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Ma vie: Célibataire vit avec ses parents à Mégrine

Ma vie: Célibataire vit avec ses parents à Mégrine

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Skander a 40 ans, il est sans emploi. Il habite à Mégrine dans la spacieuse villa familiale avec ses 2 parents.

Les deux parents de Skander sont retraités de la fonction publique. Sa maman a 65 ans et son père a 69 ans.

Skander a un frère ainé de 42 ans, Mounir, qui travaille, est marié et vit ailleurs avec sa femme et leur fils unique.

Le look de Skander est décontracté : il porte des gougounes (des tongs) et ses cheveux sont longs.

Skander n’a jamais travaillé de sa vie, il explique les raisons de son choix.

Skander qui s’est présenté à nous comme ‘‘un chômeur volontaire’’ nous affirme qu’il n’a jamais cherché à travailler et que c’est son choix.

Skander nous raconte qu’il a étudié jusqu’au baccalauréat, qu’il a ‘‘raté’’. Depuis cet échec, il a décidé d’abandonner et d’arrêter ses études. Sa famille l’a encouragé à suivre une formation professionnelle. Ce qu’il a catégoriquement refusé.

Skander nous parle de cette période délicate de sa vie : « Entre mes 20 et 30 ans mes proches n’ont pas cessé de m’embêter- مرجولي كبدتي pour que je décroche un boulot et que gagne de l’argent- نطر الفرنك disaient-ils. Après mes 30 ans, ils ont perdu espoir en moi- أيسو مني. Avec le temps ils ont fini par accepter ma décision de ne pas travailler. »

Skander nous confie : « En fait, je décidé de ne travailler que pour mon compte. Soit je suis mon propre patron dans ma société, soit je reste à la maison. C’est par principe. ». 

Skander rajoute avec insistance : « D’ailleurs, je trouve qu’actuellement, il n’y a pas de raison pour que je travaille. J’ai déjà tout ce que les gens rêvent d’avoir. J’ai la maison et nous vivons plus que décemment ‘‘ عايشين مستورين’’, hamdoullah. ».

Skander nous dit qu’il ne connait pas les montants des pensions de retraite de ses parents, tous les deux anciens cadres. Il rajoute en plaisantant : « Même mon père ne connait pas à combien remonte la pension de retraite de ma mère. ».

Skander revient sur sa décision de ne pas travailler : « Peut-être un jour, je vais essayer de travailler. Actuellement je ne suis pas obligé. Premièrement :  je ne suis pas dans le besoin. Deuxièmement : Je suis à l’aise, la situation actuelle m’arrange. ».

Skander rajoute rapidement : « Mon mode de vie est le meilleur ». Il tient à préciser : « Je suis disponible pour ma famille, je fais les courses, mais uniquement si je le veux, c’est volontaire. »

Skander affirme que son frère marié est jaloux

Skander nous parle de son frère Mounir: «Mon frère ainé est marié, il a beaucoup de charges : son loyer, les frais pour son fils, le crédit de la voiture, les dépenses pour la maison,… Mounir est pris au piège محصور ومغصور. Chaque fois qu’il passe me voir, il me dit : t’es le seul qui a compris la vie   إنت فهمت الدنيا»

Avec aisance Skander nous confie  : « Je veux être libre et ne dépendre de personne. Je ne veux pas qu’on m’enchaîne, qu’on décide pour moi et qu’on planifie ma vie. Je ne veux pas suivre les horaires de bureau, ni recevoir les ordres.  Je vis comme un oiseau, je fais ce que je veux. ».

Skander nous avoue vivre de la retraite de ses parents : « C ’est vrai, je dépends de mes parents, que dieu les garde pour moi ربي يخليهملي. Actuellement, je me sens très bien. Je suis satisfait de ma vie. »

Skander décrit son quotidien

Skander nous raconte : «Chaque jour, je me réveille vers 15h . Je prends mon argent de poche pour la journée que mes parents me laissent. Parfois c’est les deux parents qui participent, parfois c’est l’un d’eux. Des fois c’est seulement 5 dinars, des fois c’est 20 dinars, ça dépend des journées كل نهار وقسمو » .

Skander rajoute : « Je prends mon argent et je sors. La première destination est la tabagie du coin ‘‘Hamass   الحماص’’. Je prends un journal et j’achète un cake. Je vais au café, je passe ma commande, je lis mon journal, sans séparer les pages pour pouvoir le rendre au Hamass. C’est ainsi que je ‘‘tue’’ le temps. Mon petit déjeuner habituel est composé d’un café express avec un cake. Quand j’ai suffisamment d’argent, je commande une chicha le matin.  Sinon, je fume une chicha le soir. Très souvent, c’est 2 chichas par jour enfin si ma cagnotte le permet ».

Skander continue : « Je fréquente toujours ce même café à côté de ma maison. Le propriétaire est un ami et je fais comme chez moi. Je prends la télécommande et je mets Bein Sport ou National Geographic. J’adore regarder la vie des animaux. Bien sûr les clients du café comme les vieux monsieurs, préfèrent Aljazeera et Arabiya, je suis leur bête noire. On se dispute pour les chaînes de télé chaque jour ! ».

Skander rajoute : « Je reste au café jusqu’à 17h, ensuite je rentre, je déjeune, je me connecte un peu à Internet pour suivre les infos de mon équipe préférée Real Madrid. J’aime aussi regarder le tennis, Rafael Nadhal et Roger Federer sont mes tennismans préférés. Vers 20h, je ressors et je retourne à mon café.  Je joue au Rami et à la Belotte avec mes 3 amis, ça fait 20 ans qu’on joue ensemble. ».

Skander nous précise : « En hiver, on reste jusqu’à minuit. En été on peut veiller jusqu’ 3h du matin, le propriétaire du café veille avec nous. Après je rentre chez moi, je joue aux jeux vidéo, je surfe sur Facebook et je me couche vers 7h du matin. ».

Les filles, OUI. S’engager, NON.

Skander se définit comme un ‘‘célibataire endurcit’’. Il nous explique son choix : « Pour moi, construire une relation pour s’engager, c’est une perte du temps et une responsabilité. Je ne veux pas de ça. Quand je m’ennuies de rester dans le quartier, j’appelle ma clique d’amis.0n sort chaque fois dans un endroit diffèrent. Parfois les filles sortent avec nous. J’ai beaucoup d’amies filles. Ce ne sont que des amies, pas plus. Je ne veux pas ‘‘titulariser نرسم ’’ une fille. ».

Les bons kifs et les plaisirs de Skander

Skander nous parle de ce qu’il aime : «Hamdoullah, je n’ai pas de vices, sauf, peut-être la chicha. Je ne peux pas passer une journée sans ma Chicha Jirak شيشة جراك. J’adore rester au café avec ma chicha et un garçon de café à ma disposition pour renouveler la braise  ولعة. »

Fiérement Skander nous lance : « C’est moi le DJ du café. Je gère la playlist des chansons. Je mets Oum Kalthom et Abdel Halim Hafez. C’est mon bon kif, c’est mon bonheur, tout ce que j’aime. Beaucoup de gens aiment l’Astre de l’Orient   كوكبة الشرق et le Rossignol du Caire العندليب الأسمر comme moi. ».

Avec un sourire moqueur plein le visage Skander nous dit : « Mes amis qui passent prendre café après leur travail, ne peuvent pas rester tranquilles même pas 30 min. Leurs femmes n’arrêtent pas de les harceler par téléphone : amène le pain, achète le goûter pour ton fils, n’oublie pas d’acheter les œufs. Leurs femmes transforment ces 30 minutes de paix en enfer. Moi, je n’ai pas ça. A la maison j’aide ma famille, si je veux et selon mon humeur du jour. ».

Les vacances sponsorisées

Skander nous parle de ses vacances : « Je ne suis plus un enfant, je n’achète rien pour Aid Sghir. En été je participe avec mes amis à la location d’une maison à la plage. Comme d’habitude ce sont mes parents qui financent mes vacances. ».

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