Economie

L’Open Banking transforme profondément le secteur bancaire

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Au fur et à mesure que l’open banking se développe, les consommateurs et les entreprises peuvent bénéficier de frais réduits et d’une plus grande capacité à tirer parti de leurs données financières à condition qu’ils puissent contrôler le risque de vol ou d’utilisation abusive de leurs données, souligne une note parue récemment au prestigieux magazine « Global Finance ».

L’open banking est depuis près d’une décennie présentée comme le prochain grand événement des services financiers, à commencer par l’adoption par l’Union européenne de la directive révisée sur les services de paiement (DSP2) en 2018. Cette directive avait pour but de faciliter la banque en ligne en obligeant les banques à rendre leurs données disponibles de manière sécurisée et normalisée, facilement partageables par les clients et les organisations autorisées à les recevoir.

Progrès colossaux

Porté par la DSP2 en Europe et la directive sur l’open banking au Royaume-Uni la même année, les fintechs et les grandes banques de ces juridictions ont utilisé l’open banking pour offrir des services tels que l’agrégation de comptes, une gestion financière personnelle plus complète, l’ouverture plus rapide de nouveaux comptes et demandes de crédit, entre autres. Les commerçants peuvent utiliser des solutions d’open banking pour améliorer leurs outils financiers et leurs flux de paiement.

Les progrès dans certaines régions ont été rapides et devraient s’accélérer, indique la note tout en ajoutant que deux ans seulement après la DSP2, un rapport d’Allied Market Research a estimé la valeur du marché mondial de l’open banking à 7,29 milliards de dollars et prévoit qu’elle atteindra 43,15 milliards de dollars d’ici 2026. Un rapport de McKinsey en 2021 a estimé que l’adoption généralisée d’écosystèmes de données ouvertes pourrait stimuler le PIB de 1% à 1,5% en 2030 dans l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis, et de 4 % à 5 % en Inde.

Efficacité, Fonctionnalité

Le principe fondamental de la banque ouverte (open banking) est que la propriété des données bancaires appartient au client, et non à sa banque ou à ses banques. L’objectif est de donner aux clients une gamme plus large de possibilités pour utiliser leurs données. Et si cela donne aux entreprises technologiques plus d’opportunités pour créer des produits et services innovants, les banques ont également la possibilité d’offrir à leurs clients des solutions plus efficaces, sécurisées et fonctionnelles avec une valeur ajoutée.

L’agrégation d’informations sur les comptes bancaires permet aux consommateurs de mieux comprendre et d’analyser leurs avoirs et leurs flux de trésorerie globaux. Elle permet également aux institutions financières telles que les prêteurs d’accéder rapidement à des informations provenant de différentes banques.

Sécurité des données

La concurrence dans ces domaines – les paiements, les services construits sur l’agrégation d’informations de compte – offre aux entreprises et aux consommateurs une plus large gamme de choix, mais comporte également des risques. Le partage accru de données entre les banques et les tiers accroît le risque que les données puissent être volées et utilisées de manière abusive. Cela exige que toutes les parties maintiennent une forte concentration sur l’intégrité financière et la cybersécurité.

Cela étant dit, les banques et les fintechs s’attendent clairement à ce que les outils et processus de la banque ouverte deviennent une attente courante pour les consommateurs et les clients d’entreprise dans les années à venir.

Evolutions et défis en Tunisie

Marouane Abassi, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a déclaré le 23 février dernier que l’institut d’émission entend être une Banque Centrale crédible, résiliente, et innovante, à l’avant-garde des transformations financières, inclusives et durables et ce, à la marge de l’ouverture des travaux des Journées annuelles du Club des Dirigeants de Banques et Etablissements des Crédits d’Afrique» qui se sont tenues à Tunis sous le thème : «Quelle réglementation bancaire pour les économies africaines ?».

Il a rappelé les diverses mesures prises à cet effet. Le gouverneur El Abassi a déclaré aussi que «la BCT entend implémenter une politique d’Open Banking afin de favoriser l’émergence de nouveaux cas d’usage plus attrayants qui profiteraient à toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur des services financiers. ».

Selon le gouverneur, les régulateurs africains se retrouvent appelés à gérer de nouveaux enjeux et défis qui viennent s’ajouter aux répercussions de la crise sanitaire et qui façonnent d’ores et déjà le monde post-covid.

L’un des défis majeurs, posées, à cet effet, scrute l’accélération des mutations liées à la révolution numérique porteuse d’opportunités mais concourant également à l’émergence de nouveaux risques que le secteur bancaire devra correctement appréhender pour réussir cette transformation.

L’ensemble des évolutions du secteur appelle à un changement de paradigme n’interpellant pas uniquement les institutions financières, mais également les régulateurs bancaires africains, avec une rupture progressive avec l’approche de régulation bancaire régalienne en faveur d’une résilience inclusive. Les autorités de régulation sont à ce titre appelées, à s’acquitter du rôle de propulseur et de facilitateur afin d’ancrer la dimension économique et sociale dans la gouvernance des banques assujetties dans leurs modèles d’affaires, martèle Marouane Abassi.

Aussi, le foisonnement de nouveaux acteurs tels que les fintechs pose-t-il un véritable challenge aux régulateurs qui sont amenés à migrer progressivement d’une approche « rule-based » vers une approche « principle-based » plus favorable à l’expérimentation et à l’émergence de l’innovation, note-t-il.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek