Economie

L’Union des agriculteurs ne connait ni le prix d’un kg de poulet ni le volume de la production des petits éleveurs

Partager

L’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) vient de publier au début de cette semaine un communiqué où il a été a demandé aux éleveurs de volailles de diminuer de 50% leur production et de vendre de poulets vivants.

Le communiqué a indiqué que son appel vient à la suite aux pratiques des grandes entreprises à la filière de l’aviculture consacrant leur position dominante pour l’achat des volailles aux producteurs en deçà du prix de revient.

L’organisation professionnelle a fustigé ses manœuvres tout en évoquant les difficultés auxquelles fait face la filière particulièrement à cause de l’accroissement continu et abusif des prix de l’alimentation animale.

L’organisation agricole a appelé les agriculteurs à être solidaire et à ne pas céder à la spéculation sur leurs revenus.

En revanche, l’UTAP a oublié que la réduction de la production demandée aux éleveurs ne peut qu’accroître le prix, vu que les grandes entreprises gérant la filière disposent de stocks importants qui peuvent les écouler sur des mois. Entre temps, les éleveurs n’arriveront pas à supporter le coup et finiront par faire faillite.

Jouer sur un simple appel à la réduction du volume de le production et non sur la lutte pour l’établissement des prix référentiels sur toute la chaîne de valeur, dénote non seulement l’« ignorance » par l’UTAP des indicateurs clés et des fondamentaux de la filière (analyse des données liées aux prix, facteurs de compositions des coûts, recherche opérationnelle sur la production…)  mais aussi son orientation, à mettre les éleveurs à genoux qui sont financièrement asymétriques par rapport aux grandes firmes de transformation et de commercialisation.

L’organisation professionnelle a oublié aussi le sort du consommateur final, les répercussions d’une éventuelle pénurie sur les marchés qui ne peut que raviver la spéculation et la hausse illégale des prix ce qui biaisera les mécanismes commerciaux et en conséquence de production et de stockage au détriment des intérêts des agriculteurs que l’UTAP prétend les défendre.

Rappelons que la situation de monopole de l’alimentation animale dure depuis des années et s’est aggravée alors que l’UTAP ne l’a jamais dénoncée ni proposé d’alternative.

Pour mémoire et à la suite de multiples appels, le 31 août dernier, le ministère du Commerce et du Développement des exportations a annoncé l’application de nouveaux tarifs de vente de volailles à partir du premier septembre 2021.

Ainsi, le ministère a fixé le prix de vente des volailles dans les abattoirs à 6 dinars le kilo pour le poulet et à 11,7 dinars le kilo en ce qui concerne l’escalope de dinde.

En ce qui concerne, le prix de vente au public, le ministère a souligné que ce dernier est à hauteur de 6,9 dinars le kilo pour le poulet et à 13,5 dinars le kilo d’escalope de dinde. Le ministère a également fixé la marge des bénéfices sur les produits dérivés des viandes de volailles à un taux de 15%.

Le ministère du Commerce et du Développement des exportations a affirmé, par ailleurs, que toute violation des prix et marges de bénéfices conduira son auteur à être sanctionné conformément aux dispositions des lois en vigueur.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek