Un aspirateur qui tourne à plein régime, indéfiniment, au détriment des pays en voie de développement qui ont plus que jamais besoin de leurs compétences… Mais voilà, quand la puissance occidentale parle, avec ses ponts d’or offerts aux cerveaux et talents africains, il n’y a pas grand-chose à faire pour s’y opposer. Le rapport de force est trop inégal et dans les pays du Sud il n’y a aucune volonté politique pour l’inverser, alors que les ressources naturelles permettent largement de développer ces contrées pour y fixer les compétences. L’Union européenne (UE) a un trou de 1,2 million de travailleurs dans le secteur de la santé (médecins, infirmiers, sages-femmes…). On sait où elle piochera pour résorber ce déficit de main d’oeuvre.
Les 27 Etats-membres de l’UE vont se livrer à une concurrence féroce pour capter les travailleurs qualifiés dans un secteur vital, et bien entendu beaucoup de ces compétences viendront des pays hors Europe. Ce sont les mêmes destinations – Tunisie, Maroc, Algérie, etc. – qui vont trinquer au nom du droit des Européens à avoir des soins de santé de qualité. Le vieillissement de la population européenne augmente la demande. A côté de ça il y a les départs massifs à la retraite des professionnels de santé…
Tout ça fait beaucoup de postes vacants à pourvoir ; ce n’est pas tout, il y a aussi la désaffection croissante pour les carrières médicales et paramédicales dans beaucoup de pays européens. Ce que les Européens jugent trop harassant, mal payé et nocif pour l’équilibre mental, ils trouveront toujours d’autres malheureux pour le faire à la place. La misère du monde est la meilleure amie des nations nanties.
D’après le rapport EURES 2023 plusieurs pays européens sont lourdement impactés par le déficit de personnels de santé. L’Allemagne, par exemple, a un trou de plus de 300 000 infirmiers. En Irlande, près de 15% des postes dans le secteur de la santé demeurent vacants. La Suisse et la Norvège, qui ne sont pas membres de l’UE, toucheraient le fond sans ces travailleurs étrangers qui maintiennent à flot les services médicaux.
Mais même avec tout ça les Européens ne sont pas tirés d’affaire. Les besoins immédiats sont de 1,2 million de professionnels de santé, mais si le remède n’intervient pas rapidement ce sera un cataclysme d’ici 2030. Il y a des raisons de craindre une chute drastique de la qualité des soins et des délais d’attente ahurissants pour les patients européens. La Commission européenne, très volontaire sur tous les dossiers (un peu trop d’ailleurs), est montée au front et a appelé à la rescousse l’Organisation mondiale de la santé (OMS)…
Les deux parties ont mis sur orbite un méga plan pour attirer et fixer les travailleurs du secteur de la santé, rapporte le site Schengen News. Ce projet, signé à Varsovie, capitale de la Pologne (elle occupe actuellement la présidence tournante de l’UE pour le premier semestre de 2025), est censé régler les problèmes des Européens. Pour les difficultés que cela pose aux pays émergents qui forment ces compétences on repassera. L’OMS est complice de ça.
Sur une période de 36 mois, les États membres prioritaires de l’UE auront un appui conséquent pour muscler leurs effectifs dans les métiers de la santé. Tout sera fait (plans de carrière, salaires, conditions de travail…) pour rendre ces emplois plus attrayants pour les nouveaux candidats et pour fidéliser les professionnels déjà cooptés. Un fonds européen très substantiel a été dégagé pour ce plan. Par ailleurs on parle de plusieurs centaines de millions d’euros pour épauler les pays les plus affectés, tels que l’Autriche et le Danemark.
Il est question d’embaucher – encore plus car les Européens le font déjà – des professionnels de santé formés à l’étranger, c’est même le point central. D’après les données de l’OMS, quelque 20% des infirmiers en Norvège et 30% en Suisse viennent d’autres pays. L’UE a l’intention d’aller encore plus loin. C’est peut-être une excellente nouvelle pour cette Europe vieillissante, une très bonne pour les compétences qui rêvent d’ailleurs (et encore il faut voir, il y a aussi du désenchantement) mais certainement pas pour l’Afrique.
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