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Ma vie: Couple de fonctionnaires avec 3 enfants de Sidi Bouzid

Ma vie: Couple de fonctionnaires avec 3 enfants de Sidi Bouzid

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Skander, 36 ans, est technicien dans une faculté publique de Sidi Bouzid.

Malak, 36 ans, est ouvrière dans une bibliothèque publique.

Le couple s’est marié en 2013.  Il a 2 filles et un garçon :

  • Senda, 9ans, est élève en quatrième année primaire.
  • Amir, 6 ans, est en première année primaire.
  • Alaa est la benjamine, elle vient tout juste d’avoir 1 an.

La famille est propriétaire d’une maison dans un quartier populaire de Sidi Bouzid.

Skander a une voiture populaire qu’il utilise pour aller travailler. Il se confie à nous : « J’ai une voiture populaire de 04 chevaux. Je la mets en location, quand je n’en ai pas besoin. Dernièrement j’ai pris l’habitude de voyager avec pour aller en Algérie et faire quelques achats. »

Malak, n’a pas besoin de voiture. Son travail est à quelques minutes de la maison familiale.  L’école des enfants est située en face de la maison.

Skander touche un salaire net de 1 200 dinars par mois.

Malak a un salaire mensuel de 600 dinars.

Skander nous parle de son mariage : « Malak et moi sommes parents. Nous nous connaissions déjà et pour ne rien vous cacher, Malak me plaisait beaucoup. Je voulais l’épouser et je l’ai fait. Je suis chanceux ».

Un seul travail ne suffit pas

Skander raconte : « je n’ai pas fini mes études secondaires. J’ai dû apprendre un métier et je me suis donc tourné vers la formation professionnelle dans la maintenance des équipements électriques.  J’ai été pendant plus de 10 ans ouvrier de chantier. J’ai fini par intégrer la fonction publique en 2011 grâce à la révolution. Cette régularisation était un miracle pour moi. »

Skander, visiblement plus à l’aise, nous dit : « Même avec le travail de fonctionnaire, je n’arrive pas à m’en sortir. La vie est devenue trop chère et je suis obligée de faire toujours plus, de travailler en plus de la faculté et de cumuler les boulots ».

Skander nous donne plus de détails : « J’offre des services de réparation des appareils électriques à des prix symboliques. Ça me permet de gagner un peu de sous mais ce n’est pas assez. Je me suis finalement résigné à multiplier mes voyages vers l’Algérie. J’achète du café, du fromage, du sucre, des vêtements, des couches pour bébé et quelques électroménagers, que je revends. Ces produits sont assez prisés surtout avec la flambée des prix et la rareté voire la pénurie sur le marché national ».

Les ‘‘voyages’’ en Algérie

Skander regarde sa femme et continue : « Malak fait ce qu’elle peut pour aider dans le budget familial mais les besoins sont toujours plus croissants, plus chers. Je risque la prison en allant en Algérie. Je dépasse souvent les quantités autorisées pour une consommation privée et je suis souvent à la merci des douaniers d’un bord comme de l’autre qui…Je ne suis pourtant ni vendeur d’armes, ni de drogue. Je ne présente aucune menace pour qui que ce soit. Ça devient trop risqué et les contrôles sont systématiques. Je dois souvent…».

Malak intervient subitement comme pour ne pas laisser Skander nous en dire plus. Elle nous lance : « J’accompagne des fois mon mari dans ses voyages. J’ai peur qu’il s’endorme au volant. Malheureusement je ne peux pas être tout le temps du voyage. Mon bébé a encore besoin de moi et je ne peux pas la laisser longtemps chez mes parents. Avec Skander, nous sommes prêts à tous les sacrifices pour le bien-être et la santé des enfants ».

Un passé douloureux

Malak nous parle, avec amertume, de ses études : « J’ai dû arrêter mes études au collège. Mon père ne pouvait plus travailler et je devais prendre le relais pour subvenir aux besoins de mes 06 frères et sœurs. J’ai travaillé dans des exploitations agricoles pour des bouchées de pain ».

Malak s’arrête de parler, elle reprend son souffle, s’excuse et reprend : « A chaque fois que je me rappelle de cette période, j’ai froid au dos. C’était pénible et inhumain. Mais d’un autre côté, c’est ce qui me pousse à encourager mes enfants à continuer leurs études et à réussir. Hamdoullah, ce sont de bons élèves ».

Le budget familial 

Revenus :

  • Salaire mensuel de Skander : 1 200 dinars.
  • Revenus complémentaires des services de réparation et de la vente des produits de contrebande de l’Algérie : 1 000 dinars par mois.
  • Salaire mensuel de Malak : 600 dinars.

Dépenses :

  • Facture de STEG : 50 dinars / mois
  • Facture de SONEDE : 30 dinars / mois
  • Facture ADSL : 30 dinars / mois
  • Frais de carburant : 600 dinars /mois
  • Produits alimentaires et d’entretien : 400 dinars / mois
  • Argent de poche de Skander : 100 dinars / mois
  • Argent de poche de Malak : 50 dinars / mois
  • Cours particuliers de soutien scolaire : 100 dinars / mois

La famille bénéficie d’une couverture sociale.

Les deux parents disposent chacun d’un compte bancaire.

La famille achète les vêtements de l’Aïd des magasins de prêt à porter. Pour l’Aïd Kébir, la famille consacre un budget de 500 dinars pour le mouton.

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