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Ma vie: Couple avec 02 enfants de Sidi Bouzid

Ma vie: Couple avec 02 enfants de Sidi Bouzid

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Mondher, 42 ans, fonctionnaire dans un office national 

La femme: Wassila, 37 ans, titulaire d’un doctorat d’état. Travaille depuis 03 ans en tant que contractuelle dans une société privée.

Mondher et Wassila sont mariés depuis 12 ans. Le couple a deux enfants : Beya qui 11 ans et Omar qui a 06 ans.

La famille vit dans un quartier de la ville de Sidi Bouzid. La maison familiale a été construite par le couple suite à l’obtention d’un crédit bancaire d’habitation sur 10 ans.

« Aujourd’hui, il reste 06 ans encore à payer pour en finir avec le paiement des mensualités du crédit bancaire qui m’étouffe » s’exprime Mondher à propos du financement de sa maison.

La famille a une voiture qu’elle a acheté également à crédit. Le couple paie 800 dinars par mois de mensualités pour rembourser le crédit auto.

Mondher gagne 1600 dinars par mois et Wassila contribue avec 400 dinars. Wassila ne dispose pas de couverture sociale contrairement à Mondher.

Mondher est originaire d’un village de la délégation de Meknassi. Il est fonctionnaire dans un office national.

« Je veux immigrer et quitter le pays. Je ne peux pas réaliser mes rêves en Tunisie » S’exprime Mondher en parlant de ses ambitions. Il rajoute « Je ne vois pas d’avenir clair pour mes enfants. Tous les indicateurs n’annoncent rien de bon ! Surtout avec la crise politique et sociale du pays. Partir est la seule solution ! ».

Mondher nous confie qu’il a commencé sa carrière professionnelle à la capitale. Il s’est marié à Tunis et s’y est installé avec sa femme Wassila jusqu’à ce qu’elle finisse son Mastère. Le couple comptait acheter une maison à Tunis et s’installer définitivement. Les conditions familiales ont voulu que ce soit autrement.

« Notre famille a du revenir habiter à Sidi Bouzid suite au décès de mon frère cadet dans un dramatique accident de la route » dit Mondher avec les larmes aux yeux. Il rajoute en échangeant un regard triste avec Wassila « Il fallait que je revienne pour prendre les rênes du projet agricole de mon frère et m’occuper de ses 03 enfants, c’est mon devoir ».

La maison familiale à Sidi Bouzid

« C’est vrai, j’ai pu construire une maison, mais elle est incomplète. J’ai besoin d’au moins 70 000 dinars pour finir ce projet ! Sans l’aide de mes frères qui vivent à l’étranger je n’aurai pas pu le faire » nous parle Mondher de sa maison.

Mondher nous confie par ailleurs que « Sidi Bouzid n’est malheureusement pas la capitale. Ici on manque de tout. Mes enfants n’ont pas accès à un enseignement de qualité, ils ne peuvent pas jouer, avoir des activités extra-scolaires, ni se promener comme à Tunis. L’infrastructure est faible » .

Mondher rajoute « Je souffre, mes enfants suffoquent ».

L’immigration nécessaire

Wassila nous parle de la situation familiale difficile : « La réalité en Tunisie a mis fin à tous mes rêves et à mes ambitions malgré un doctorat en poche. Tous mes proches travaillent et ont des postes valorisants même s’ils n’ont pas complété comme moi le cursus universitaire ! « C’est frustrant et démoralisant » rajoute Wassila

Malgré un doctorat en génie électronique en poche, Wassila n’arrive pas à trouver un travail décent ni dans le secteur privé ni dans le secteur public.

« Le motif de refus a été souvent que mon diplôme dépasse les compétences requises pour les postes à pourvoir » précise Wassila avec un ton ironique.

Une vision floue de l’avenir

Wassila n’arrive pas à cacher son inquiétude quant à l’avenir de ses enfants : « J’ai peur pour l’avenir de mes enfants. Tout le monde évolue autour de nous même certains pays qu’on considérait pauvres dans le passé évoluent. En Tunisie c’est le statuquo, la bureaucratie nous empêche d’évoluer, le système d’enseignement n’a pas changé et les programmes ne suivent pas les changements mondiaux »

Selon les deux époux s’il n’y avait pas les revenus de l’agriculture ainsi que l’aide de la famille, surtout celle des frères de Mondher qui vivent à l’étranger, ils n’arriveraient jamais à faire face aux dépenses familiales.

Budget familial

Salaire de Mondher : 1600  dinars par mois

Salaire de Wassila : 400 dinars par mois

Dépenses :

  • 200 dinars en moyenne par mois pour la STEG
  • 60 dinars en moyenne par mois pour la SONEDE
  • 32 dinars par mois pour l’abonnement ADSL
  • 500 dinars par mois pour les dépenses alimentaires et les produits de nettoyage
  • 100 dinars par mois comme argent de poche de Mondher
  • 70 dinars par mois comme argent de poche de Wassila
  • 50 dinars par mois en moyenne pour les dépenses de santé

C’est uniquement pour la fête de l’Aïd que la famille achète les vêtements directement des magasins de prêt à porter.  Durant le reste de l’année la famille achète de la fripe.

La famille consacre 400 dinars pour acheter le mouton de l’Aïd. Elle épargne durant 04 mois pour mettre de côté le budget nécessaire.

La famille consacre un budget de 600 dinars pour les vacances scolaires d’hiver et du printemps qu’elle passe dans le sud tunisien.

Durant l’été, la famille profite d’un mois de vacances dans la capitale dans la maison de la sœur de Mondher située en banlieue. « C’est une aubaine pour nous. Ça permet d’épargner les dépenses de l’hébergement » rajoute Mondher.

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