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Ma vie: Couple avec bébé habite dans un garage sans eau à Sidi Bouzid

Ma vie: Couple avec bébé habite dans un garage sans eau à Sidi Bouzid

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Mehrez, 28 ans, travailleur journalier.

Noura, 25 ans, femme au foyer.

Le couple s’est marié en 2019. Les époux habitent avec leur bébé de 2 ans dans un garage qu’ils louent dans le quartier de Hay Khadra de la ville de Sidi Bouzid.

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Vivre au jour le jour

Mehrez travaille dans les chantiers de constructions aux alentours du foyer familial. Il nous dit à ce sujet : « Je fais des petits travaux dans les chantiers privés de construction proches de chez moi. Comme mon quartier est défavorisé, les chantiers s’y font rares et la paie journalière presque symbolique ».

Mehrez continue : « Quand je ne trouve pas de chantier, je vais travailler en tant que porteur au marché des fruits et légumes de Sidi Bouzid. Les commerçants me paient chacun à sa manière : des fois en argent quand leurs affaires vont bien, des fois en marchandises quand la journée est mauvaise. Ma paie est aléatoire comme ma vie ».

Mehrez se déplace à pied, faute d’un moyen de transport à disposition. Mehrez nous confie à ce sujet : « Avec une mobylette, je pourrais aller chercher du travail plus loin mais c’est impossible. J’arrive à peine à nous trouver de quoi manger. Mon bébé a encore besoin de lait et de couches. Le lait est introuvable au prix normal et les couches pour bébé trop chères ».

Le garage

Le garage habité par Mehrez et Noura est rudimentaire. Il n’y a aucune commodité.

Noura prend la parole et nous dit : « On n’a que l’électricité, on n’a pas d’eau ni pour boire, ni pour faire notre toilette….Mehrez doit tous les 2 jours remplir des contenants d’eau de chez les voisins qui veulent bien nous aider. Sans eau, c’est insalubre. J’essaie de nettoyer autant que possible pourque la petite ne tombe pas malade. Ce ‘‘trou’’ nous coûte 75 dinars par mois. Je ne veux pas que ma fille grandisse dans ce trou »

Noura est originaire de Sidi Bouzid. Elle est issue d’une famille de 7 enfants : 4 filles et 3 garçons. Ils ont tous arrêté de manière précoce leurs études.

Noura a été obligée depuis son jeune âge de travailler dans les exploitations agricoles pour subvenir à ses besoins et aider sa famille surtout que ses parents ont des maladies chroniques.

Un avenir incertain

Noura nous raconte : « J’ai connu Mehrez à l’occasion d’un mariage familial. Ma famille a accepté mon mariage avec Mehrez bien que non natif de Sidi Bouzid mais d’un autre gouvernorat du Nord Est. Je l’ai épousé croyant que mes conditions de vie allaient s’améliorer et que j’allais me sortir de cette misère ».

Noura continue : « La vie en a voulu autrement. Je vis maintenant dans un garage non aménagé, sans eau entre 4 mûrs en ciment. Ma vie est grise comme la couleur des mûrs de ce trou. Je dois souvent demander de l’argent à ma vieille mère malade du cœur. Ma mère m’aide au lieu que je l’aide, quelle honte ! ».

Noura n’a pas pu travailler à cause de son rhumatisme articulaire aigu. 

Noura nous lance à ce sujet : « Mon travail pendant plusieurs années dans les exploitations agricoles et les maisons dans des conditions difficiles a finalement eu raison de ma santé. Voilà, j’ai 25 ans et je suis handicapée, je bouge comme un robot et mes os grincent ».

Mehrez tapote doucement sur les épaules de sa femme Noura en signe de soutien. Il reprend la parole et dit : « Nous rêvons de changement. Nous voulons que notre fille ait une vie comme ses semblables. C’est injuste ce que nous vivons. Ma fille est condamnée d’avance. Nous ne voulons pas la voir souffrir comme nous avons souffert ».

Le budget familial :

Mehrez gagne 500 dinars par mois.

  • Loyer mensuel du garage : 75 dinars
  • Facture de la STEG : 40 dinars
  • Pas de facture SONEDE à payer puisque le garage n’est pas raccordé au réseau d’eau
  • Produits alimentaires et d’entretien : 300 dinars / mois
  • Frais du bébé : 80 dinars / mois essentiellement pour le lait et les couches

Le couple n’a aucune couverture sociale, ni de compte bancaire, ni postal.

La famille ne peut pas se permettre d’acheter des vêtements même de la fripe. Les parents fouillent souvent les sacs de vêtements usagés laissés par des voisins anonymes devant la porte de leur garage.

Les époux profitent de l’Aïd chez la famille de Noura pour manger de la viande et avoir une petite aide financière de quelques parents.

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