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Ma vie: Couple Tuniso-algérien avec 01 enfant

Ma vie: Couple Tuniso-algérien avec 01 enfant

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Kacem, 43 ans, cadre sécuritaire.

La femme: Leila, 34 ans, secrétaire.

Le couple est marié depuis 09 ans et demi. Kacem et Leila ont un enfant unique, Sami, âgé de 8 ans. Sami est élève dans une école primaire privée de la région.

Kacem nous dit :« L’école de Sami nous coûte 380 dinars par mois. Mais ce n’est pas beaucoup face au bonheur et l’avenir de notre ‘‘petit prince’’. »

Leila prend la parole et rajoute :« La naissance nous a coûté 6000 dinars à cause de complications de santé. L’accouchement a été douloureux et coûteux. Hamdoullah on a notre ‘‘petit prince’’ et il est en bonne santé Rabbi Ikhallihoulna-   ربي يخليهولنا ».

Kacem touche 2 200 dinars par mois et possède une voiture financée par crédit bancaire. Les mensualités sont de 480 dinars.

La gestion du budget

Kacem a gravi les échelons et est aujourd’hui haut gradé. Grâce à sa fonction, il bénéficie d’une voiture administrative avec des bons d’essence. Leila a tiré également avantage de la situation puisque c’est elle qui conduit la voiture familiale.

Kacem nous parle de lui :« Je suis assez discipliné depuis mon jeune âge et j’ai choisi de suivre mes études à l’académie militaire. Je gère ma vie comme une horloge et je fais attention aux moindres détails. »

Leila prend la parole et dit avec un air taquin « Kacem veut tout gérer et ne laisse rien au hasard, même le réveil et le sommeil doivent être à des heures fixes. ».

Kacem réplique : « Je fais de mon mieux pour être bon gestionnaire mais la vie n’est pas parfaite surtout en Tunisie. Il est souvent question de concessions avec des revenus limités et la cherté de la vie. C’est soit s’acheter une voiture, soit avoir une maison. Avoir les deux c’est très difficile. ».

Kacem rajoute en plaisantant : « Même le mariage est devenu un rêve difficile à réaliser pour les jeunes d’aujourd’hui. Tout est devenu cher et inutile de penser que les prix vont baisser. Au contraire, ça va flamber encore plus. Un mariage peut coûter facilement 50 000 dinars. Si je ne m’étais pas marié je ne pourrais jamais me marier maintenant –  كان ما عرستش قبل مستحيل انجم نعرس  ».

Le rêve de Leila

Leila travaille comme secrétaire dans une agence de voyage. Son salaire de 300 dinars par mois sert à payer les frais d’Internet et les produits d’hygiène de la maison familiale.

Kacem est titulaire d’un compte bancaire. Leila n’a pas ni de compte bancaire ni postal.

Leila nous dit qu’elle a une licence appliquée en biologie et biotechnologie.  Elle nous confie qu’elle travaille sur un projet commercial avec Kacem .

Leila nous dit à ce sujet : « Je veux lancer notre projet. Ca sera l’opportunité d’améliorer notre niveau de vie. C’est mon rêve ».  

Leila poursuit : « Je veux mettre toutes les chances de notre côté pour permettre à notre fils d’étudier à l’étranger. Je suis pessimiste quant à l’avenir de la Tunisie. C’est pour ça qu’on a décidé, en couple, de n’avoir qu’un seul enfant.  Avoir un frère ou une sœur est une bénédiction mais notre période est dure et ne le permet pas –  الخو والأخت نعمة لكن بصراحة وقتنا صعيب وما يسمحش ».

Leila insiste et rajoute : « Il faut un budget minimum dédié de 400 dinars par enfant pour le faire vivre convenablement ».

Un mariage mixte: une Algérienne mariée à un Tunisien

Le couple nous confie que leurs salaires sont les seules sources de soutien financier.  Le couple n’a jamais compté sur l’aide de la famille.

Kacem lance un regard tendre à Leila et nous dit: « On ne compte que sur nous. Leila est de nationalité algérienne. Mon beau père est un haut dignitaire algérien mais nous faisons notre chemin main dans la main pour un avenir meilleur Inchallah ».

Leila intervient à ce sujet : « Je veux finir ma vie, après la retraite, en Algérie. Je veux y vivre même maintenant mais la situation professionnelle de mon mari ne le permet pas. Vous savez l’Algérie offre beaucoup plus de soutien à ses concitoyens que la Tunisie. La vie en Algérie est plus facile comparativement à ici ».

Leila tient à préciser un point : « La Tunisie se distingue par sa protection des droits de la femme et son code du statut personnel. C’est un argument de poids. Je ne veux pas d’une deuxième femme avec moi. Je suis la seule et l’unique ! ». 

« Je suis la reine –  أنا الملكة» lance Leila en ricanant.

Elle rajoute :  « J’aime la Tunisie. Mon intégration a été très facile. J’ai été immédiatement acceptée tant socialement que professionnellement. Les peuples Tunisiens et Algériens sont pareils ».

Le couple s’accorde à dire : « Parmi les avantages du mariage mixte, avec un étranger ou une étrangère,  la découverte de traditions et coutumes nouvelles. C’est également une occasion de visiter d’autres pays de temps en temps ».

Kacem dit à ce sujet : « Je profite de mon voyage en Algérie pour faire des emplettes et acheter quelques équipements. Les prix sont nettement plus abordables qu’en Tunisie. Je fais ainsi d’une pierre deux coups – ما فيها باس نضربو عصفورين بحجرة».

Les dépenses de la famille :

  • Frais d’électricité, d’eau et d’Internet : 110 dinars par mois.
  • Argent de poche pour chacun des parents : 200 dinars par mois.
  • Alimentation et produits de nettoyage : 500 dinars par mois.
  • Frais d’essence pour la voiture familiale : 120 dinars par mois.
  • Mensualités du crédit auto : 480 dinars.

La famille consacre une cagnotte de 700 dinars pour les vacances d’été.

Le budget de ramadhan est de 500 dinars. Pour l’Aid Kebir, la famille achète un mouton pour un prix moyen de 450 dinars.

La famille profite des soldes pour s’acheter les vêtements en rabais.

Un financement alternatif : la cagnotte de groupe-  جمعية

Kacem nous confie : « Pour éviter les dépenses imprévues, nous avons une cagnotte de groupe- جمعية. Nous sommes 10 collègues à y mettre 150 dinars par mois. On fait un tirage au sort et l’heureux gagnant peut profiter des 1 500 dinars. C’est efficace et c’est surtout une excellente alternative au crédit bancaire devenu trop cher. Les taux d’intérêts bancaires sont des taux usuriers. C’est immoral. Notre cagnotte de groupe est à 0 % d’intérêt. Nous pouvons augmenter le montant de la cagnotte comme en veut. Notre solidarité c’est notre banque! ».

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