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Ma vie: Couple avec 02 enfants de Sfax

Ma vie: Couple avec 02 enfants de Sfax

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Ali, 35 ans, réparateurs de réfrigérateurs et plombier.

La femme: Sonia, 27 ans, femme au foyer.

Ali et Sonia ont deux enfants : Un garçon, Firas, de 06 ans et une fille Marwa de 05 ans.

Firas est en classe préparatoire. Il sera inscrit en première année pour la prochaine rentrée dans une école publique.

Le couple est de la région de Sfax Ouest.

Le revenu familial mensuel est entre 2 000 et 2 500 dinars selon Ali qui rajoute : « Certains mois, je peux gagner jusqu’à 3 000 dinars. Je bosse dur pour ça. C’est pénible mais ça en vaut la chandelle. Pour ma famille je suis prêt à tous les sacrifices ».

Sonia prend la parole en disant : « J’ai lancé une page sur Facebook pour vendre des vêtements usagés afin d’aider mon mari. Je suis assez bonne en couture. Je personnalise et adapte les vêtements usagés. » Avec un sourire fier Sonia nous lance « Des fois je conçois des nouveaux vêtements à partir du vieux. Je suis designer, styliste et modéliste. Je suis autoentrepreneur » .

Sonia nous confie que pour pouvoir accueillir les clientes et répondre à leurs demandes, elle a dû mettre les 02 enfants en garderie ce qui coûte au couple 360 dinars par mois. La garderie est à 500 mètres de la maison.

Sonia nous confie également que la voiture familiale pèse lourd sur le budget familial. « C’est un troisième enfant » s’exprime la maman en rajoutant : « Nous ne serons en paix que quand les mensualités de cette voiture de malheur seront payées définitivement ».

Ali reprend la parole : « La moitié du notre revenu se volatilise dans la consommation d’essence pour la voiture, le paiement des mensualités de leasing et la location de mon atelier de réparation et de plomberie ». Ali rajoute  « Tous les mois c’est la même chose, des frais fixes qui ne nous laissent aucune marge de manœuvre dans la gestion du budget de la famille. On commence chaque mois avec 1 600 dinars de moins ».

Selon Ali ces frais mensuels sont comme suit : 300 dinars d’essence, 900 dinars pour le leasing de la voiture et 400 dinars de loyer pour l’atelier.

Ali avec un air rassurant lance : « Hamdoullah. Nous habitons une maison qui est la propriété de mon père, que dieu le garde. Mon père nous met à disposition la maison jusqu’à ce qu’on ait assez d’argent pour construire une maison à l’étage au-dessus. Je ne peux pas payer 400 dinars par mois pour louer une maison. C’est impossible ».

Sans donner de détails sur la question, Ali rajoute sur un ton ironique « Je suis propriétaire de l’air. Mon frère Youssef est propriétaire de la maison du rez-de-chaussée ».

Sonia nous parle de la gestion de son foyer : « Le secret est de dénicher les bonnes affaires, acheter en gros et surtout pas d’achats non réfléchis et impulsifs, surtout pour les produits alimentaires et ménagers. Nous achetons nos fruits et légumes directement du marché. Les prix y sont plus abordables ».

Sonia rajoute : « Un conseil pour les familles à budgets serrés : Evitez les magasins de quartiers et les espaces commerciaux. Au marché hebdomadaire, les prix sont beaucoup plus bas et les produits sont frais ».

Ali nous informe qu’il ne reste qu’une année pour payer définitivement les mensualités de la voiture.  Il ajoute avec un ton enthousiaste « Une fois débarrassés de ce fardeau, nous pourrons respirer et lancer le chantier ‘‘La MRAMMA’’. Je vais dédier le budget mensuel de la voiture à l’achat des matériaux de construction. Mon oncle maternel qui est promoteur a promis de nous aider à construire l’étage supérieur ».

Sonia prend la parole pour dire « Avec un peu de bon sens et beaucoup de jugeote, on peut contrôler les dépenses du foyer en produits alimentaires, produits de nettoyages et les fameux goûter des enfants. L’objectif est plafonner ça à 350 dinars par mois ».

Se sentant visé, Ali intervient pour dire « Moi je fais des efforts, je dépasse rarement 300 dinars par mois en argent de poche pour les cigarettes et le café ».

Le couple affirme que depuis leur acquisition de la voiture, ils ne se sont permis ni vacances, ni sorties.

Sonia rajoute : « On a évité même des fois les fêtes familiales et les mariages. Nous n’utilisons la voiture qu’en cas de réel besoin. Nous ne prenons jamais de taxis, ni d’autres moyens de transport ».

Ali nous confie louer ‘‘occasionnellement’’ la voiture familiale à des personnes et des amis de ‘‘confiance’’ pour améliorer le revenu et payer les mensualités.

La famille s’habille presque totalement de la fripe. Sonia nous dit fièrement : « De par mon expérience, la fripe je connais. J’achète, je retape et je crée des vêtements neufs. Mes voisins croient que je fais de l’importation des fois ou que j’ai de la famille à l’étranger tellement nous mettons des vêtements de marque et signés ».

Sonia rajoute : « Avec 100 dinars par mois, je pars à la chasse aux bonnes affaires pour toute ma famille. Avec aussi peu d’argent on ne peut rien s’acheter dans les magasins de prêt à porter ».

Le couple passe les fêtes de l’Aïd avec la famille élargie de Ali. Ceci permet de se partager les coûts. Pour la fête de l’Aïd Kébir c’est le grand père Salah qui achète les moutons.

 « C’est sacré pour lui et ça fait notre affaire » rajoute Ali.

Le couple passe l’été chez la sœur de Ali qui habite l’ïle Kerkennah. 

Sonia nous avoue qu’elle a une ‘‘tirelire’’ qui sert de cagnotte ‘‘magique’’ pour les sorties ou les promenades sur l’île.

Sonia rajoute : « En cas de besoin, j’ai recours à mon père qui nous aide pour faire face aux problèmes financiers et notamment payer les tranches de la voiture Cela arrive surtout en cas de baisse de l’activité de mon mari ».

Ali fini l’interview en disant : « Nous ne rêvons qu’à construire la maison pour que tous les enfants aient leurs chambres. Je compte, inchallah, ouvrir une société de chaud et froid ».

Sonia toute confiante et fière rajoute « Mon mari a du métier, c’est un artisan honnête, compétent et surtout il tient sa parole, c’est son capital. Ali a su gagner la confiance de ses clients ».

Budget familial

Salaire de Ali : 2 500 dinars par mois en moyenne

Salaire de Sonia : Non déclaré

Dépenses :

  • 300 dinars par mois pour l’essence et l’entretien de la voiture
  • 350 dinars par mois pour les dépenses alimentaires et les produits de nettoyage
  • 100 dinars par mois pour l’habillement
  • 400 dinars par mois pour le loyer de l’atelier de Ali
  • 900 dinars par mois pour les mensualités de la voiture
  • 360 dinars par mois pour la garderie des 02 enfants
  • 300 dinars par mois argent de poche de Ali
  • 70 dinars par mois pour la STEG
  • 40 dinars par mois pour la SONEDE
  • 30 dinars par mois pour les télécoms

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