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Ma vie: Couple avec deux enfants de Kairouan

Ma vie: Couple avec deux enfants de Kairouan

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Sahbi, 49 ans, chauffeur de taxi collectif.

Fatma, 42 ans, femme au foyer.

La famille habite dans un quartier populaire de la ville de Kairouan. Le couple a un garçon et une fille.

Le garçon, Seif, a 4 ans. Il est en classe préparatoire.

La fille, Fatma, a 7 ans. Elle est en deuxième année primaire, dans une école publique.

Un métier à risque

Sahbi se confie à nous : « Je suis chauffeur de taxi collectif. Je dois faire un maximum de va-et-vient pour aller chercher le plus possible de passagers. C’est une course contre la montre ».

Sahbi nous lance sur un ton ironique : « Je me sens comme un pilote de Formule 1, sauf que je conduis ce tas de ferrailles chinois. C’est suicidaire mais je n’ai pas le choix…je dois faire vivre ma famille ».

Sahbi continue : « La vie est devenue trop chère.  Les prix grimpent de jour en jour. On nous parle à la télé de rationalisation des subventions au profit des plus démunis – توجيه الدعم لمستحقيه mais rien n’est fait. Je ne vois rien de bon…C’est insupportable et invivable ».

Le permis de taxi collectif

Sahbi parle de son travail : « J’ai travaillé il y a plusieurs années comme ouvrier journalier sur les chantiers de construction. Je ne pouvais pas faire autrement, les autorités locales m’ont refusé injustement le permis de transport collectif ».

Assez remonté, Sahbi nous dit : « C’est injuste, j’ai longtemps été chauffeur de taxi collectif et selon la loi je suis prioritaire pour avoir le permis. La corruption et le favoritisme en ont voulu autrement. Plusieurs personnes ont bénéficié de ce ‘‘sésame’’ sans en avoir le droit légal. C’était mon seul espoir pour améliorer mes revenus et permettre à ma famille de vivre dignement ».

Sahbi continue : « je n’ai travaillé que quelques années dans la construction. J’ai eu des problèmes de santé et j’ai dû retravailler en tant que chauffeur de taxi collectif contre le tier du revenu journalier ».

Des revenus limités

Parlant de ses revenus, Sahbi nous déclare : « Mon salaire journalier ne suffit pas à subvenir aux besoins de mon foyer. Je touche en moyenne 25 dinars par jour soit le tier de la recette journalière de 75 dinars ».

Il rajoute : « Ce revenu est presque plafonné car il y a trop de taxis collectifs par rapport au nombre de voyageurs. Je dois souvent attendre mon tour devant les stations. Une fois le nombre de passagers atteint, je fonce sur mon trajet en espérant ‘‘Vider et remplir’’ le plus rapidement possible ».

La famille loue une maison de deux pièces contre 250 dinars par mois. Sahbi nous avoue ne pas pouvoir payer, souvent à temps, le loyer: « Heureusement que le propriétaire est clément ‘‘Weld Hlal’’ et qu’il accepte que je le paie même avec 2 mois de retard sinon on serait déjà à la rue ! ».

L’épouse de Sahbi, Fatma, est femme au foyer. Elle est atteinte d’une maladie chronique qui l’empêche de travailler et qui l’oblige à suivre un traitement lourd. Elle doit tous les 6 mois aller à l’hôpital pour recevoir son traitement.

Sahbi nous confie son rêve : « Comme le permis de taxi est du domaine de l’impossible, la seule solution serait d’acheter un lot de terrain pour faire de l’agriculture. Hélas, je n’ai pas de sous et il faudrait un miracle pour que ça s’améliore ! »

Le budget familial :

Sahbi gagne 750 dinars par mois en moyenne.

  • Loyer mensuel du garage : 250 dinars
  • Facture de la STEG : 60 dinars
  • Facture de la SONEDE : 40 dinars
  • Produits alimentaires et d’entretien : 300 dinars / mois
  • Frais de scolarité des enfants : 50 dinars / mois

La famille achète de vêtements de la fripe pour 200 dinars en moyenne annuellement.

Le budget de ramadhan est le même que le reste des mois de l’année.

La famille achète chaque année un mouton de l’Aïd de 400 dinars. Sahbi s’endette auprès des proches pour se procurer cette somme.

Le couple n’a ni de compte postal, ni bancaire et ne bénéficie d’aucune couverture sociale.

Avant de finir Sahbi nous dit : « Avec ce que je gagne, je ne peux rien mettre de côté. J’ai de gros problèmes financiers et je ne sais pas comment m’en sortir. On ne pense jamais aux vacances, ni à la distraction. Nos besoins sont vitaux, le luxe n’est pas pour nous ! ».

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