Société

Ma vie: Couple avec 3 enfants de Kairouan

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Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Kamel, 53 ans, enseignant en formation professionnelle 

La femme: Sonia, 46 ans, enseignante d’enseignement secondaire

Kamel et Sonia sont mariés depuis 18 ans. Ils sont devenus propriétaires de leur maison qui se trouve dans un des quartiers de la ville de Kairouan après avoir vécu 3 ans dans une maison en location.

Ils sont tous les deux enseignants dans un établissement éducatif de la région.

Le couple dispose d’une voiture. Ils ont 3 enfants: 2 filles de 17 et 15 ans et un garçon de 13 ans.

Kamel gagne 1700 dinars/mois. Sonia touche 1500 dinars/mois.

Kamel

“J’ai dû contracter deux crédits bancaires alors que ma femme a dû contracter un emprunt pour construire notre maison. Le premier était pour l’achat du terrain, le deuxième pour l’achat de la voiture et le troisième a été nécessaire pour achever la construction de la maison”, dit Kamel.

Kamel est issu d’une famille très pauvre composée de 9 personnes qui habite une zone rurale du gouvernorat de Kairouan.

La famille de Kamel gagnait sa vie grâce à l’agriculture dont les revenus suffisaient à peine à subvenir à leurs besoins les plus fondamentaux. C’était l’unique source de revenu de la famille.

“J’ai été contraint de travailler plusieurs métiers dans différents secteurs pendant les vacances et ce pour aider ma famille et subvenir à mes dépenses personnelles et scolaires. Je suis né dans une famille pauvre. La seule solution pour combattre cette pauvreté était de réussir dans mes études.” dit Kamel en parlant de sa famille.

Il rajoute avec fierté: “En fait, j’ai réussi grâce aux sacrifices faits à décrocher un emploi qui préserve ma dignité et me permet d’aider ma famille. Malgré mon jeune âge, j’ai travaillé dans divers secteurs d’activités même dans d’autres régions près de Kairouan. Mon seul objectif était de faire sortir ma famille de cette situation financière et d’alléger la charge sur mon père qui fait tout pour nous procurer une vie digne, dieu le préserve”.

 “En 1990, lorsque j’ai rejoint l’université à Gabès, j’étais contraint de ne pas quitter le foyer universitaire pendant au moins une période de 3 mois faute d’argent et à cause de la longue distance entre Gabès et Kairouan” dit Kamel visiblement bouleversé et encore touché par cette expérience.

Spontanément, Kamel précise: “A l’époque, je recevais une bourse universitaire de 80 dinars, dont une partie me servait à l’achat de ma fourniture alors que le reste de l’argent (50 dinars) je l’envoyait à mon père pour l’aider dans les dépenses de la famille”.

“Mon père pensait que je travaillais en parallèle avec mes études. Il a trouvé de quoi se vanter devant les voisins”, ajoute Kamel avec un sourire espiègle.

“Après l’obtention de mon diplôme (en 1994), j’ai travaillé dans l’industrie de la construction tout en sachant que je suis titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur”.

Selon Kamel, toutes ces expériences de vie ont influé sa façon de voir la vie et lui ont permis de mieux choisir les gens qu’il fréquente.

“Mes parents et la chance ont joué un rôle très important dans la réussite du processus de mon recrutement en 1999” dit Kamel.

“A ce moment là, j’ai réalisé que ma vie est en train d’évoluer dans le bon sens. Cependant, j’ai perdu ma mère 4 mois après avoir décroché mon premier métier. Mais vu qu’un malheur ne vient jamais seul, 4 ans après, j’ai perdu mon père.”

Kamel a indiqué que la mort de ses parents l’a profondément affecté surtout qu’il a souhait leur offrir une vie meilleure que celle qu’ils ont eu.  ”Je n’ai pas eu le temps” rajoute Kamel avec un long soupir.

Après avoir réussi à décrocher un emploi, Kamel a décidé de se marier avec sa collègue. Ils se sont mis d’accords sur tous les préparatifs du mariage et ont entamé les procédures.

Kamel confirme que sa vie a beaucoup changé après le mariage. Il est devenu plus heureux. Sa situation financière s’est améliorée grâce à sa femme qui l’a aidé dans la construction de la maison et s’occupe de la bonne gestion de toutes les autres dépenses y compris celles de la voiture.

Sonia

“Hamdoullah, j’ai réussi à décrocher un emploi en 2001. J’ai été recrutée en tant qu’enseignante avant de rencontrer mon mari avec qui j’ai 3 enfants”.

Sonia dit que les dépenses journalières sont énormes alors que celles liées aux vacances d’été sont colossales et incontrôlables.

“Avec 03 enfants, c’est de plus en plus difficile. Gérer le budget est un challenge chaque mois. L’argent sort plus vite qu’il ne rentre!”, rajoute  Sonia avec ironie.

Budget de la famille

  • Crédit bancaire: 400 dinars/mois
  • STEG: 150 dinars/02 mois
  • SONEDE: 50 dinars/03 mois
  • ADSL: 40 dinars/mois
  • Frais de carburants: 450 dinars/mois
  • Alimentation: 500 dinars/mois
  • Dépenses pour les enfants: 150 dinars/mois
  • Budget pour les fournitures scolaires: 300 dinars pour chaque enfant

Budget spécial Ramadan : 650 dinars

Mouton de l’Aid: 500 dinars

Kamel a précisé qu’il s’est trouvé contraint à maintes reprises d’emprunter auprès de ses amis ou des banques pour boucler des fins de mois difficiles….. ”Même si je ne fume pas et ne bois pas d’alcool”, précise Kamel.

Le couple a indiqué qu’ils s’habillent de la fripe. Elle est “l’amie de tout le monde”, selon leurs dires.

 

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Publié par
Tunisie Numérique