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Ma vie: Couple avec 01 enfant de Gabès

Ma vie: Couple avec 01 enfant de Gabès

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Kamel, 40 ans, formateur dans une école privée 

La femme: Salwa, 36 ans, diplômée de l’enseignement supérieur, au chômage.

Kamel et Salwa sont mariés depuis 06 ans. Le couple a un garçon de 04 ans, Ghassen.

Le couple est propriétaire d’une maison dans un quartier de la ville de Gabès. La famille n’a pas de voiture.

Kamel touche 600 dinars par mois :« Avec ce salaire je ne peux pas m’acheter une voiture. C’est à peine si je peux couvrir les dépenses familiales. »

Kamel nous parle de son rêve « L’achat d’une voiture pour moi est de la science-fiction. Malgré sa simplicité, acheter une voiture est devenu le rêve de beaucoup de tunisiens… Si je faisais le même travail dans le secteur public, je toucherai plus que le double de mon salaire actuel »

Kamel rajoute avec conviction « C’est connu, les salaires dans le secteur privé au gouvernorat de Gabès sont plus bas que dans la fonction publique. Pire, les salaires sont parmi les plus bas du pays, c’est de la pure exploitation ! C’est révoltant et je n’y peux rien ! »

Le couple n’a jamais contracté de crédits et seulement Kamel bénéficie d’une couverture sociale.

Le COVID-19 a tout changé 

Selon Kamel, sa situation était bien meilleure avant la crise sanitaire. Avant le COVID-19, Kamel travaillait pour son propre compte et avait un magasin de services informatiques.

D’après Kamel, cette société était une bonne source de revenus. Kamel a même engagé 02 employés pour l’aider durant les périodes de pic d’activité.

Sur un air nostalgique Kamel nous raconte « Avec ma petite famille nous vivions bien. Nous étions dans une situation confortable.  Après avoir payé tous les frais et les salaires, je gagnai 1 500 dinars par mois en moyenne, deux fois et demi de plus que ce que je touche actuellement »

Kamel nous raconte qu’il est issu d’une famille pauvre « Ma mère n’utilisait pas de couches comme aujourd’hui. Elle utilisait des bouts de tissu qu’elle lavait quotidiennement ! Ni moi, ni mes frères n’avons connu le lait en poudre qui se vend actuellement en pharmacie. Nous avons tous été allaités naturellement et nous ne sommes jamais allés au jardin d’enfants. Hamdoullah on a tous grandis et on est en bonne santé. »

Kamel rajoute « Avec l’arrivée de mon fils Ghassen, les dépenses ont explosé. Des couches, du lait en poudre,C’est incontrôlable et ça ne s’arrête pas»

Salwa prend la parole sur un ton inquiet « Elever des enfants de nos jours est mission impossible. La vie est devenue trop compliquée : des maladies, des crises sanitaires,.Ce sont seulement les gens aisés qui peuvent vivre. Pour nous les pauvres, c’est autre chose. On est désespérés ! »

Kamel réplique « Le COVID-19 nous a détruits. Je suis passé de patron à salarié. J’ai du fermer mon entreprise, mon seul gagne pain. Je perdais de l’argent à cause du confinement et j’aillais droit vers la faillite. J’ai dû mettre mes employés à la porte. La fermeture était inévitable. »

Kamel rajoute « Hamdoullah, j’ai pu trouver un emploi dans une école privée de formation. Je fais tout pour que les dépenses d’alimentation, de médication et de nettoyage ne dépassent pas les 300 dinars. On se prive de tout mais c’est impossible. On souffre ».

Kamel nous confie qu’il cherche un deuxième travail en parallèle avec son poste de formateur. « Je n’ai pas le choix, c’est la seule solution pour vivre dignement » rajoute Kamel.

Avec un enfant c’est déjà difficile

Salwa nous confie qu’avec déjà un enfant à charge et un seul salaire, la famille ne s’offre aucun plaisir. Elle rajoute « Avec aussi peu de moyens nous avons pris la décision de ne pas avoir d’autres enfants. Nous ne pouvons pas faire face à des dépenses supplémentaires. Nous ne mangeons de la viande qu’à l’occasion de l’Aïd grâce aux dons. Nous n’avons pas acheté de moutons depuis la maudite crise sanitaire ! »

Salwa a un diplôme universitaire en agriculture. Elle est originaire de Bizerte. « Déménager à Gabès et être au chômage, c’est difficile » confie Salwa qui rajoute « J’ai une maladie chronique qui s’est aggravée suite à mon atteinte du COVID-19. Mon mari aussi a été infecté par le COVID-19.  C’est grâce à l’aide financière de la famille et surtout celle de ma belle-mère qu’on a pu se soigner. »

Salwa rêve de lancer son propre projet agricole. Elle désire obtenir un crédit pour le financer et supporter son mari.

Budget familial

Salaire de Kamel : 600 dinars par mois

Dépenses :

  • 150 dinars en moyenne par trimestre pour la STEG
  • 60 dinars en moyenne par trimestre pour la SONEDE
  • 40 dinars par mois pour les frais de télécommunication
  • 45 dinars par mois pour l’essence de la moto de Kamel
  • 300 dinars par mois, minimum, pour les dépenses alimentaires et les produits de nettoyage
  • Pas de budget de vacances

La famille n’a pas acheté de mouton de l’Aïd depuis la crise sanitaire. La famille n’a pas de budget pour le divertissement, elle achète les vêtements de la fripe sauf, et exceptionnellement, pour l’Aïd.

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