alimentation animale.

Il y a quelques années, l’État a soutenu la culture du blé, ce qui a conduit les agriculteurs à se concentrer sur cette culture au détriment des légumineuses, cruciales pour l’alimentation animale. Une stratégie de redynamisation de la filière devrait inclure un soutien accru à la culture des légumineuses.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek