Coups pour coups… L’Union européenne (UE), comme du reste le Canada, le Mexique et la Chine, avait dit qu’elle ne flancherait pas face à la guerre commerciale inédite imposée par le président américain, Donald Trump. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait dit en janvier dernier que l’UE riposterait à la hauteur de l’attaque américaine ; le président Emmanuel Macron l’a corroboré le 3 février et l’a répété lors de son déplacement au Portugal, les 27 et 28 février. La Commission européenne, pilotée par l’intraitable Allemande Ursula von der Leyen, passe à l’action ce mercredi 12 mars au matin.
La Commission a officialisé dans un communiqué une kyrielle de droits de douane «forts mais proportionnés». La surtaxe cible une liste de produits américains et les hostilités commencent le 1er avril prochain, et ce n’est pas un poisson d’avril. C’est la réplique des Européens aux taxes américaines de 25% sur l’acier et l’aluminium.
L’UE «regrette profondément» les mesures édictées par le président Trump, a fait savoir la présidente de la Commission dans ce communiqué. «Les droits de douane sont des taxes. Elles sont mauvaises pour les affaires et encore pires pour les consommateurs (…). Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux États-Unis».
Les Américains seront très sensibles à ce dernier morceau, c’est pour les mêmes raisons que l’administration américaine a renoncé dans la même journée à la taxe ahurissante de 50% sur les produits canadiens. Une annonce faite hier mardi et retirée quelques heures après. Les citoyens des trois Etats américains (New York, Minnesota, Michigan) auxquels la province canadienne de l’Ontario livre de l’électricité se sont rappelés aux bons souvenirs de la Maison-Blanche…
Il y a aussi les dégâts collatéraux que subissent les chefs d’entreprises américains, les investisseurs, les marchés boursiers, les milliardaires qui peuplent l’univers de Trump, les consommateurs lambda, etc.
S’agissant de l’UE, la Commission n’a pas dévoilé la liste exhaustive des produits qui seront frappés, on sait juste que les droits de douane séviront bel et bien «sur des produits allant des bateaux au bourbon en passant par les motos (…). Pour la première fois, ces mesures de rééquilibrage seront mises en œuvre dans leur intégralité», précisent les collaborateurs de Mme von der Leyen.
Autre annonce : le 1er avril 2025 les contre-mesures de l’UE instaurées en 2018 et 2020 en représailles aux droits de douane américains du premier mandat de Trump seront automatiquement reconduits, leur gel arrivant à échéance ce 31 mars. Donc à la lumière de la cohorte de produits touchés en 2018 on a une petite idée de ceux qui trinqueront à la fin du mois. Les voici :
- L’acier : des dizaines de produits tels que certaines gammes d’aciers laminés, les barres en acier inoxydables, les tubes sans soudure, les fils en acier, des portes, des fenêtres, etc.
- L’Agriculture et l’alimentation : haricots, maïs et riz (transformés ou pas), airelles, jus d’orange, beurre de cacahuète, bourbon, cigares, cigarettes, tabac pour pipes, à rouler, à chiquer ou à priser.
- Le textile : t-shirts et maillots de corps en coton, laine ou matière synthétique, pantalons «denims» (les jeans) ou en coton, shorts, linge de lit en coton et certaines chaussures en cuir.
- Les véhicules : motos de cylindrée supérieure à 500 cm3 (dont les Harley Davidson), bateaux à voile, de plaisance ou de sport, avec ou sans moteur, bateaux à rames et canoës.
- Autres produits : maquillage pour les yeux, vernis à ongles, fond de teint et cartes à jouer.
Et la liste devrait s’allonger étant donné que les nouveaux droits de douane américains appliqués mercredi vont bien au-delà du tour de vis du premier mandat de Trump. En conséquence la Commission européenne a mis en branle ce 12 mars une procédure pour arrêter des contre-mesures additionnelles afin de causer aux USA autant de dégâts que les décisions de Washington.
Le premier stade de cette contre-attaque est une phase de «consultation de deux semaines avec les parties prenantes de l’UE» pour être certain que «les bons produits» seront ciblés et «assurer une réponse efficace (…) réduisant au minimum les perturbations pour les entreprises et consommateurs européens». Ces mesures supplémentaires devraient entrer en vigueur mi-avril.
La Commission est d’avis que les mesures américaines toucheront 28 milliards de dollars de marchandises, soit 26 milliards d’euros. Elle a annoncé que la riposte de l’UE ciblerait le même montant de marchandises américaines. Donc c’est parti pour un long bras de fer, à moins que la Maison-Blanche recule devant les déflagrations aux Etats-Unis, comme elle a plié à deux reprises au moins face au Canada et au Mexique…
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