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Ma vie : Couple avec 01 bébé de Hammam Lif

Ma vie : Couple avec 01 bébé de Hammam Lif

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Badreddine, 33 ans, fonctionnaire.

La femme: Sabrine, 28 ans, femme au foyer.

Badreddine est à son deuxième mariage. Il est marié à Sabrine, 28ans. Le couple, récemment formé, a une fille d’un an, Senda. La petite famille habite à Hammam Lif.

Badreddine est fonctionnaire dans une société étatique.  Il touche un salaire mensuel de 1850 dinars et ce sans compter les primes et les autres avantages sociaux.

Le couple paie un loyer de 350 dinars par mois et n’a pas de voiture.

Avant de connaître Sabrine, Badreddine été marié à Fatma, sa première femme, avec qui il a un fils de 3 ans.

Suite à son divorce avec Fatma, Badreddine paie une pension alimentaire de 400 dinars par mois.

Sans question directe Badreddine nous parle de son divorce : « Je ne regrette pas mon premier mariage, j’avais 26 ans. Ma belle famille considérait que je n’étais pas prêt à me marier. Je venais tout juste de commencer à travailler… ma situation financière n’étais pas assez bien pour eux. Je regrette mon choix de personne, pas le mariage. »

Badreddine poursuit : « Quand j’ai divorcé, ma famille disait que je devais faire une pause de 2 à 3 ans avant de refaire ma vie. Les choses ne sont pas passées comme ça. La procédure de mon divorce a duré 8 mois. Durant cette période, j’ai rencontré ma nouvelle femme, Sabrine. ».

En regardant tendrement sa petite fille, Senda, dormant dans les bras de sa maman, Badreddine nous lance : « Suite à mon expérience, je veux donner un conseil aux plus jeunes, qui ont peur de s’engager et de fonder une famille. La famille nous protège de vices et nous assure la stabilité dans ce monde instable. Le plus important : c’est de bien choisir sa partenaire. Faites le bon choix. »

Badreddine reprend rapidement pour rajouter : «Je suis très heureux dans mon deuxième mariage. Depuis, j’ai délaissé les cafés et les sorties avec mes copains pour me consacrer à ma famille. Après la naissance de Senda, je dédie ma vie à ma famille. Sabrine et moi faisons des sacrifices pour notre enfant ».

Badreddine nous confie : « On dit que l’éducation d’un enfant est un travail. C’est maintenant que je m’en rends compte. C’est difficile autant moralement que financièrement. ».

Profitant d’une petite absence de sa femme Sabrine qui a quitté la pièce, Badreddine rajoute presque en murmurant : « Je me sens coupable par rapport à ma première famille. Chaque jour je me questionne : peut-être qu’il fallait être plus tolérant et faire des efforts pour conserver la famille pour mon fils. Je ne le vois qu’une fois par semaine. Il me manque beaucoup. Mais mon couple battait de l’aile. Il fallait que je divorce, je ne pouvais plus continuer. ».

La voiture comme projet

Badreddine nous parle du projet familial : « Quand ma femme va avoir un travail, on achètera une voiture populaire. On est déjà inscrit à une liste d’attente de 6 ans. » Il rajoute : « Sabrine ne travaille pas encore, elle s’occupe du bébé. Quand elle va retravailler, ça va nous soulager. ‘‘Yed wahda me tsaffakech –

يد واحدة ما تصفقش -on ne peut pas applaudir d’une seule main’’».

Badreddine nous précise que sa belle-sœur vit en Europe et que chaque mois elle envoie de l’argent, 200-300 dinars à Sabrine. Elle envoie aussi des vêtements pour sa sœur et sa nièce.

Quitter le pays

Badreddine nous parle avec un air préoccupé :« Vu l’aggravation de la situation en Tunisie, je songe sérieusement à partir. Oui, je pense à quitter le pays, si l’occasion se présente. La vie est devenue trop chère, je constate que les prix augmentent quotidiennement de 50-100-200 millimes….Et ça sans parler des pénuries des produits de base…

Je commence à réfléchir, qu’il faut partir au Canada, tant que notre fille est encore bébé. Ma femme est attachée à ses parents, elle ne veut pas s’éloigner d’eux.  Moi, mes parents sont morts, mes frères et sœurs sont tous mariés ‘‘Kol foul Lehi fi nawarou  كل فول لاهي في نوارو -c’est chacun pour soi’’… On ne se voit que pour les grandes occasions. ».

Badreddine poursuit : « Je vais réussir à convaincre ma femme de partir. Si elle tient à ses vieux parents, pas de problème, on les amène avec nous. ».

Badreddine agacé rajoute : « Les dépenses ont augmenté avec l’arrivée de ma fille. Avant on sortait au resto, on partait passer le weekend à l’hôtel, une fois par mois au minimum. On a testé ainsi pas mal d’hôtels en Tunisie. Plus maintenant. Notre fille est notre priorité. »

 Les prix ont flambé

Badreddine fronce les sourcils et explique : « Je constate que les prix ont flambé. Je le constate surtout avec le lait et les couches pour bébé.  Chaque 3 jours j’achète une boite de lait pour ma fille à 25D 800. En faisant les comptes, chaque mois je dépense 450 dinars entre les couches et le lait.

J’ai constaté une augmentation alarmante des prix de produits pour bébés en 5 ans. Avec mon fils et ma fille, ses achats pèsent lourd sur le budget. »

Badreddine précise : « Le lait coûtait 21 dinars, maintenant c’est 25 dinars et 800millimes. Le paquet de couches était à 11 dinars et 600 millimes, il coûte désormais 15 D. Je fais les courses pour la maison chaque jour pour ne pas dépasser et contrôler le budget de 10 dinars par jour. » !

Sabrine et Badreddine

Sabrine nous rejoint finalement. Elle s’assoie à côté de Badreddine et reprend la parole avec un ton calme: « Je suis originaire de Makthar, de Siliana. Ma famille vit à la compagne. J’ai entamé des études d’ingéniorat à Tunis, que je n’ai pas terminé. Au début c’était difficile pour moi de vivre dans une grande ville, je me suis habituée. A Tunis il est difficile de se déplacer sans voiture et le transport public n’est pas fiable. »

Sabrine rajoute : « J’ai travaillé comme agent de bureau et comme enseignante à domicile pour les élèves de primaire. Malheureusement je n’ai pas su décrocher un boulot stable. D’ici deux ans, quand ma fille grandira, je vais retravailler. ».

Sabrine regarde sereinement Badreddine et nous confie : « La situation de mon mari ne me dérange pas. Je ne suis pas contre qu’il garde relation avec son fils. Mes proches ont essayé de me dissuader de me marier avec Badreddine : il est divorcé, avec un enfant à charge, disaient-ils. Mais j’ai tenu bon. Eux aussi ont changé d’avis sur lui quand ils ont vu comment je suis traitée et que je ne manque de rien. Hamdoullah, ma sœur aînée qui vit en Europe m’aide beaucoup. ».

Sabrine rajoute vivement : « L’ex-femme de Badreddine a essayé de créer des problèmes au début de notre relation… ».

Une gêne s’installe et Badreddine regarde Sabrine avec insistance. Il semblerait qu’il n’aime pas que Sabrine parle en mal de sa première épouse.

Sabrine prend sur elle, change de sujet et continue : « Je comprends que notre situation financière est difficile, je fais de mon mieux pour épargner chaque mois 100 dinars. Cet argent est notre cagnotte pour les maladies et nos loisirs. ».

« Si on ne tombe pas malades, notre budget vacances serait plus conséquent » plaisante Sabrine.

Badreddine nous informe qu’il ne boit pas et ne fume pas.  Il ramène son déjeuner de la maison pour ne pas manger dehors et faire des économies. Il utilise le taxi collectif et le bus pour aller au travail.

Badreddine a un argent de poche de 30 dinars par mois.

La famille paie 50 dinars en moyenne pour les Factures de la STEG et de la SONEDE.

La petite faille fête l’Aid chez la famille de Sabrine à Makthar. Le mouton leur est offert par les parents de Sabrine.

Sabrine parle des vacances : « Quand ma sœur débarque en Tunisie en été, elle loue la maison à la plage et on passe les vacances ensembles. Parfois, on part pour 2 à 3 jours dans un hôtel, si notre cagnotte est pleine. »

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