Economie

Loi de finances 2023 : Une bonne nouvelle pour Nemsia et deux mauvaises

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La ministre des Finances, Sihem Nemsia, a annoncé la couleur ce mercredi 30 novembre sur une radio privée : La Loi de finances 2023, à laquelle on apporte les dernières retouches, sera sous le sceau de la fiscalité. Ou plutôt de l’élargissement de l’assiette fiscale. Comprenez par là que ce sera la taxation tous azimuts. Tout ce qui peut être rincé le sera, sans ménagement…

Au nom de l’équité et de la justice fiscales, le gouvernement traquera le secteur parallèle pour faire rentrer dans les rangs tous ceux qui passaient entre les gouttes. Ce ne sera pas simple techniquement, sans parler des risques de déséquilibre d’un certain ordre social qui faisait tout de même vivre des pans entiers de la société. Beaucoup de gouvernements de l’après-Révolution ont pris ce chemin mais ont fini par battre en retraite.

Reste qu’à part le fait que cette réforme fiscale soit une des exigences fortes du FMI c’est aussi, théoriquement, un moyen “facile” de remplir les caisses publiques. Mais attention à deux choses : D’abord à force de trop traire la vache – pression fiscale – le lait risque de se tarir. Par ailleurs il ne faut pas oublier le deuxième étage de la fusée : Une vraie politique de relance de l’économie pour multiplier les niches et pour le coup élargir réellement l’assiette fiscale. A force de presser – fiscalement – les mêmes comme des citons on risque de tuer la bête, de tuer le peu qui fonctionne. Donc attention…

Sur le papier cette réforme a au moins le mérite de mettre d’accord le gouvernement, l’UTICA et l’UGTT. En effet au nom de cette même équité fiscale, patrons et centrale syndicale appelaient de tous leurs voeux une stratégie digne de ce nom pour aller débusquer l’économie parallèle et l’obliger à apporter sa juste contribution à l’effort national. Donc théoriquement ce que promet le gouvernement aura le mérite d’établir une sorte d’union nationale autour des orientations fiscales. C’est une très bonne nouvelle pour le gouvernement, mais ce sera la seule…

En effet le patron des patrons, Samir Majoul, qu’on a peu entendu dernièrement, est sorti du bois pour fixer une ligne rouge sur d’autres taxes ciblant le secteur privé. Bon, Sihem Nemsia n’a pas dit formellement qu’elle va ajouter une autre couche à la pression fiscale que subit déjà le secteur privé, mais c’est ce que ne dit pas le gouvernement ou ce qu’il pourrait dire – vu que la Loi de finances 2023 n’est pas encore finalisée – qui inquiète l’UTICA…

Les patrons sont effrayés à l’idée que l’équipe de Najla Bouden se vautre sur la solution de facilité la plus répandue dans le monde pour muscler le budget de l’Etat : Taxer à outrance. Donc Majoul et compagnie prennent les devants pour ne pas que le gouvernement regarde dans leur direction.

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, qui lui aussi s’est fait discret dernièrement, a également des choses à reprocher au gouvernement, notamment la flambée des prix qu’elle accuse de masquer ou préparer une levée effective des subventions. Avec des mots très durs il a pointé le palais de la Kasbah. Taboubi avait déjà évoqué le sujet à trois reprises, publiquement, mais là le ton monte…

Va-t-on vers un combat entre l’organisation la plus puissante du pays – épaulée en quelque sorte par l’UTICA – et l’exécutif ? L’avenir nous le dira.

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