Economie

L’UGTT va elle-même réformer les entreprises publiques…

L’UGTT va elle-même réformer les entreprises publiques…

Sans doute pour éviter que le gouvernement fourre trop son nez dans les affaires des entreprises publiques, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a préféré anticipé l’inévitable et prendre les devants sur les réformes. Durant longtemps la centrale syndicale a joué les empêcheurs de tourner en rond -Youssef Chahed en sait quelque chose -, mais là le pays est dos au mur et son avenir immédiat – le financement du FMI – passe par la restructuration profonde des entreprises publiques, dans un piteux état. Alors au lieu d’attendre que l’équipe de Najla Bouden fonce dans le tas, avec la casse sociale qui va avec, l’UGTT préfère s’en occuper elle-même…

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, avait fait savoir que ses experts travaillaient déjà sur la restructuration des entreprises publiques. Ce mercredi 19 janvier il a livré à la presse les détails de cette affaire. Il a confirmé que la Société des industries pharmaceutiques de Tunisie (Siphat) sera le premier gros chantier. La Pharmacie centrale devrait suivre, ainsi que 7 autres entreprises publiques en grande difficulté, et le mot est faible…

Le hic c’est qu’à aucun moment Taboubi ne mentionne le leadership de la cheffe du gouvernement, dont c’est pourtant l’affaire. Alors cela signifie-t-il que le leader de la centrale syndicale aurait reçu un chèque en blanc de la part de l’exécutif du fait du réchauffement de ses liens avec le président de la République, Kais Saied ? Quand on y réfléchit bien, il vaut mieux une UGTT à la manoeuvre au premier rang pour les réformes qu’une UGTT qui les subit avec le risque de les rejeter, comme elle l’a fait durant 10 ans…

Par ailleurs Taboubi s’est bien gardé de se joindre à la bronca de l’opposition le 14 janvier 2022, ne pipant mot sur cette affaire alors que le symbole est fort pour elle et l’unilatéralisme de Kais Saied on ne peut plus offensant. Mais le leader de la centrale syndicale sait aussi mettre de l’eau dans son jus quand les intérêts suprêmes de la puissante organisation sont en jeu…

Quitte à en déstabiliser plus d’un au sein de ses troupes, Taboubi a beaucoup à gagner, personnellement, en faisant profil bas. En effet s’il arrive à négocier les premiers rôles dans la restructuration des entreprises publiques, il retient au maximum les coups du gouvernement sur les salariés, un affichage qui est très bon pour les petites affaires du leader syndical qu’il est, surtout quand on a le très ambitieux Lassaad Yacoubi à ses trousses…

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