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Ma vie: Couple avec 01 enfant de Ezzahra

Ma vie: Couple avec 01 enfant de Ezzahra

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Foued, 43 ans, est un cadre dans le secteur des assurances.

La femme: Ines, 40 ans, travaille dans une société de micro-crédit.

Foued et Ines se sont mariés en 2015. Le couple a un garçon de 06 ans, Omar.

Foued touche 2 000 dinars par mois et Ines gagne quant à elle 900 dinars par mois.

Le couple habite dans la maison familiale de Foued dont le père est décédé, à Ezzahra. Le couple partage la même maison avec les familles des 02 frères de Foued. Ses 02 autres sœurs sont mariées et habitent ailleurs.

Ines nous confie qu’elle n’est pas très à l’aise avec cette cohabitation « Je ne suis pas tranquille avec ma belle-famille. Je ne suis pas aimée. Je veux partir vivre ailleurs. Je ne cesse de le demander à Foued».

Ines précise que le couple a épargné assez d’argent pour avoir une mise de fond et s’acheter une maison. Le couple prévoit compléter la somme restante moyennant un crédit bancaire.

« C’est mon rêve. Je veux avoir notre chez-nous » rajoute Ines en regardant Foued avec insistance.

Foued prend la parole pour nous parler de la cherté de la vie :« La situation dans le pays se dégrade d’année en année. Chaque année est pire que la précédente. Je suis continuellement stressé et je n’arrête pas de me poser la même question qui me hante : Dois-je partir et recommencer à zéro ou je reste ici en Tunisie et continuer à subir tout ça ? »

Foued nous précise qu’avant d’avoir un enfant, il voulait partir à l’étranger et qu’il ne l’a pas fait. Il rajoute : « Je regrette de ne pas être parti, c’est peut-être trop tard maintenant ! Avec la famille c’est plus difficile».

Ines intervient en disant « Durant la pandémie, je n’ai touché aucun millime. Vous rendez-vous compte ? Comme la majorité des employés étaient sans contrat, on nous a tout simplement mis de côté, sans scrupule, sans compensation, sans salaire, rien. La société nous a tout bonnement lâchés. C’était humiliant et surtout inhumain. »

Ines rajoute « Un an après, la société m’a rappelé pour revenir travailler avec un salaire symbolique, très inférieur à ce que je touchais avant. Je n’ai pas pu refuser. C’était soit ça, soit rien. A prendre ou à laisser en plus ».

Etant l’enfant le plus âgé de la famille Foued a hérité de la voiture de son papa. Il nous affirme qu’il veille sur ses sœurs qui n’ont pas de situation confortable. Il nous confie qu’il les aide : « Une fois par mois je fais les courses pour me sœurs »

L’enfant, Omar, de 06 ans va à une garderie scolaire qui coûte 500 dinars par an.

C’est Foued qui conduit sa femme Ines à son travail.

Foued nous précise « Je ne bois et je ne fume pas. Je ramène mon déjeuner de la maison. Je ne dépense que 40 dinars par mois pour l’argent de poche. »

Foued rajoute « C’est moi qui m’occupe des courses de la maison. J’alloue un budget moyen de 600 dinars par mois pour la nourriture et les produits d’entretien. Je fais les courses chaque semaine. Ines ne s’en occupe pas ». Il mentionne avec frustration « les prix changent chaque semaine. Ça n’arrête pas d’augmenter »

Foued précise sur la même lancée : « Mon fils grandit et ses besoins aussi». Il lance un regard aimant vers son fils Omar assis à côté de lui et rajoute : « Ce ‘‘fazgoun’’/gamin me coûte de plus en plus cher. Il est faux de penser qu’en grandissant il me coûtera moins cher. »

Le papa nous dit qu’il voudrait que Omar sache se défendre. C’est pour cette raison qu’il l’a inscrit dans un cours de Kung Fu.  Foued rajoute en plaisantant :« Je ferais du deux en un, m’entraîner avec mon fils et perdre du ventre ».

Profitant de l’absence momentanée de Ines, Foued nous confie qu’il adore sa femme : « J’adore ma femme. Elle est toujours juste avec ma famille. Elle prend sur elle. Elle est toujours là pour moi. »

Avant de finir, Ines rentre et le reprend « Mais pourquoi tu ne m’as jamais dit ça directement. » « Tu sais tu peux me dire je t’aime. » lui lance-t-elle en le taquinant.

Foued en échangeant un regard complice avec Ines nous lance « J’ai un conseil à donner aux jeunes couples : Mariez-vous et vivez loin de la famille ».

Foued rajoute « Hamdoullah, je m’en sors bien, mais mon niveau de vie a beaucoup baissé. Avant je me considérai de la classe moyenne, maintenant ce n’est plus le cas. On dirait qu’en Tunisie nous sommes comme en Egypte, il y a beaucoup de très pauvres mais aussi beaucoup de très très riches ». Il insiste en disant: « On n’appartient plus à la classe moyenne. Notre niveau de vie a baissé considérablement».

Ines reprend la parole en disant « On décide tout ensemble moi et mon mari. Le bon dieu ne nous a offert qu’un garçon et on veut le meilleur pour notre Omar. On essaie de créer un environnement agréable pour lui ».

A propos de la rentrée, Foued nous dit qu’il a déjà commencé à acheter la fourniture scolaire. Il rajoute « Ce qui se dit à propos de la fourniture est vrai. Les prix ont augmenté, tout a augmenté ».

Foued nous exprime sa peur de l’été « l’été pour moi est synonyme de dépenses avec Ramadhan, l’Aïd, les mariages, la plage, Ca me coûte cher. On essaie bien de respecter le budget des dépenses alloué par mois ».

Ines sur un air étonné rajoute « Pour les familles qui ont plus que 02 enfants, comment font-elles pour les élever dans les conditions actuelles ? »

Le couple dit qu’il préfère passer Ramadan en petite famille ‘‘sans aller chez qui que ce soit’’.

Foued rajoute : « Mon beau père et mon beau frère m’aiment beaucoup. Eux c’est la vraie famille pour moi. J’aime fêter l’Aïd avec eux »

Pour l’Aïd le couple achète le mouton du sacrifice avec la famille de Wafa et participe avec 450 à 500 dinars.  « C’est soit un gros mouton pour tous, soit deux petits moutons » précise Foued.

Le couple se fixe un objectif d’économiser chaque mois en moyenne 500 dinars par mois pour s’offrir des vacances durant l’été soit en louant une maison au bord de la mer soit en partant en voyage.

Budget familial

Salaire de Foued : 2 000 dinars par mois

Salaire de Ines : 900 dinars par mois

Dépenses :

  • 400 dinars par mois pour l’essence et l’entretien de la voiture;
  • 600 dinars par mois pour les dépenses alimentaires et les produits de nettoyage;
  • 50 dinars par mois argent de poche de Ines;
  • 40 dinars par mois argent de poche de Foued;
  • 100 dinars par mois pour la SONEDE, la STEG et Internet.

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